Pee-Wee Big Adventure, un film de Tim Burton: Critique

Pee-wee-Big-Adventure-critique-film-burton

Pee-Wee Big Adventure : Le voyage initiatique d’un jeune homme rêveur au travers d’une Amérique pleine de clichés

Synopsis: Pee Wee, un adulte qui ressemble à un enfant, s’apprête à passer une belle journée avec l’amour de sa vie : sa bicyclette. Mais cet objet vient d’être volé par le méchant Francis. Pee Wee part à la recherche de son amour perdu et nous entraîne dans des aventures de plus en plus burlesques.

Pee-Wee Big Adventure, c’est le premier long-métrage de Tim Burton, sorti en 1985 : alors qu’il a déjà réalisé ses courts films d’animation Vincent et Frenkenweenie, le jeune réalisateur – il n’a alors que 27 ans – est repéré par les studios Warner Bros pour mettre à l’écran les aventures de Pee Wee Herman, homme-enfant excentrique qui parcourt l’Amérique à la recherche de sa bicyclette volée.

Pee Wee Herman, c’est avant tout une institution de la comédie outre-atlantique, l’alter-ego créé de toute pièce par l’acteur et humoriste Paul Reubens à l’occasion d’un one-man-show, Le Pee-Wee Herman Show, diffusé en 1981 sur HBO. De la scène à l’écran, Pee Wee Herman ne change pas : même costume gris étroit et derbys blanches, même coiffure gominée surplombée d’une houppette caractéristique, qui rappelle d’ailleurs furieusement celle d’un célèbre héros de bande-dessinée. Pour son premier long métrage, Burton faisait donc face à une contrainte de taille, celle de respecter l’identité d’un personnage déjà entièrement façonné par un autre esprit que le sien, aussi inventif et délirant. Heureusement pour nous, l’univers créé par Paul Reubens a rencontré l’imagination du génie Burton : de cette rencontre est né un film culte, marquant le début d’une carrière prolifique pour le jeune réalisateur.

L’imaginaire enfantin, thème de prédilection chez Burton

Le scénario de Pee-Wee Big Adventure est à l’image de son personnage principal : complètement décalé. En effet, toute la dynamique du film se fonde sur le vol de la bicyclette favorite de Pee Wee, qui parade fièrement dans les rues de sa petite ville au volant de son bolide à deux roues. Élément déclencheur de l’intrigue, notre héros s’en va du coup parcourir le Texas, puis la Californie, afin de retrouver son cher vélo. Pee-Wee Big Adventure raconte ainsi le voyage initiatique d’un jeune homme rêveur et loufoque, au travers d’une Amérique pleine de clichés sur les Texans (l’accent, le look, la culture du rodéo), voyage qui prend fin dans la cité des Anges, terre des studios hollywoodiens. Rien ne semble réaliste dans ce film où aucun des personnages n’a un comportement véritablement normal : les rires sont trop accentués, les émotions hypertrophiées, à tout cela s’ajoute un décor carton-pâte qui semble tout droit sorti de l’imagination d’un enfant très créatif.

La virtuosité de Burton à mettre en scène des personnages à l’esprit enfantin est véritablement née avec Pee-Wee. Par la suite, le réalisateur reprendra des figures similaires : comment ne pas voir en Willy Wonka un nouveau Pee Wee, plus sombre et plus complexe, à l’image de l’évolution cinématographique de Burton ? Les points de comparaison entre ces deux œuvres sont d’ailleurs nombreux : Francis, ennemi juré du héros à bicyclette, rappelle à la fois l’énorme Augustus Gloop et l’insupportable Veruca Salt. Pee-Wee Big Adventure marque également le début d’une collaboration prolifique avec le compositeur Danny Elfman, élément central de cette ambiance typiquement « burtoniesque », entre rêve et cauchemar.

Un pied de nez aux studios hollywoodiens

La dernière partie du film conduit Pee Wee au cœur des studios Warner Bros à Hollywood où il retrouve son vélo bien-aimé. Lors d’une course-poursuite délirante, notre héros traverse différents studios de tournage. Les références cinématographiques pleuvent : de Tarzan à Godzilla, Pee Wee s’échappe des studios sur sa bicyclette volante, hommage évident au film E.T. l’extra-terrestre, sorti trois ans auparavant.

Le film est à la fois un hommage et un pied de nez aux studios hollywoodiens qui sont –il faut le rappeler- initiateurs de Pee-Wee Big Adventure. Par une subtile mise en abyme finale, Pee Wee devient la star de son propre film, à l’exception près que les studios prennent soin d’enjoliver une histoire trop banale pour eux. Pee Wee se transforme en espion bad boy, sur fond de Guerre Froide. Son vélo se transforme en moto, son amie la timide et touchante Dottie (Elizabeth Daily) en bombe sexuelle. Burton se moque ainsi de l’omnipotence des studios et de leur fâcheuse tendance à transformer un scénario original en blockbuster niais et insipide.

Aujourd’hui culte, Pee-Wee Big Adventure est un chef-d’œuvre du genre du fait de ses multiples couches de lecture. Malgré la quasi-absence d’éléments fantastiques, qui seront la marque de Burton dans ses prochains films, Pee-Wee nous embarque dans une aventure au-delà du réel, où préjugés sociaux et comportementaux n’ont pas lieu d’être.

Bande-annonce – Pee-Wee Big Adventure:

Fiche technique – Pee-Wee Big Adventure

Titre original : Pee-wee’s Big Adventure
Titre français : Pee-wee Big Adventure
Pays d’origine : États-Unis
Année : 1985
Réalisation : Tim Burton
Scénario : Phil Hartman, Paul Reubens créateur du personnage et Michael Varhol
Producteurs : Richard Gilbert Abramson, Robert Shapiro
Producteur exécutif : William E. McEuen
Société de production : Warner Bros. Pictures et Aspen Film Society
Société de distribution : Warner Bros. Entertainment
Directeur de production : David Silver
Direction artistique :
Musique : Danny Elfman
Photographie : Victor J. Kemper
Montage : Billy Weber
Décors : David L. Snyder
Costumes : Aggie Guerard Rodgers
Maquillage : Frank Griffin (artiste maquillage), Linda Trainoff (styliste coiffure)
Genre : Comédie
Durée : 90 minutes
Dates de sortie France : 3 juin 1987