John Flynn, qui avait déjà réalisé Echec à l’organisation et Légitime Violence (deux films qui, comme celui-ci, sont disponibles en DVD aux éditions Wild Side), signe ici un polar tendu, remarquablement interprété, et plus profond qu’il n’y paraît.
James Woods et Brian Dennehy
D’abord, c’est un véritable plaisir de voir réunis ici deux acteurs habitués aux seconds rôles et qui débordent de talent et de charisme. D’un côté James Woods, acteur découvert par Elia Kazan dans Les Visiteurs, et qui a joué chez Sergio Leone (Il était une fois en Amérique), David Cronenberg (Videodrome) ou Oliver Stone (Salvador) (et qui jouera plus tard dans Casino, de Scorsese).
Son personnage est vraiment entouré de mystères. Mystères d’abord autour de son nom, qui ne sera dévoilé que tard. Mystère autour de son apparition aussi : il arrive en plein milieu d’une course-poursuite, d’abord à peine une image aperçue à travers le passage d’un train, puis un personnage plus consistant mais énigmatique.
Quelles sont vraiment les intentions de Cleeve ? Pourquoi fait-il tout cela ? Est-ce un jeu pervers ? Est-ce une vengeance personnelle ? Est-ce simplement le goût de tuer ? Le personnage garde jusqu’au bout sa part de mystère.
Et il reste aussi totalement imprévisible. Tour à tour drôle, agréable, menaçant ou sadique, il est impossible de savoir ce qu’il va faire dans la minute qui suit. Du coup, cela permet au cinéaste d’instaurer un véritable suspense, grâce à un personnage que l’on sent capable de tout. Cette ambiguïté est résumée en une scène : il abat froidement un homme puis fait gentiment signe à des enfants en train de s’amuser.
À ses côtés (ou face à lui, comme on veut), il y a donc Meechum, interprété par Brian Dennehy, acteur impressionnant dont le rôle le plus célèbre reste celui du shérif dans Rambo. Exemple du flic à l’ancienne, n’hésitant pas à secouer ses témoins ou suspects s’il le faut, il garde, lui aussi, une part d’ambiguïté. Cleeve affirme qu’entre flic et tueur, la frontière est extrêmement mince, et ce sera un des thèmes principaux du film.
Un film de l’ambiguïté
« Ambiguïté » est un des maître-mots du film. Ambiguïté des personnages, donc, mais, encore plus, ambiguïté de leur relation. Une relation en dents de scie, comme une montagne russe. De temps en temps, le film semble pencher du côté d’un « buddy movie », un « film de copains », cette catégorie où deux personnages apparemment opposés s’associent dans une enquête (l’exemple le plus fameux reste L’Arme Fatale). Dans certaines scènes, Pacte avec un tueur prend ces aspects. Les deux personnages, le flic et le tueur, s’allient dans un élan presque symbiotique. Pour s’en assurer, il suffit de voir la fusillade dans la blanchisserie, où les deux hommes se complètent. Cette alliance offre même certains moments plus légers, comme la scène du bar où Cleeve présente Meechum comme son frère.
Mais Flynn est trop singulier pour s’enfermer dans un genre. Son film dépasse largement le cadre du « buddy movie ». L’ambiguïté des deux personnages principaux et la violence inhérente à l’histoire entraînent des moments plus tendus entre Meechum et Cleeve. La méfiance règne de chaque côté, méfiance entretenue par l’aspect énigmatique du tueur.
Un film policier ?
Pacte avec un tueur est donc un film policier. Sa réalisation évite les pièges tendus en se libérant des poncifs du genre. Ici, pas de bons et de méchants, chaque personnage ayant sa part sombre et brutale. À l’inverse, même Madlock, présenté comme le grand méchant du film, n’arrête pas de faire des œuvres de bienfaisance.
La réalisation maintient un rythme rapide en éliminant tout ce qui est strictement inutile à l’histoire. La tension va croissant. La mise en scène évite les boursoufflures inutiles : pas de musique grandiloquente, une maîtrise technique discrète visant avant tout l’efficacité.
Mais Flynn ne se contente pas de faire un simple polar. Il y a un aspect politique dans son film, qui se veut une vision très sombre du rêve américain. Flynn décrit une société où on honore ceux qui réussissent, quels que soient les moyens employés pour cela. Le meurtre est facilement pardonné s’il permet d’atteindre le sommet.
L’ensemble constitue un film très plaisant, remarquablement interprété, sombre, tendu, rapide, parfois brutal, et réussi.
Synopsis : en 1972, trois voleurs portant un masque de Richard Nixon cambriolent le dépôt de la police de Los Angeles. Ils tuent deux policiers et en blessent grièvement un troisième, Dennis Meechum (Brian Dennehy). 15 ans plus tard, Meechum, policier modèle et auteur d’un livre à succès, est contacté par un tueur professionnel.
Pacte avec un tueur >> Bande-annonce
Pacte avec un tueur : Date de sortie du DVD/Blu-Ray : 8 juillet 2015
Pacte avec un tueur : Fiche Technique
Titre original : Best-seller
Date de sortie originale : 13 janvier 1988
Nationalité : USA
Réalisation : John Flynn
Scénario : Larry Cohen
Interprétation : Brian Dennehy (Dennis Meechum), James Woods (Cleeve), Paul Shenar (David Madlock), Allison Balson (Holly Meechum),
Musique : Jay Ferguson
Photographie : Fred Murphy
Décors : Chris Butler
Montage : David Rosenbloom
Production : Carter DeHaven
Société de production : Hemdale Film
Société de distribution : Orion Pictures
Editeur du DVD/Blu-Ray : Wild Side Video
Budget : NR
Genre : Policier
Durée : 95’