La Quatrième Dimension : Vers l’infini et au-delà
Une série mythologique
La Quatrième Dimension est un mythe d’aujourd’hui, une série fantastique de référence perchée tout en haut de l’Olympe télévisuel, une œuvre jamais égalée depuis, qui ne souffre pas de l’usure du temps. Encore maintenant, elle fascine par la qualité de ses scénarios à l’imagination infinie, par son culot politique, inscrit dans le contexte de la Guerre Froide qui se traduit à l’écran comme une évidence. Rod Serling apparaît comme le principal (voir le seul) artisan d’une série, dont il peut seul revendiquer la paternité. Créateur, scénariste et acteur, il est de tous les métiers, de toutes les aventures et grâce à lui, le monde à découvert à quel point l’univers des séries U.S. pouvait être créatif.
Où le quotidien devient terreur
Chacun des 138 épisodes raconte une histoire singulière, sans personnages récurrents si ce n’est Rod Serling lui-même, chargé d’introduire chaque épisode. Résumer chacune d’elles est impossible, disons qu’un épisode part d’une situation plus ou moins banale et se passant dans un espace-temps parfois indéfinissable. À la manière d’une uchronie, la réalité de chaque épisode digresse tout à coup, prenant un violent virage, une tournure qui nous plonge dans le surnaturel, l’anticipation et parfois la terreur. En plus de qualité dramatiques évidentes, les scénarios n’oublient jamais d’êtres intelligents, maniant la philosophie, l’ironie ou le cynisme comme autant d’armes artistiques au service d’une vision nuancée de la condition humaine.
Grâce à des scénarios brillants
Si La Quatrième Dimension vieillit si bien, cela vient certainement du peu d’effets spéciaux et visuels employés, délaissés au profit de la suggestivité, Rod Serling ayant compris qu’on n’est jamais aussi efficace que lorsqu’on laisse divaguer l’imagination du téléspectateur vers des mondes étranges. Cela vient aussi de l’universalité des thèmes abordés, de questions philosophiques capitales qui nous tendent souvent un miroir souvent peu flatteur, d’histoires qui touchent parfois au plus profond de la noirceur de l’âme humaine. Bref, malgré une mode vestimentaire qui a bien changé, Rod Serling touche aussi bien l’Homme du XXIème siècle que celui du XXème et sans parler d’anticipation, on peut dire que sa série a su transcender le temps qui passe.
Et qui reste inoubliable
Car d’un point de vue formel, on constate à quel point certains épisodes se sont gravés dans l’inconscient collectif, soit parce qu’ils sont plus angoissants que la moyenne, soit parce qu’ils font preuve d’une intelligence rare. Personne n’a en effet oublié ce banquier, fou de livres, qui pense avoir trouvé le paradis grâce à une explosion atomique. Dès l’introduction de chacun d’eux, le ton est donné : « Nous sommes transportés dans une autre dimension, une dimension faite de sons, mais aussi d’esprit. Un voyage au bout des ténèbres où il n’y a qu’une destination : la Quatrième Dimension ». Chaque épisode suivant ces quelques mots comme un précepte qui impose mystère, de obscur et même parfois humour. Le générique, décortiqué et analysé par les fans pendant des décennies, s’appuie lui sur une « musique », une succession de notes scandées plus qu’interprétées, qui imposent l’ambiance de la série en moins d’une minute.
Grâce à de talentueux acteurs
Comme on l’a dit, il n’y a pas de personnages récurrents, ce qui n’empêche pas de bons, voir de très bons acteurs d’avoir tourné dans certains épisodes, certains ayant connu par la suite un succès mondial au cinéma. On peut en fait parler de Who’s Who de l’époque puisqu’on y croise pêle-mêle : Patrick Mcnee, Martin Landau, Peter Falk, Telly Savalas, Charles Bronson, Ron Howard, Lee Van Cleef, Robert Redford ou encore Dennis Hopper. Le succès fulgurant de la série à l’époque explique certainement qu’elle était devenue celle dans laquelle il fallait être vu, celle que tout acteur devait avoir dans son C.V. Mais il faut l’admettre, peu importe les bons acteurs et leur talent (quand ils en avaient), ils s’effacent presque systématiquement devant la richesse et parfois le génie des scénarios de Rod Serling parce qu’au fond, c’est pour ses histoires qu’on regarde cette série.
Et des instants inoubliables
Ce qu’il reste aujourd’hui de La Quatrième Dimension c’est Rod Serling, créateur au sens noble du terme, un homme qui a su s’affranchir de son temps, oublier les normes en vigueur pour faire du neuf sans le vieux et influencer ainsi toute une génération de séries, jusqu’à la récente X-Files. Ce sont des moments de frayeur qui sont venus hanter les nuits de générations d’enfants qui ont cauchemardé sur des créatures, qu’ils imaginaient en train de dévorer les moteurs d’un avion en vol. C’est une série qui a duré cinq ans car elle a su, à chaque épisode, proposer de l’inattendu, du mystère et de l’intelligence car à cette époque, on se souvenait que le téléspectateur avait un cerveau, que les médias audiovisuels pouvaient donner du contenu à leurs programmes, sans nous transformer en animal qu’on engraisse. Mais autre temps, autres mœurs…
Synopsis : Série d’anthologie transportant le téléspectateur dans une contrée sans fin dont les frontières ne sont que notre imagination…
Fiche Technique: La Quatrième Dimension
Titre original: The Twilight Zone Pays d’origine: États-Unis Création: Rod Serling Genre: Série d’anthologie,fantastique, Science-fiction Musique: Marius Constant, Bernard Herrmann Chaîne d’origine: CBS Nb. de saisons: 5 Nb. d’épisodes:156
Auteur de la critique : Freddy M.