« La Quête d’Ewilan » (T.06) : filiations

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

Depuis 2013, Glénat adapte en bande dessinée La Quête d’Ewilan, la célèbre trilogie de feu Pierre Bottero. Le scénariste Lylian et la dessinatrice Laurence Baldetti nous plongent dans un univers fantasy traversé de monstres et de complots, le tout sur fond d’ode à l’amitié.

Ce sixième tome est à l’image de toute la saga : plaisant à lire, manichéen à souhait, amarré aux questions filiales et aux luttes de pouvoir, sensible aux liens indéfectibles qui unissent Camille/Ewilan et son meilleur ami Salim. D’un duel expédié en quelques cases à la double quête parents naturels/Merlin de la jeune héroïne, le lecteur passe d’un monde à l’autre, de l’univers médiéval fantastique de Gwendalavir à la vie terrestre, dont les usages vont notamment mener Bjorn en prison.

Crédits : Glénat.
Extrait de « La Quête d’Ewilan » (T06), visible sur le site de l’éditeur.

Reprenons dans l’ordre. La Quête d’Ewilan est un récit qui a très bien marché en littérature. La bande dessinée ne déroge pas à la règle et le lecteur suit avec un réel plaisir les aventures de Camille, une gamine de treize ans surdouée découvrant les arcanes d’un monde parallèle et secret. L’empire de Gwendalavir se trouve cependant à la dérive : il est menacé par les Ts’liches, les fourbes et une série de guerres sans fin.

C’est ici qu’intervient une forme de manichéisme regrettable. Alors que le lecteur est appelé à s’identifier à des héros diaphanes, les « méchants » sont englobés en une masse informe aux motivations peu explicitées. Tous les personnages s’avèrent relativement archétypaux, dont un Salim dont on évente les origines modestes. C’est l’une des faiblesses d’écriture à la fois des romans et de leur adaptation en bande dessinée. Les dialogues ne sont pas non plus toujours du meilleur effet, et il est parfois difficile de s’attacher à Camille – aussi surdouée qu’hautaine.

Cela relève cependant du détail au regard de la qualité du dessin, de l’ode à l’amitié, de la richesse de l’univers (bien que conventionnel), des séquences de passage dans le monde réel – une bagarre qui tourne mal, des parents adoptifs confrontés à leurs manquements, l’implication de Mathieu/Akiro, le frère d’Ewilan… Une fois encore, le plaisir et le tempo imprimé par le récit prennent le dessus. « La quête d’Ewilan » devient un peu la nôtre, malgré les fragilités observées çà et là.

La grande force de ce sixième tome réside peut-être dans l’esquisse et l’évolution des rapports entre les différents personnages. Ewilan retrouve son frère, va à la rencontre de Merlin, passe dans l’autre monde avec Bjorn, règle ses comptes avec ses parents adoptifs, tandis que Mathieu et Siam se rapprochent l’un de l’autre… En prime, Camille et son frère en apprennent un peu plus sur leurs origines.

La Quête d’Ewilan (T06), Lylian & Laurence Baldetti
Glénat, novembre 2018, 72 pages

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