Dark Ride paraît aux éditions Delcourt et nous plonge dans un parc d’attractions unique en son genre, où l’horreur et le frisson sont les maîtres-mots. Conçu par Joshua Williamson et illustré par Andrei Bressan, le récit se caractérise par une ambiance sombre et des personnages complexes, abîmés, naviguant entre rêve et cauchemar.
Owen Seasons, le personnage principal, commence un nouveau job dans un endroit plutôt atypique. Mais il découvre rapidement que le parc Devil Land, qu’il admire depuis son enfance, cache des secrets bien plus terrifiants qu’il n’aurait pu l’imaginer. Dark Ride explore la dualité entre l’horreur fictive des attractions et les véritables terreurs qui se cachent derrière les sourires démoniaques de ses mascottes. Avec ses expériences nappées d’épouvante et ses propriétaires dysfonctionnels, le parc devient un personnage à part entière, dont les mystères ne sont que partiellement révélés.
Dark Ride poursuit la collaboration entre Joshua Williamson et Andrei Bressan, dont les éditions Delcourt avaient déjà rendu compte avec Birthright. Cette nouvelle série s’inscrit dans la tradition des séries B horrifiques ; les deux auteurs capitalisent sur leur expérience dans le genre (Ghosted, Nailbiter) et parviennent à charpenter une atmosphère angoissante, pleine de faux-semblants et de disparitions inquiétantes. Tantôt c’est à travers un vidéaste un peu trop curieux, tantôt c’est avec le concours d’une sœur cherchant des réponses sur l’absence de son frère : le parc semble répondre à une logique qui lui est propre et qui nous apparaît via les mésaventures vécues pour les personnages.
Au centre de l’intrigue se trouve la famille Dante, propriétaire de Devil Land. Samhain et Halloween, frère et sœur, sont au cœur d’une rivalité exacerbée par les attentes d’un père visionnaire mais vieillissant. Samhain marche clairement dans son ombre, alors qu’il aimerait se faire un prénom dans le monde des affaires. Halloween ressemble plus à une influence sans borne ni rivage, capable de tous les excès pour attirer les projecteurs sur elle. Leurs interactions dépeignent une famille en état de rupture inachevée, dont les membres sont tourmentés par des secrets et des ambitions personnelles. Cet argument doit être creusé plus avant, mais donne toutefois son sel au scénario.
Dark Ride réussit dans sa capacité à mêler l’horreur à des thèmes profondément humains. Les personnages sont confrontés à leurs envies et leurs peurs les plus intimes – dont l’échec pour Samhain. Organisant une porosité entre le fantastique et la réalité, se lestant de personnages tout en fêlures, Dark Ride est convaincant dans son entrée en matière, même s’il peut apparaître un peu dispersé. Reste à voir comment Joshua Williamson et Andrei Bressan développeront leur univers dans les prochains tomes…
Dark Ride, Joshua Williamson et Andrei Bressan
Delcourt, mars 2024, 128 pages