Pendant ce temps sur Outbuster… Boy Wonder, Terribly Happy et Love Fiction

Cette semaine, trois nouveaux films sur Outbuster, et toujours un gage de qualité.

Boy Wonder (Michael Morrissey, Etats-Unis, 2011) Et non, cette histoire d’adolescent traumatisé par le meurtre de sa mère et déterminé à patrouiller, armé d’une batte de base-ball, dans les rues New-yorkaises n’est ni un film de super-héros ni même un viligante movie, même si on sent, derrière le travail de Michael Morrisey, l’influence des grands noms de ces deux genres. L’ingénieuse idée de placer la narration depuis le point d’une policière qui enquête sur l’affaire plutôt que du anti-héros permet un recul les actes de ce dernier. Et pourtant, ce sont bien la mentalité torturée de ce dernier et la légitimité morale discutable qui sont au cœur des enjeux de ce thriller psychologique dont l’étonnant fatalisme en fait l’antithèse de l’humour léger de cette apologie de l’autodéfense armée qu’était Kick-ass 2. Cette façon de nous faire vivre de l’extérieur cette spirale de violence se présente comme un renouveau prometteur d’un sujet pourtant surexploité.

Terribly Happy (Henrik Ruben Genz, Danemark, 2008) Barré et inquiétant: étrange et surprenant mélange que propose le Danois Henrik Ruber Genz. Un flic à problèmes est envoyé au fin fond de la campagne danoise, il y découvre des us et coutumes parfois en marge de la loi et y trouve à la fois à la déchéance et la rédemption. Le film est en équilibre instable et s’en sort parfaitement, alternant le cocasse, l’absurde et la tension. Robert le flic, se promène au milieu de tout ça d’abord en spectateur, puis en acteur pour finir en complice. Mention particulière pour Kim Bodnia, massif, charismatique et particulièrement inquiétant en mari violent qu’on sent en permanence au bord de la rupture. « Borderline » est finalement le meilleur qualificatif pour Terribly Happy (quel titre ironique). Tout est ici à la marge, comme cette prise d’otage d’un genre nouveau qui vient clore un film étonnant et totalement passionnant, qui sonne presque comme une morale de La Fontaine.

Love Fiction (Jeon Kye-Su, Corée du Sud, 2012) Le pitch peut sembler peu original, celui d’un jeune homme mal dans sa peau qui tombe amoureux d’une femme qui va l’aider à se décoincer, mais ce serait sans compter sur la fraicheur de l’humour que le réalisateur et les acteurs injectent à cette comédie romantique. Que les deux tourtereaux soient des artistes, lui écrivain et elle photographe, apporte à leur relation une dimension supplémentaire, celle de la place de la muse dans la création. Car, en plus de s’émanciper, Goo Joo-Wol (interprété par Ha Jung-Woo, le héros de Mademoiselle) va tirer de son amour pour Hee-Jin (Kong Hyo-Jin, une star incontournable de la romcom locale) une inspiration à son écriture, dont la mise à l’image aboutira aux scènes les plus drôles du film. En cela Love Fiction est plus qu’une banale romance, c’est surtout un film d’auteur à tendance introspective et une comédie assez frapadingue.

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