Pour la vingtième édition consécutive, le BAFICI – le festival international de cinéma indépendant de Buenos Aires – investit la capitale argentine pour dix jours d’effervescence cinéphile. Du 11 au 22 avril, Buenos Aires se transforme pour accueillir les multiples facettes du cinéma indépendant.
Sur la Plaza Francia, l’un des trente-six lieux du festival, le public s’installe dans l’herbe malgré les prévisions d’orage : c’est ici que s’inaugure le BAFICI, avec la projection – en première – de Las Vegas, le dernier film de Juan Villegas. Un peu plus tôt dans la journée, dans l’historique cinéma Gaumont de Buenos Aires, le réalisateur confiait : « Je suis heureux d’ouvrir le festival avec mon film mais c’est aussi une grande responsabilité. Pour moi, c’est une reconnaissance du lien que j’entretiens depuis le début avec le festival, comme spectateur et comme réalisateur. »
Car le BAFICI, c’est d’abord un rendez-vous des habitués du cinéma indépendant comme Juan Villegas, mais aussi Raúl Perrone, très attendu dans la compétition argentine avec Expiación, ou encore Mariano Llinás, qui présente son troisième film La Flor en compétition internationale, une œuvre fleuve de douze heures où quatre actrices jouent cinq histoires décousues.
Mais le festival a aussi su se distinguer en proposant chaque année des surprises et des invités réputés: l’une des catégories hors-compétition est consacrée à la filmographie de John Waters, de ses premiers films les plus trash comme Pink Flamingos (1972) aux plus populaires comme Hairspray (1988). Le maître de la provocation est présent à Buenos Aires où il rencontre le public lors des projections et d’une conférence.
Les Français ne sont pas en reste avec une rétrospective en onze films de Philippe Garrel, des Enfants désaccordés aux Amants Réguliers, qui a fait lui aussi le déplacement à Buenos Aires, et ceux d’Axelle Ropert, dont son dernier en date La Prunelle de mes yeux. La présence de nombreuses co-productions françaises font également preuve du dynamisme du cinéma français indépendant.
Pour Javier Porta Fouz, directeur du festival pour la troisième année consécutive, « Waters, Garrel, Bremmer [Ewen Bremmer, acteur écossais connu pour son rôle dans Trainspotting, ndlr] sont des invités rêvés. Chacun fait un cinéma différent, mais ensemble ils représentent bien l’esprit du festival ». Il ajoute : « ll y a une centaine d’invités qui viennent présenter leurs films, créer un lien avec le public, et je crois que c’est un des attraits majeurs du BAFICI. »
Plus grand festival de cinéma indépendant d’Amérique latine, le BAFICI s’est installé à Buenos Aires pour la première fois en 1999 et s’y déroule chaque année depuis lors. « Ce n’est pas pour rien, explique Javier Porta Fouz. Depuis la première édition, il s’est marié avec la ville, les habitants de Buenos Aires ont vraiment accroché avec le festival. Je crois que cette ville est une des plus cinéphiles du continent, avec Montevideo et Lima. »
A côté des productions les plus under et expérimentales, de grands classiques sont diffusés, comme E.T. l’extraterrestre ou Le Bon, la Brute et le Truand, ce qui fait du BAFICI un évènement accessible aux cinéphiles comme aux non-initiés. Plus de 400 films sont projetés pendant les dix jours de festival, avec une vingtaine de salles fonctionnant en même temps dans toute la capitale argentine, auxquelles s’ajoutent des projections gratuites en plein air. Pendant ce mois d’avril, Buenos Aires fait sans aucun doute son cinéma.
Auteur Léa Robbe-Dénoyés