Le 43e Festival International du Film d’Amiens se termine ce samedi 18 novembre par la diffusion des films primés. Le vendredi 17 novembre avait lieu la soirée de clôture avec la traditionnelle remise des prix. L’occasion d’un bilan !
Longs métrages
Le jury longs métrages du 43e Festival International du Film d’Amiens était composé de : Vicentia Aholoukpé (programmatrice du cinéma le Méliès de Pau pendant plus de 15 ans et co-créatrice du festival Continent Afrique), Sébastien Betbeder (réalisateur), Laurence Conan (Documentaire sur grand écran), Elvire Duvelle-Charles (journaliste, réalisatrice, autrice et activiste féministe) Mirion Malle (dessinatrice et autrice de bande dessinée).
Grand Prix
El Castillo de Martín Benchimol ex aequo avec Mon Pire ennemi de Mehran Tamadon
El Castillo, notre coup de cœur du festival, est un film d’une humanité folle, d’une réconciliation entre une mère et sa fille. Deux femmes, des animaux, de l’humour et ce lieu improbable au milieu de nulle part, le fameux château du titre. Une vraie lutte des classes filmée dans une nature crépusculaire, avec un personnage de femmes libres et insaisissables !
Mon Pire ennemi, dernière séance du festival pour nous et certainement la plus marquante, est une histoire de la violence autant qu’un rêve utopique qui tourne au cauchemar. Une tentative de dialogue filmée avec un dispositif simple qui est pourtant d’une grande puissance. Le film a également reçu la mention spéciale du jury étudiants.
Prix du jury
Sans cœur de Nara Normande et Tião
Été 1996, Nordeste Brésilien, Tamara profite de ses dernières vacances avant de partir à Brasilia pour ses études. Un jour, elle entend parler d’une fille surnommée « Sans Cœur » à cause de la cicatrice qui lui traverse la poitrine.Tamara ressent une attirance immédiate pour cette fille mystérieuse, qui va grandir tout au long de l’été.
Extrait d’un avis sur le film (à retrouver ici) : « Produit par Kleber Mendonça Filho, Sans cœur s’ouvre en immersion sous-marine ; c’est une plongée merveilleuse où les animaux marins sont filmés comme des créatures fantastiques. Mais qu’en est-il sur terre ? Où le cœur des protagonistes de Sem Coração bat-il ? Tout ressemble à des vacances dans le long métrage, tout semble terrain de jeu. Sans cœur est une école sentimentale buissonnière, c’est aussi – notamment pour les gamins queer – un apprentissage dans la clandestinité. Car derrière le soleil, derrière la superbe eau turquoise, il y a un sens du danger ».
Courts et moyens métrages
Le jury courts et moyens métrages du 43e Festival International du Film d’Amiens était composé de :
Kelly Carpaye (artiste, compositrice, interprète, autrice, musicienne et comédienne), Jeanne Le Gall (distributrice chez Arizona Distribution – About Kim Sohee de July Jung, primé au FIFAM 2022 – et co-créatrice du Smells like teen spirit Festival), Cécile Welker (docteure qualifiée en esthétique et sciences de l’art, directrice artistique des Safra’Numériques).
Grand Prix du court métrage
Mast-Del de Maryam Tafakory
Mast-Del est un court que nous avions également beaucoup aimé par ses images en surimpression de films iraniens datés d’avant la révolution islamiste. Au centre : le récit d’une femme à une femme sur une rencontre amoureuse clandestine. Entre les corps possibles et les étreintes impossibles, le film se construit comme un long poème au présent.
Grand Prix du moyen métrage
Le bruit de l’eau, le gris du parking – le vert de Théo Sauvé
Il y a un parking gris. Au bord, l’Ardèche coule. D’un côté, un stade de foot. De l’autre, un bois où des hommes se rencontrent. Des gestes et des habitudes, des rendez-vous et des messages notés sur les arbres. Patrick, ses voix, ses doigts. Christian marche, fleurit une maison. Il y a du bleu qui traverse le marron, il y a le bruit de l’eau qui traverse la pierre et le vert. Il y a, il y a, il y a.
L’avis de Tënk lors de sa programmation sur la plateforme :
« Il y a des lieux qui abritent, des gens qui ont besoin de temps pour se dire.
Petit à petit on assemble des morceaux, derrière le bruit des voitures, on devine un endroit.
Cet endroit dont Théo Sauvé prend le temps d’esquisser les contours sans pour autant le circonscrire, permet d’accueillir une parole précieuse, une vie qui se raconte.
Il est question d’interstices et de lumière dans ce film. La lumière qui traverse les feuilles, illumine le parking et les gens. Les interstices qui permettent d’exister, et même de s’essayer un peu au bonheur ».
Prix du documentaire sur grand écran
Anhell69 de Théo Montoya
Une voiture funéraire circule dans les rues de Medellin, tandis qu’un jeune réalisateur raconte son passé dans cette ville violente. Il se souvient de la pré-production de son premier film. La jeune scène queer de Medellín est engagée pour le film, mais le protagoniste principal meurt d’une overdose d’héroïne à l’âge de 21 ans, tout comme de nombreux amis du réalisateur. Anhell69 explore les rêves, les doutes et les peurs d’une génération anéantie, et la lutte pour continuer à faire du cinéma.
Un film trans entre Eros et Thanatos à travers une génération anéantie de Medellín.
Prix du jury étudiants
The Bride de Myriam Birara
Rwanda, 1997. Trois ans après le génocide contre la minorité tutsie, Eva est enlevée par un inconnu et violée. Ses tantes acceptent un mariage forcé. Lorsqu’Eva trouve un confident en la personne du cousin de l’homme, elle découvre le passé traumatique de la famille.
Quelques mots de la réalisatrice sur son film : « Le Rwanda est un pays qui a fait d’énormes progrès dans la protection des droits des femmes et des filles. Mais avec ce film, j’ai voulu mettre en lumière cette réalité presque oubliée d’un Rwanda qui semble si lointain et pourtant les dernières victimes de ces mariages traditionnels vivent parmi nous avec des blessures inimaginables et invisibles. À ceux qui sont restés et à ceux qui ont fui, ce film est mon hommage à leur résilience ».
Prix du public
Bye bye Tibériade de Lina Soualem
Bye bye Tibériade est un film d’images du passé et du présent, qui est un hommage aux femmes de sa famille par Lina Soualem. On y retrouve l’actrice Hiam Abbass, mère de la réalisatrice, et des questionnements sur l’exil forcé ou désiré. Un pont est sans cesse jeté entre toutes ces femmes dans un récit touchant et pudique. Une belle réussite.
Et notre palmarès dans tout ça ? Toutes catégories confondues, nous avons cette année été particulièrement touchés, bouleversés, transportés par :
1 – Daw de Samir Ramdani (court)
2 – Smoke Sauna Sisterhood de Anna Hints (documentaire)
3- El Castillo de Martín Benchimol (documentaire)
4- Le genou d’Ahed de Nadav Lapid (long métrage) et Tiger Stripes d’Amanda Nell Eu
5- Mon Pire ennemi de Mehran Tamadon