C’est l’amour, un Film de Paul Vecchiali : Critique

C’est en février dernier que nous avons eu des nouvelles de Paul Vecchiali, beaucoup l’ont même découvert, alors que depuis maintenant une dizaine d’années maintenant que le réalisateur continue de tourner des films dans la plus parfaite discrétion.

Synopsis : Odile soupçonne Jean, son mari, de la tromper. Elle décide de lui rendre la pareille et accomplit sa vengeance dans les bras de Daniel, qui, lui, partage la vie d’Albert. Un amour irrépressible naît entre Odile et Daniel : il aura des conséquences inattendues. Aux dépens de Jean comme d’Albert.

On ne badine pas avec l’amour

La grande rétrospective qui l’a mis à l’honneur l’année dernière a permis à ses dernières œuvres d’être distribuées en salle, des Nuits blanches sur la jetée au curieux C’est l’amour aujourd’hui. Ces deux films sonnent rien de moins que le retour au cinéma du franc-tireur du cinéma français, celui dont Truffaut disait à propos de feu son premier film Les Petites Drames, que Paul Vecchiali est « le seul héritier de Jean Renoir ».

La discrétion dont fait preuve Paul Vecchiali ces dernières années témoigne d’une sincère envie de tourner avec les siens, dans le Var de son enfance, parfois même chez lui. On retrouve les mêmes acteurs que Nuits blanches sur la jetée dans une étrange histoire de sentiments amoureux. C’est l’amour raconte les conséquences inattendues d’un adultère inattendu. Lorsque la fidèle Odile trompe son mari par vengeance avec l’acteur homosexuel Daniel, les relations respectives des deux complices en seront à jamais bouleversées. Le scénario peine à convaincre, trop farfelu pour éprouver la moindre émotion. Même s’il opère des changements de points de vue intéressants lors d’une même scène entre deux amants, n’est pas Hong Sang-soo qui veut. Vecchiali parle d’amour de manière brute, sans qu’on en sente une réelle réflexion poussée derrière. C’est davantage du côté de la forme que l’on peut s’évader.

Fort de sa petite équipe et libéré de toute contrainte de production, le réalisateur s’autorise ce qu’il veut. Il présente lui-même son film avant d’en conclure avec son titre,  »C’est l’amour », en lettres rouges coulant comme du sang. On est partagé entre le comble du mauvais goût indigne même d’un téléfilm et une jubilatoire et insolente liberté de ton. Ce lâché prise formel continue de plus belle dans les improvisations grandiloquentes de ses acteurs secondaires qui partent en chansons ou en tirades alcoolisées manquant parfois de grâce. Cette folie complètement assumée et cette direction d’acteur en roue libre fait penser au geste delirium d’Andrzej Zulawski dans son dernier film sorti en décembre, Cosmos, lui aussi revenu sur les écrans après une dizaine d’années de silence.

Malgré tout, davantage encore que Cosmos, le film de Vecchiali s’autorise des audaces de mise en scène qui rappellent à nos bons souvenirs les chefs-d’œuvre de sa filmographie. Certaines séquences sortent du lot et sauvent le film d’une tendance à la torpeur. Des plans colorés où fourmillent les fleurs (référence à l’impertinence de Jean Genet et son Notre-Dame-des-Fleurs ?) aux apparitions mystiques d’Odile dans sa magnifique robe rouge en passant par le costume marin de Daniel semblable à celui de Querelle de Fassbinder, C’est l’amour déploie une mise en scène faite de symboles et de références chères à son cinéaste.

Si le film ne se résolut pas à convaincre sur le fond, il a au moins le mérite, parfois, de nous replonger dans le cinéma injustement oublié d’un grand réalisateur français.

C’est l’amour de Paul Vecchiali : Bande-annonce

C’est l’amour : Fiche Technique

Réalisateur : Paul Vecchiali
Auteurs : Paul Vecchiali
Casting : Pascal Cervo, Astrid Adverbe, Julien Lucq, Frédéréic Karakozian
Chef opérateur : Philippe Bottiglione
Chef décorateur : Maurice Hug
Monteur : Vincent Commaret
Musique : Catherine Vincent
Producteurs : Thomas Ordonneau, Paul Vecchiali
Distributeur : Shellac
Durée : 97 min.
Genre : Drame, Romance
Date de sortie : 09 Mars 2016

France – 2016

Rédacteur LeMagduCiné