Musiques de films d’horreur : 5 symphonies d’outre-tombe

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Intenses, imperceptibles, les complaintes des films d’épouvante hantent notre inconscient. Il est temps de lever le voile sur quelques unes de ces musiques de films d’horreur et/ou thrillers angoissants.

Sans elles, les films d’horreur ne seraient pas des films d’horreur. Elles contribuent à rendre l’atmosphère pesant, à entretenir la tension et la terreur. Ce sont des musiques angoissantes, des bandes-son inquiétantes… Des mélodies de l’Enfer ! Et pourtant, ces harmonies majestueuses nous viennent pour la plupart de grands compositeurs classiques. Au-delà de la célèbre « Tubular Bells » de Mike Oldfield pour le film L’Exorciste, du générique stressant de Psychose par Bernard Herrmann ou de l’Aria des Variations Goldberg de Bach dans Le Silence des Agneaux, on retrouve souvent dans les films des thèmes musicaux récurrents qui suggèrent la peur et la panique.

LeMagduciné a sélectionné 5 des musiques de films d’horreur les plus fréquentes ???- une liste non exhaustive mais qui vaut bien qu’on s’y attarde …

1/ L’Allegreto de la Symphonie n°7 de Beethoven :

Reprise maintes fois dans les films ou les séries les plus sombres tels que Masters of Horror (l’épisode « La Cave » de William Malone), Prédictions de Alex Proyas, 666 Park Avenue de David Wilcox, la Symphonie n°7 est l’une des mélodies les plus inquiétantes qui soient. Malgré ça, impossible de rester insensible à la beauté de ces notes graves, vibrantes et solennelles, profondément mélancoliques et rigoureusement implacables comme une marche funèbre. On retiendra d’ailleurs que, conformément à la fureur et à la fatalité de cette sonate, l’Allegreto du deuxième mouvement est employé dans le terrible film Irréversible de Gaspar Noé. Pour sa teinte onirique, la Symphonie n°7 intervient aussi dans Zardoz de John Boorman, un film post-apo symbolique et dérangeant des années 70′ avec Sean Connery.

Prédictions – scène catastrophe sur la Symphonie 7 de Beethoven 

2/ La Toccata et Fugue (en Ré ou Do mineur) de Jean-Sebastien Bach :

Le classique des classiques qu’on retrouve dans le récent Mister Babadook mais aussi bien avant dans le Docteur Jekyll et M. Hyde de Mamoulian et surtout dans Le Fantôme de l’Opéra de Terence Fisher, Histoires d’outre-tombe de Freddie Francis ou Devil Story de Bernard Launois.

Le Fantôme de l’Opéra – extrait sur la Toccata et Fugue de Bach  

3/ La Lettre à Élise de Ludwig van Beethoven : 

Un grand classique encore, parfois retravaillé dans une tonalité plus joyeuse, cette composition garde toujours un fond mélancolique. On trouvera La Lettre à Élise dans le film Ça : « Il » est revenu de Tommy Lee Wallace (adapté du roman It de Stephen King). On la retrouvera aussi dans le trop méconnu mais pourtant bien flippant Don’t Go To Sleep de Richard Lang. Plus tard, cette troublante berceuse sera utilisée dans le dramatique Elephant de Gus Van Sant et surtout chez Quentin Tarantino dans les très décalés Django Unchained et Inglourious Basterds.

Ça : « Il » est revenu – Scène de Georgie sur fond de La Lettre à Élise

4/ The Funeral of Queen Mary de Henry Purcell :

Cette marche funèbre composée pour les funérailles de la reine d’Angleterre Mary II est mondialement connue pour la bande-son d’Orange Mécanique de Stanley Kubrick. Dès l’intro du film, ses notes tristes et langoureuses donnent le ton de ce qui sera une expérience machiavélique et dérangeante. Pour coller au maximum à ce film d’anticipation, ultraviolent et futuriste, la compositrice Wendy Carlos a adapté l’œuvre originale en y ajoutant des synthétiseurs et des vocoders. Effet oppressant garanti ! On rencontre aussi cette marche funèbre pour la Reine Mary dans le film apocalyptique Stalker de Andreï Tarkovski.

Orange Mécanique – générique d’après The Funeral of Queen Mary de Purcell :

5/ Le Lac des Cygnes de Piotr Ilitch Tchaïkovski :

Récemment exploitée dans le controversé Black Swan de Darren Aronofsky, la complainte de la Mort du Cygne avait déjà fait frissonner les spectateurs dans le Dracula original de Tod Browning en 1931. L’année suivante, on retrouvait cette mélodie mystique, désolante, charnelle et puissante dans Double Assassinat dans la rue Morgue de Robert Florey puis dans La Momie de Karl Freund.

Petit clin d’oeil aussi aux travelings sur les visages de martyres des moines de Tibéhirine dans Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois le tout sur l’intonation lyrique du Lac des Cygnes : plus encore que l’angoisse, une boule au ventre qui ne vous quittera pas !

Opening de Dracula de Tod Browning – Le Lac des Cygnes