Retour sur Bastard Swordsman et Return of the Bastard Swordsman, deux films tardifs de la Shaw Brothers menés tambour battant par Tony Liu et disponibles en Blu-ray chez Spectrum Films.
Synopsis – BASTARD SWORDSMAN : Le chef de l’Invincible Clan se plaît, décennie après décennie, à humilier le groupe rival, le Wu-Tang Clan. La prochaine fois, le clan perdant sera obligé de plier l’échine pour de bon et de se dissoudre. Les membres du Wu-Tang sont désespérés, leur dernier espoir reste la légendaire technique du ver à soie que seuls les héritiers des maîtres fondateurs peuvent maîtriser. En secret, leur serviteur bâtard, dont ils se moquent allègrement, suit un entraînement secret depuis des années avec un guide mystérieux.
Synopsis – RETURN OF THE BASTARD SWORDSMAN : Un mystérieux groupe venu du Japon tente de s’en prendre au Wu-Tang. Ils trouveront sur leur route le maître de la technique du ver à soie.
Kung-fu for Kung-fu
Bastard Swordsman tend à réveiller le Wu xia pian avec des combats dynamiques tant au niveau des chorégraphies que du découpage. Même si le long métrage est narrativement et formellement loin d’atteindre l’audace de la formidable épopée fantastique signée Tsui Hark, Zu Warriors from the Magic Mountain, sortie la même année 1983, Bastard Swordsman profite de son très fin mais incarné fil narratif pour coudre des scènes d’actions dantesques dans des décors minimalistes.
Le récit semble peu importer au cinéaste qui se contente de contextualiser à minima afin de nous guider de combat en combat. Le film donne ainsi l’impression de figurer par anticipation la meilleure adaptation d’un Mortal Kombat. Un contexte historico-légendaire, des pouvoirs magiques et un récit avec quelques révélations et surprises pour grossir légèrement l’enjeu des combats soutiennent le cœur de l’œuvre, des fights violents et inventifs comme seule Hong Kong pouvait imaginer.
Une chorégraphie soignée, câblée et emplie de trucs et astuces sont complétés par un cadre et un montage prêt à capter le moindre mouvement, la moindre réponse physique et émotionnelle pour porter au firmament chaque coût. En effet, Tony Liu expérimente avec un découpage mobilographique à la manière d’un Tsui Hark, produisant ainsi une scénographie vivement organique, jamais figée dans une verticalité écrasée ou dans une horizontalité de silhouettes. Toutefois, ce dernier n’a jamais oublié le récit dans chacun de ses combats qui sont autant de coups de poings que d’enjeux cinématographiquement incarnés. Il faut effectivement reconnaître que Tony Liu s’intéresse à peine au fil narratif – encore plus mince – du deuxième film, provoquant un récit peu agréable à suivre, composé d’un enchaînement abrupt de combats. Malgré tout, la suite comme le premier volet exposent sans peine l’inventivité formelle d’un jeune cinéaste – âgé d’une trentaine d’année – se sentant plus investi, comme d’autres de ses congénères, à donner un second souffle au Kung-fu pian et au Wu xia pian, qu’à installer à l’écran son univers ancré dans le Jiang hu – un monde alternatif dominé par le arts martiaux et leurs maîtres – dans son cas.
Ci-dessous, découvrez le grandiose combat final du film.
Bastard Blu-ray
Spectrum Films vous propose de (re)découvrir Bastard Swordsman et sa suite, Return of the Bastard Swordsman, dans une édition soignée qui portera toutefois à discussion.
Les deux films sont présentés avec des rendus vidéo hétérogènes. Les deux longs métrages nous sont proposés avec des masters certainement âgés mais marqués par des traitements différents. Le premier possède certainement un meilleur rendu avec une colorimétrie équilibrée, un rendu organique avec un grain visible – plus ou moins bien géré -, et une précision correcte malgré quelques plans nocturnes manquant de définition. Aucun artefact à noter hormis quelques légers tremblements. On remarque toutefois sur le deuxième volet l’utilisation d’outils numériques pour dégrainer l’image. Les visages en ressortent cireux (coucou les fans de Predator), et si la précision reste somme toute correcte, elle nous semble moins importante que sur le premier film, adoucie par l’usage de ces filtres DNR. Quant à la gestion des couleurs, Return of the Bastard Swordsman nous semble plus contrasté et saturé sur le premier, proposant un rendu bien moins équilibré que son ainé.
Notons aussi que les films sont encodés en 1080i (donc en entrelacé), à la mauvaise cadence de 25 images/s, ce qui constitue une habitude de l’éditeur.
Du côté du son, il y a peu à redire. Le mix stéréo ne semble pas saturé, notamment au niveau de la bande-son originale, avec des dialogues loin d’être criards. Le rendu global est efficace et sert particulièrement bien l’action.
L’expérience est complétée par d’intéressants bonus, dont certains qu’on peut aussi retrouver sur une autre double édition Spectrum Films avec le coffret consacré à Holy Flame of the Martial World & Demon of the Lute (voir la liste des compléments plus bas). On félicitera notamment l’éditeur d’être toujours accompagné par le formidable Arnaud Lanuque, spécialiste du cinéma hong kongais dont la soif de transmission participe au plaisir de l’entendre. On appréciera enfin le portrait radiophonique de la productrice Mona Fong richement mené par Zoe Baxter, avec extraits filmiques et musicaux à l’appui.
Bastard Swordsman – Bande-annonce
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
2 BD-50 – 1080i HD – encodage MPEG-4 AVC – 16/9 format 2.35 – Cantonais DTS HD MA 2.0 – Sous-titres français – Genre : Wu xia pian – 1983 & 1984 – 89 mn & 90 mn
COMPLÉMENTS – dispatchés sur les deux disques
Présentation du film Bastard Swordsman par Arnaud Lanuque (12 mn – 1080p)
Le déclin de la Shaw Brothers par Arnaud Lanuque (partie 1 & 2 – 25 mn – 1080p) *
Portrait de Mona Fong par Zoe Baxter (28 mn – 1080p) *
Bande annonce inédite – d’époque – des films (1080p)
Bande annonce 2021 des films (1080i)
*Déjà disponible sur l’édition Holy Flame of the Martial World & Demon of the Lute
Sortie le 04 octobre 2021 – Prix public indicatif : 30,00€