Les crimes de guerre sont-ils pardonnables ? Un amour interdit est-il tolérable au sein d’un camp de concentration ? Love It Was Not joue constamment sur l'ambivalence entre le bien et le mal, en brossant le portrait d’un geôlier au cœur sensible et d’une jeune femme, qui use de sa captivité pour rester à l’abri des horreurs commises autour d’elle. Maya Sarfaty en appelle aux souvenirs que cette liaison a engendrés pour aboutir à un documentaire surprenamment bien ficelé, sorte de relecture de La Vie Est Belle de Roberto Benigni.
Critiques films
Critiques et analyses des films à l’affiche, les dernières sorties cinéma critiquées par nos chroniqueurs.
Claude Schmitz laisse les planches du théâtre derrière lui pour se pencher sur sa cinéphilie, notamment sur ce qu’il a gardé des œuvres d'outre-Atlantique de son enfance. Avec L’Autre Laurens, présenté à la Quinzaine des cinéastes de Cannes 2023, il exploite un filon qui ne le mène pas nécessairement à la fortune, mais lui permet de bâtir une belle passerelle entre plusieurs genres. Dans une cohérence insoupçonnable et un humour tout aussi improbable.
Dans un documentaire franc et fidèle à l’histoire personnelle et sociale d'une des figures phares de la vie culturelle française, François Caillat construit par touches subtiles et éclairées un portait authentique de l’auteur Edouard Louis.
Caméra d’or au dernier Festival de Cannes. Récit sensible et méditatif d'un homme en quête de foi dans le Vietnam contemporain. L'Arbre aux papillons d'or, un film étonnant de maîtrise et de profondeur, qui vous plonge dans la vie nue comme dans une eau purificatrice.
Il marche seul et n’est pas d’humour à chanter La Marseillaise. Ce n’est pas Jean-Jacques Goldman, mais bien le demi-frère de celui-ci dont il est question dans un procès qui porte son nom. Pierre Goldman est soumis aux préjugés d’un tribunal, qui doit statuer sur un crime qu’il n’aurait pas commis. Certains souhaiteraient le faire taire à jamais, mais ce lieu sacré, où la parole est d’argent, pourrait bien se retourner contre lui, contre sa volonté et son l’innocence qu’il clame haut et fort, si bien que toute provocation de sa part devient un argument social à développer pour Cédric Kahn.
Parfois, on se demande sérieusement comment certains films peuvent passer l'étape de préproduction. Parlons peu, parlons bien : La Nonne premier du nom, c'était quand même bien catastrophique, non ? Alors, pourquoi faire La Nonne : La malédiction de Sainte Lucie ? Ah, oui... money money.
Après avoir épluché l’un des plus grands écrivains classiques en la personne de Shakespeare avec ses premiers films, Branagh continue de déterrer celle d’Agatha Christie avec un troisième film adapté des romans de la célèbre écrivaine policière. Et le résultat est un léger cran au-dessus des précédents opus, principalement grâce à l’ajout du fantastique et d’une mise en scène très stylisée et en adéquation avec le contexte. Pour le reste, la formule reste la même et le déroulement narratif est beaucoup trop programmatique. Une ligne prévisible qui nous amène au sempiternel déroulement de ce type de film, à la fois volontairement inattendu mais toujours autant tiré par les cheveux et verbeux quand le célèbre détective énonce la résolution de l’intrigue.
Comment faire prendre conscience avec justesse et sensibilité des difficultés et enjeux du métier de professeur, sans tomber dans les clichés ou les exagérations d’époque ? Comment filmer un sujet inflammable avec mesure et discernement, sans excès d’apologie des profs ou fausse bonne démagogie qui adulerait la place des élèves ?
Il n’y a parfois qu’un pas entre le rêve et la réalité. Et si on assimile le cauchemar dans l’équation, il ne reste que peu d’espoirs pour vivre heureux. La Hija de Todas las Rabias se situe alors quelque part dans cette zone d’incertitude, à l’image du Nicaragua, pays dont les changements sociaux et politiques se résument à La Chureca, une gigantesque décharge à ciel ouvert. Le lien mère-fille suffira-t-il pour trouver un peu de lumière dans ce portrait disgracieux d’un monde qui les rejette ?
Toni, en famille est le second film de Nathan Ambrosioni. Le jeune réalisateur esquisse le portrait de Toni, mère veuve de cinq enfants qui désire reprendre des études. Une histoire jamais misérabiliste, faite de petites touches successives où Nathan Ambrosioni déploie son talent autant dans les scènes de groupes que dans les séquences sur chaque personnage de la fratrie. Le casting est époustouflant, mené par Camille Cottin, parfaite dans un rôle écrit pour elle.
Le réalisateur portugais Marco Martins nous livre, avec Un Automne à Great Yarmouth, un sixième long-métrage complexe et fascinant, qui entrecroise avec art les intrigues et les genres cinématographiques.
Le Ciel rouge, de Christian Petzold est peut-être le deuxième film d’une nouvelle trilogie, sur les éléments cette fois, à la suite d’autres trilogies émaillant son œuvre. Après l’eau de Ondine, le feu couve ici, puis explose dans la nature et dans le cœur des hommes, avec le regard toujours acéré du cinéaste.