Festival de Télévision de Monte-Carlo : Conférence PeaceJam

Cette deuxième journée, proposait également un moment unique avec la conférence « PeaceJam », très attendue pendant ce festival avec notamment la présence d’Adolfo Perez Esquivel, prix Nobel de la Paix en 1980.

Par ailleurs, PeaceJam est un programme international qui permet aux différents lauréats du prix Nobel de pouvoir enseigner l’art de la paix et promouvoir les droits de l’homme. On discerne notamment des personnalités mondialement connues qui sont des membres très actifs dans cette association, notamment le Dalai Lama ou encore Aung San Suu Kyi. Ainsi, cette conférence à portée universelle était indispensable pour le Festival de Monte-Carlo qui souhaite également véhiculer certaines valeurs à l’échelle internationale, comme par exemple la promotion de la démocratie et de la liberté d’expression.

Avant le lancement de ce documentaire, les journalistes ont découvert diverses organisations qui travaillent à restaurer une éthique internationale et tenter de résoudre des problèmes internationaux qui sont malheureusement récurrents. Le maître de conférence a ainsi présenté différentes associations, une première qui aide les animaux qui vivent en refuges et qui sont enfermés toutes leurs vies, une autre organisation qui pour aider les pays africains touchés par Ebola ou encore une structure mise en place en l’Amérique Latine qui s’occupe de l’insertion professionnelles des jeunes défavorisés. En outre, entre chaque présentation, la salle ovationnait les représentants de toutes ces organisations, dans une atmosphère très conviviale et pour laquelle plusieurs représentants de la fédération PeaceJam avaient fait le déplacement.
Par la suite, après ces présentations très appréciées par l’audience, le Festival a projeté en avant première mondiale, le documentaire retraçant l’histoire d’Adolfo Perez Esquivel, « Rivers of Hope ». La narration de cette histoire permet également aux spectateurs de découvrir les 80 dernières années de l’histoire de l’Amérique Latine, qui a été très mouvementée. Cette œuvre insiste notamment sur l’évolution du pays d’origine d’Adolfo Perez Esquivel, l’Argentine de la deuxième moitié du XX siècle jusqu’au XXI siècle.
Ce qui est très fascinant dans ce documentaire, c’est de constater l’évolution du réalisateur de simple activiste, protestant voire philosophe, à un véritable homme politique qui cherche à promouvoir des valeurs universelles. A l’image de son implication permanente, en tenant des conférences dans le monde entier pour raconter son combat pour la liberté d’expression qu’il a mené en Argentine.

Issu d’une famille aux origines diverses, indigènes et immigrants d’Amérique Latine, respectivement pour sa mère et son père, Adolfo explique qu’il a dû lutter pour parvenir à être et à se faire un nom dans la résistance argentine. Dans ce documentaire très émouvant il évoque notamment son passage dans les « camps des disparus », qui sont très connus à l’échelle internationale. Cette œuvre, permet d’avoir un témoignage véritablement poignant de la totale déshumanisation du gouvernement argentin durant cette période, où les orientations politiques pouvaient légitimer un meurtre.
Pour ceux qui recherchent plus d’explications sur l’inexplicable de la « sale guerre » en Argentine, ce documentaire est très enrichissant, et dresse un portrait très objectif de ce qu’était la réelle situation dans le pays. On prend notamment conscience de l’atrocité des systèmes de dictatures par l’intermédiaire des nombreux témoignages des « Mères de la place Mai ». Ces femmes étaient seulement autorisées à marcher dans la rue pour manifester leurs mécontentements, toujours dans l’espoir d’obtenir des informations sur la situation actuelle de leurs maris, ou fils, disparus subitement. Ces images sont impressionnantes du fait qu’elles soient plutôt récentes notamment lorsque l’on voit défiler des femmes dans les débuts des années 80 dans les rues de Buenos Aires. On s’aperçoit ainsi que la dictature n’est pas un phénomène si ancien qu’il n’y paraît dans notre société occidentalisée.

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Au cours de ce documentaire, on s’aperçoit que la force principale qui caractérise le personnage est sa ténacité à garder sa digne ligne de conduite, la promotion de la liberté d’expression. On peut également dire qu’il a usé d’une capacité de remise en question formidable et qu’il a été capable de tirer des enseignements de ses expériences précédentes. On le voit à sa sortie « du camps » plus déterminé que jamais pour aller voyager dans les quatre coins du globe pour expliquer la situation actuelle, réfléchir aux démarches à suivre pour instaurer la paix dans le monde.

A l’image, de son implication totale au sein de l’organisation « PeaceJam » pour trouver notamment des nouveaux ambassadeurs pour promouvoir l’art de la paix.

Rares sont les biopics, qui sont aussi bien réalisées spécialement pour un documentaire. L’impression de pouvoir facilement s’identifier à ce personnage réfléchi et très charismatique fait également penser à un reportage très apprécié par les cinéphiles, Crumb, en 1994, avec une biopic totalement envoutante. Encore une fois, le Septième Art prouve au travers de ce documentaire que le cinéma peut-être un outil de reconnaissance indispensable, ce qui implicitement créée une véritable intemporalité qui permettra à ce « sauveur de la nation » de rester à jamais graver dans les mémoires.
Ainsi, cette deuxième journée encore une fois parfaitement organisée par le Festival de Monaco, qui continue de tenir sa réputation de l’un des plus grands festivals de télévision au Monde. A l’image de cette fabuleuse projection de « Rivers of Hope » qui assurément a marqué les esprits.

Auteur : Adrien Lavrat