Le Cinquième Pouvoir : un cyber biopic sans code d’accès
Réalisé par Bill Condon au commande des deux épisodes de la franchise « Twilight », le cinquième pouvoir a été le film le moins rentable de l’année 2013, un gros échec commercial fustigé par le fondateur de Wikileaks, Julian Assange, ce qui peut s’expliquer car le film est directement adapté des mémoires de Daniel Domscheit-Berg, l’associé avec lequel il s’est gravement querellé au point de lui avoir intenté un procès lors de la publication de son autobiographie. Ce dernier, joué par l’acteur Daniel Brühl, a été le co-fondateur et le bras droit d’Assange avant la rupture.
Ce thriller politico-informatique commence par un générique rappelant l’évolution de l’information de Gutenberg à la presse actuelle en manque d’inspiration. Une presse qui a d’ailleurs mal reçu le film. Pourtant même si la mise en scène n’équivaut pas celle du film « The Social Network » de David Fincher dans la maîtrise du récit, le thème abordé ici est bien plus intéressant que celui du film de Fincher. Il s’interroge sur le rôle des médias, qu’est-ce que l’information à l’ère de la communication en temps réel ?
« Le Quatrième pouvoir » (2013) de Dennis Gansel, thriller allemand sur le pouvoir des médias s’interrogeait sur la puissance d’un pouvoir en perte de vitesse à l’heure d’un autre contre pouvoir, l’Internet que représente Wikileaks et son apôtre Julian Assange qui d’un seul clique peut tout faire basculer.
Evidemment le scénario, un peu trop brouillon ne répond pas aux questions, le film expose les principaux faits d’armes, les comptes offshores de la banque Julius Bär en 2008 à l’affaire Manning plus récemment, en passant par les documents de guerre concernant la présence américaine en Afghanistan et en Irak. Le Cinquième Pouvoir donne une vision romancé de l’histoire de wikileaks, maintenant quant à savoir si c’est un film de propagande cherchant à diaboliser Julian Assange, c’est aux spectateurs de se faire une idée…
En conclusion, ce film vient trop tôt et ne permet pas de comprendre l’importance qu’a cette histoire sur le futur de ce contre pouvoir qu’est Internet. Le gros point fort du film est le casting avec Daniel Brühl et Benedict Cumberbatch qui campe avec beaucoup de talent le fondateur de Wikileaks, un personnage fascinant qui lors de la scène finale, commandé par le vrai Assange face à la caméra nous confie : « Salut toi, ce film c’était de la merde. Au revoir. »).
En attendant peut être l’émergence d’un 6ème pouvoir pour avoir les codes d’accès permettant de comprendre la notion d’information et désinformation de masse.
Synopsis : en décembre 2006, Julian Assange (Benedict Cumberbatch) lance WikiLeaks, avec pour but de dévoiler des informations que les différents gouvernements dans le monde souhaitent garder secrètes. Il est aidé pour cela de son ami Daniel Berg (Daniel Brühl), avec qui il va parvenir à publier de plus en plus d’informations avec un principe simple : préserver l’anonymat des sources. Mais avec le temps et la montée en popularité du site, les deux amis vont laisser leurs divergences d’opinions éclater, alors qu’Assange devient activement recherché par le gouvernement américain.
Le Cinquième Pouvoir : Fiche technique
Titre original : The Fifth Estate
Réalisation : Bill Condon
Montage : Virginia Katz
Scénario : Josh Singer
Photographie : Tobias A. Schliessler
Musique : Carter Burwell
D’après le livre de : Daniel Domscheit-Berg,David Leigh,Luke Harding
ACTEURS : Benedict Cumberbatch, Carice van Houten, Laura Linney, David Thewlis, Moritz Bleibtreu, Anthony Mackie, Daniel Brühl
Date de sortie : 4 Décembre 2013
Pays : États-Unis
Distributeur : Buena Vista
Genre : Thriller, Biopic
Durée : 128 min.