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La promesse de l’aube, aussi doux que la neige

Gwennaëlle Masle Responsable Cinéma LeMagduCiné

Divine pépite de cette fin d’année, La promesse de l’aube est d’une douceur et d’une poésie merveilleuse. Eric Barbier sublime les liens entre une mère et un fils à travers un hommage à un homme hors du commun que sa mère a construit par ses rêves.

Synopsis : De son enfance difficile en Pologne en passant par son adolescence sous le soleil de Nice, jusqu’à ses exploits d’aviateur en Afrique pendant la Seconde Guerre mondiale… Romain Gary a vécu une vie extraordinaire. Mais cet acharnement à vivre mille vies, à devenir un grand homme et un écrivain célèbre, c’est à Nina, sa mère, qu’il le doit. C’est l’amour fou de cette mère attachante et excentrique qui fera de lui un des romanciers majeurs du XXème siècle, à la vie pleine de rebondissements, de passions et de mystères. Mais cet amour maternel sans bornes sera aussi son fardeau pour la vie…

La promesse de l’aube, adaptée du célèbre roman de Romain Gary, reste fidèle aux sentiments de l’artiste qui rend hommage à sa mère dans son livre. Eric Barbier filme une relation mère/fils peu commune et pourtant très inspirante. D’une éducation très riche à travers l’art à des rapports presque castrateurs, le duo porté par Charlotte Gainsbourg et Pierre Niney est saisissant. Nina est une actrice ratée, elle projette alors tout son échec sur son fils qu’elle pousse à réussir et l’amène au plus haut pour sortir de cette vie trop modeste en Pologne. C’est avec un amour sans limite qu’elle l’élève, elle prend toutes les décisions à sa place et tient absolument à ce qu’il devienne célèbre et riche. Que ce soit par des propositions absurdes telles que tuer Hitler ou des ambitions très sérieuses (devenir président, écrivain, peintre, musicien), elle aspire au meilleur pour lui et se révèle presque tyrannique parfois pour lui faire atteindre ces grandeurs. Il est beau de voir tout cet art dans les mains d’un si jeune garçon qui s’essaie au violon ou encore à la peinture avant de trouver l’écriture. Cette éducation stricte a des côtés poétiques qui amènent beaucoup de douceur au film. Derrière un artiste, il y a souvent une femme. Ici, c’est sa mère, extravagante mais étouffante qui lui a permis d’atteindre les sommets auxquels il n’avait même pas pensé. Ajoutez à ce  point de vue artistique, la beauté de la neige et d’une culture différente, tout est fait pour faire de ce film une poésie contemporaine sur un écrivain hors du commun. La caméra d’Eric Barbier sublime la puissance de l’amour maternel et propose un doux mélange entre affection et création. 

« Il y a trois raisons pour lesquelles tu as le droit de te battre : les femmes, l’honneur, la France »

Le film est un bel hommage tout en sobriété à l’écrivain, mais aussi à la France à laquelle la mère de Gary voue tout un culte. Le pays des Lumières, le pays de l’art et des possibles, il est d’autant plus beau que deux acteurs français font briller l’œuvre. Pierre Niney à qui définitivement tout va bien, a su saisir toute la complexité de l’homme qu’il incarne et Charlotte Gainsbourg parle le polonais comme si c’était sa deuxième langue. L’actrice est bien plus convaincante dans ces rôles extravertis et peu fins que dans des jeux plus subtiles. La personnalité décalée et excessive de la mère amène son charme au film, et l’absurdité comique dont Romain Gary fait aussi part entraîne parfois un mélange de sentiments plaisant.

La promesse de l’aube capture aussi bien la blancheur de la neige, que l’intimité d’une relation mère/fils, que la chaleur du sud et de l’Afrique ou bien encore les scènes de guerre. Le travail sur les lumières est fascinant : d’une Pologne assez sombre et peu nuancée, on passe à des images au filtre jaune sans transition et pourtant avec toujours une force et une cohérence scénaristique qui l’emporte. Face aux plans simples mais beaux, de véritables séquences spectaculaires sont livrées dans le ciel grâce à des effets spéciaux plus que réussis. Les images d’Eric Barbier pour ce film sont au cinéma ce que les mots de Romain Gay sont à la littérature.

La promesse de l’aube est alors un savant et agréable mélange de belles images, de poésie scénaristique, de musiques berçantes pour porter au plus haut un écrivain majeur du XXème siècle. Un hommage à un homme d’abord puis à une femme, sa mère, pour aussi saluer la beauté des mots et de l’art.

La promesse de l’aube : Bande Annonce

La promesse de l’aube : Fiche Technique

Réalisation : Eric Barbier
Scénario : Eric Barbier, Marie Eynard, d’après l’oeuvre de Romain Gary
Interprétation : Pierre Niney, Charlotte Gainsbourg, Didier Bourdon, Finnegan Oldfield
Image: Glynn Speeckaert
Décors : Pierre Renson
Montage: Jennifer Augé
Producteurs : Eric Jehelman, Philippe Rousselet
Société de production: Jérico, Pathé, TF1 Films Production, Nexus Factory, UMedia, Lorette Cinéma
Distributeur: Pathé Distribution
Durée : 130 minutes
Genre : drame
Date de sortie : 20 décembre 2017

France – 2017

Responsable Cinéma LeMagduCiné