Sebastián Lelio a toujours su s’emparer de sujets engagés avec son traitement propre. Dans Désobéissance, il livre un bon mélange entre une histoire d’amour regrettée et des tensions communautaires dans une ambiance assez lugubre où la liberté est sous jacente à chaque situation.
Synopsis : Une jeune femme juive-orthodoxe, retourne chez elle après la mort de son père. Mais sa réapparition provoque quelques tensions au sein de la communauté lorsqu’elle avoue à sa meilleure amie les sentiments qu’elle éprouve à son égard…
Dès le début du film, la froideur des couleurs fait peser une atmosphère morbide, limite funèbre que l’on comprend très vite grâce à l’un des éléments principaux de l’intrigue. Détail qui donne le ton à l’histoire et qui ne cessera d’influencer la pâleur des images. Au cinéma, nombreux ont été les films qui plaçaient un ado homosexuel en marge d’une famille musulmane ou de manière générale, très croyante mais peu sont ceux qui ont abordé la communauté juive et ses traditions. Le film se veut-il porteur du message coutumier visant à contester le manque de liberté dans les religions ? Il laisse en tout cas cette question en suspens à la fin sans dire explicitement ce qu’Esti a trouvé dans sa liberté : si c’est l’épanouissement de son homosexualité ou seulement la satisfaction d’être libérée d’un mariage sans amour. Ce chassé-croisé entre liberté et homosexualité se construit et se fait tout au long d’un film qui dresse le portrait d’une communauté fermée sans réellement en faire apercevoir sa richesse spirituelle. Pourtant, quelque chose se dégage de cette histoire. Le calme avec lequel tout se joue et se développe est assez admirable, tout est fait de manière silencieuse, il règne une certaine pudeur mais surtout beaucoup de quiétude alors que tout explose autour des personnages et toutes les tensions familiales ressortent. L’ambiance de deuil se veut responsable de cette étrange sensation que tout semble endormi, tel un matin enneigé alors qu’à l’intérieur de chaque personnage, les têtes implosent secrètement.
La musique accompagne à la perfection cette lutte silencieuse et passive d’un personnage féminin semblant désorienté. Rachel Mc Adams est loin de ses rôles les plus forts issus d’agréables comédies romantiques ou bien encore dans Spotlight et se contente de surjouer ces émotions durant une grande partie du film. Malgré une scène de sexe attendue mais tout de même très belle et des expériences qui auraient pu toucher profondément le public, son personnage a du mal à convaincre. On ne ressent pas vraiment d’empathie pour elles, il est difficile de s’attacher aux personnages bien que le spectateur ne peut qu’adorer le côté rebelle qui colle à Rachel Weisz. Les flashbacks sont souvent en trop dans les films, mais là on aurait aimé les découvrir pour s’attacher davantage à leur histoire.
Désobéissance déçoit quelque peu et surprend par son manque d’intensité mais reste pourtant très agréable à contempler. La liberté silencieuse est dure à obtenir.
Désobéissance : Bande Annonce
Désobéissance : Fiche technique
Titre orignal : Disobedience
Réalisation : Sebastián Lelio
Scénario : Sebastián Lelio & Rebecca Lenkiewicz d’après le roman La Désobéissance de Naomi Alderman
Interprétation : Rachel Weisz (Ronit Krushka), Rachel McAdams (Esti Kuperman), Nicholas Woodeson (Rabbi Goldfarb), David Fleeshman (Yosef Kirshbaum), Alessandro Nivola (Dovid Kuperman), Anton Lesser (Rav Krushka), Allan Corduner (Moshe Hartog), Bernice Stegers (Yosef Kirshbaum), Clara Francis (Hinda)…
Image : Danny Cohen
Décors : Sarah Finlayx
Costumes : Odile Dicks-Mireaux
Montage : Nathan Nugent
Musique : Matthew Herbert
Producteur(s) : Frida Torresblanco, Ed Guiney, Rachel Weisz
Production : Element Pictures, LC6 Productions, Braven Films
Distributeur : Mars Films
Genre : Drame, Romance
Durée : 1h54
Date de sortie : 13 juin 2018
Royaume-Uni, États-Unis, Irlande – 2017