Amis Publics, un film d’Edouard Pluvieux : Critique

Avec Amis Publics, Edouard Pluvieux signe son premier long métrage, un film moderne et philanthrope sur fond de solidarité. Avec humour et tendresse, il aborde un sujet difficile, un sujet d’actualité : le Cancer. Mais ici, point (trop) de larmes, rien à voir avec Nos Etoiles Contraires car il s’agit moins d’émouvoir que de faire sourire et de rassembler les foules autour de ce sujet pour en faire une noble cause, une de celles qui méritent qu’on se bouge.

Synopsis : Lorsque son frère atteint d’un Cancer lui apprend qu’il va interrompre son traitement, Léo décide de réaliser son rêve d’enfance et avec l’aide de ses amis, il organise un faux braquage. Mais le jour du hold-up, la bande se trompe de banque et les jeunes gens deviennent alors des criminels au regard de la loi…

Un film fédérateur 

Dès le début, le ton est donné au travers des images du générique où s’entrecroisent reportages sur des catastrophes industrielles, messageries instantanées, journal télé, réseaux sociaux, pages des magasines et photos de la vie courante. Dès lors, on va s’intéresser aux relations humaines, aux interactions sociales. Sans chercher à faire pleurer dans les chaumières, le film va se centrer sur ce qui unit. C’est un aspect très visible au sein de l’hôpital où se crée un réseau solidaire entre les patients, les soignants et les familles des malades. Ainsi, quand le policier (très bien joué par Vincent Elbaz) vient enquêter dans l’enceinte de l’hôpital, il est immédiatement confronté à la méfiance et à l’instinct protecteur d’une infirmière. De même, les jeux de regards et les mimiques à la manière du Chat Potté sont un pôle attractif et ont un rôle de connecteur entre les personnages et avec le spectateur. Les visages sont filmés de près, suggérant une complicité avec le public absorbé par les regards tour à tour songeurs ou larmoyants de Kev Adams et de Paul Bartel. Dans le film, l’aspect social est surtout représenté par les réseaux internet et téléphonique. Ici, ils ont un enjeu populaire, communautaire et bienveillant, loin des dangers qu’on leur attribue généralement. Amis Publics est un film social, un film qui rassemble, avec à sa tête le charismatique Kev Adams, idole de la jeune génération et qui incarne pour l’occasion Léo, un webmaster dégourdi, capable de pirater un système informatique pour la bonne cause. Et lorsque lui et sa bande deviennent les Robins des Banques, ils communiquent avec le peuple par le biais d’internet. Ce pouvoir social va les muer en justiciers des temps modernes, messagers d’espoir et héros d’un peuple qui ira jusqu’à se soulever face à l’autorité. Une jolie scène épique vite rattrapée par le côté réaliste du film.

Un film sérieux mais pas trop !

Kev Adams trouve ici un rôle plus mature, plus profond que ceux auxquels il nous avait habitué dernièrement dans Les Nouvelles Aventures d’Aladin ou encore Les Profs 2. Il l’interprète avec justesse, sincérité et une certaine intensité à l’instar de cette scène où il se tond la tête en direct sur le web. Le jeu du comédien est bien sûr nuancé par des réparties comiques et par l’énergie qui le caractérise mais sans tomber dans l’excès. Kev Adams est aussi admirablement secondé par Paul Bartel (jeune acteur remarqué dans Les Petits Princes et Les Géants) qui nous livre une performance touchante et transmet beaucoup d’émotions par le regard et la voix. On retiendra notamment sa scène d’adieux à la nature, quand il marche les pieds nus sur le terrain de foot où il a passé seul la nuit et qu’il en caresse l’herbe du bout des doigts. Si Amis Publics surprend par son ton plutôt sérieux et dramatique celui-ci est vite désamorcé par l’humour noir et les seconds rôles plus désinvoltes et superficiels. Producteur sur ce projet très personnel, l’acteur expliquera dans une interview que « ce qu’ils voulaient faire dans le film c’est justement rire de la maladie comme si c’était un détail ». Et on peut dire que John Eledjam et Majid Berhila y parviennent assez bien. Ils apportent de la légèreté au film par leurs répliques maladroites et leurs pitreries et, même si certaines sont un peu risquées et pas toujours à l’avantage de Eledjam, la plupart passe très bien et fait mouche. Les changements de rythme aussi peuvent surprendre. Le film aurait gagné sans doute à plus d’homogénéité, en particulier sur la fin trop rapide et abrupte comparée au reste. Après la scène du Casino, tout s’accélère et, malgré un choix légitime pour rendre compte de l’état d’esprit des personnages, le récit perd en intensité et en émotions. Pour autant, le film tient la route et nous offre un agréable moment avec des images propres et des plans travaillés. Quant à la musique de Cascadeur, elle est excellente et véritablement entraînante.

Avec ce premier film, Edouard Pluvieux nous livre une jolie découverte : Amis Publics est un récit entraînant qui aborde un sujet difficile avec tendresse et légèreté. Un parti-pris risqué mais qui fonctionne assez bien dans l’ensemble grâce à la performance de Paul Bartel et d’un Kev Adams touchant et vrai. 

Amis Publics : Bande-annonce

Amis Publics : Fiche technique

Réalisation : Édouard Pluvieux
Scénario : John Eledjam, Gregory Boutboul, Kev Adams, sur une idée originale de John Eledjam
Image : Guillaume Schiffman
Production : Kev Adams, Elisa Soussan
Distribution : La Belle Company
Date de sortie: 17 février 2016
Distribution : Kev Adams, Paul Bartel, John Eledjam, Vincent Elbaz, Chloé Coulloud, Majid Berhila, Guy Lecluyse, Frank Bellocq…
Compositeur : Cascadeur
Directeur de la photographie : Guillaume Schiffman
Monteur : Antoine Vareille
Chef décorateur : Maamar Ech-Cheikh
Directrice du casting : Valérie Xae
Directeur de production : Philippe Gautier
1er assistant réalisateur : Benjamin Blanc
Chef costumier : Mélanie Sednaoui
Scripte : Isabel Ribis
Images sous-marine : Emmanuel Augeard

Coproduction : M6 Films, NJJ Capital, Cinefrance, UMedia
Exportation/Distribution internationale : Other Angle Pictures
Distributeur France (Sortie en salle) : La Belle Company