Nous continuons notre rétrospective Ken Loach avec Le Vent se lève, peut-être son œuvre la plus populaire, mais non moins difficile et dure à encaisser. Une déchirante ode à la liberté au prix de la fraternité.
Rétrospectives
A l’image de Marty McFly et Doc, on prend la Dolorean et on revient sur la filmographie d’un réalisateur, l’intégralité d’une franchise ou les films d’un studio.
Par ce retour à la sauvagerie la plus primitive, le propos annonce la couleur sans chercher à tergiverser. La scène d'exposition passée, les deux chasseurs deviennent des paumés, pathétiques et attendrissants, qui galèrent à tuer, découper et vendre une viande de mouton qu'ils bradent dans les bars et sur les parkings. On regarde la date. 1993. C'est ça, l'Angleterre ? Le grand marché, l'Europe, le ruissellement ?
Avec Bread and Roses, Ken Loach dépeint en transparence la situation précaire des ouvriers americains (manque d'assurance maladie, esclavage moderne, harcèlements... ) du point de vue d'une émmigrée mexicaine.
Ken Loach est l'un des plus éminents ambassadeurs du cinéma social britannique. Il remet en question les structures de pouvoir qui étouffent et avilissent les individus. Son œuvre s'appréhende avant tout comme un appel à la dignité de tous ceux, précaires et vulnérables, qui subissent la loi du marché, ou celle du plus fort.
Dans ses premiers films, Ken Loach s'intéresse plus particulièrement à la jeunesse britannique, souvent marginalisée au sein d'une société conservatrice. C'est ce conflit, cette pression de la "normalité", qui pèse sur Family Life, son 4ème film pour le cinéma, un de ses films les plus durs, avec une Sandy Ratcliff absolument exceptionnelle.
Avec Kes, son deuxième film pour le grand écran, Ken Loach oppose le vieux système éducatif britannique, insultant, brutal, stigmatisant, enfermant les élèves dans une catégorie sociale sans aucune chance d'en sortir, et une approche plus moderne, plus humaine.
L'histoire d'amour impossible à laquelle personne, pas même eux, ne croit porte en elle une trace crépusculaire, très présente jusqu'à la scène de fin. On aurait aimé, à un choix scénaristique ou deux près, que cette dernière scène se rapproche un peu plus du déchirement du tombeau des lucioles, mais elle porte sur ses petites épaules les marques des dernières œuvres du studio, avant qu'il annonce sa fermeture : une forme de fatalité, qui a toujours la taille du regret.
Mon voisin Totoro est une parenthèse familiale, aussi aventureuse que pittoresque. A première vue, cette oeuvre semble avoir moins d’ambition ou d’ampleur thématique que des films denses comme Le Voyage de Chihiro ou Princesse Mononoké. Mais tout comme Porco Rosso, Mon voisin Totoro est une bulle dans laquelle on aime s’immerger pour ne plus jamais en sortir.