Comme tous les mois, LeMagDuCiné fait un petit retour sur les pilotes des séries dont la diffusion vient de commencer. Au programme pour ce mois d’avril, le portrait grinçant d’une activiste anti-droits de la femme (Mrs America) ou d’une lycéenne indo-américaine (Never have I ever), Chris Evans en procureur placé devant l’impensable (Defending Jacob) ou encore une jeune au foyer qui plaque tout pour rejoindre son ex (Run). En bref, toute une palette d’émotions diverses.
Mrs America : l’anti-féminisme des années 70
Très politique et complexe, la série Mrs. America détonne des séries féministes jusque-là produites, en adoptant le point de vue de Phyllis Schlafly, une militante américaine contre la libération des droits des femmes. Dans le rôle principale, Cate Blanchett n’a jamais été aussi parfaitement détestable, à nous rappeler un Donald Trump au féminin. Une conservatrice acharnée qui recherche avant tout l’attention politique et se bat pour préserver ses privilèges de femme au foyer menacée par l’ERA (Equal Rights Amendment) [ndla: amendement visant à mettre fin aux distinctions de sexe dans les cas de divorces, d’embauches, de propriétés, etc)
Un casting féminin trois étoiles aux cotés de Cate Blanchett avec Uzo Aduba (Orange is the New Black) ; Sarah Paulson (American Horror Story) Elizabeth Banks ; Margo Martindale et Rose Byrne (Insidious) ; pour incarner de véritables icônes politiques et féministes de l’histoire américaine.
Le premier épisode risque fortement de faire grincer des dents les plus féministes d’entre nous à travers le point de vue de Phyllis. Il faudra laisser du temps à la série pour révéler l’ambiguïté de ses femmes fortes prisent en étau entre leurs valeurs politiques et l’emprise des hommes sur leurs pouvoirs d’action. Heureusement, par la suite, la série s’attarde aussi sur Shirley Chisholm (Uzo Aduba), la première femme noire à faire partie du congrès des Etats-Unis, puis, une autre véritable icône féministe populaire de l’époque, Gloria Steinem (Rose Byrne).
Mrs. America présente une ambiance seventies qui rappelle les séries comme Mad Men et Masters of Sex, dépeignant aussi le patriarcat intériorisé de l’époque. Mais le show parvient à offrir une vision tant historiquement authentique que divertissante, grâce à la diversité de ses perspectives, dont on espère qu’elles perdureront pour la suite.
Céline Lacroix
Defending Jacob
La famille Barber est, de l’aveu d’Andrew, le père, une famille heureuse. Lui est assistant du procureur d’un comté du Massachusetts. Elle dirige un institut pour enfants défavorisés. Ils incarnent la réussite sociale.
Et pourtant, dix mois plus tard, Andrew ne sera plus assistant du procureur et il se retrouve, visiblement déprimé, interrogé par un ex-collègue devant un jury populaire.
Qu’est-il donc arrivé ?
Tout commence avec l’assassinat de Ben Rifkin, un collégien camarade de Jacob, le fils unique de la famille Barber.
Le titre de la série spoile irrémédiablement le suspense qui pourrait s’instaurer dans cet épisode pilote. Du coup, la découverte qui clôt l’épisode ne constituera pas un twist échevelé. Et si ce premier épisode n’est pas extraordinaire, il pose cependant les bases de ce qui pourrait éventuellement devenir intéressant par la suite : le conflit d’intérêt du père, qui enquête sur un crime dont son fils sera le futur suspect ; le dilemme d’un personnage, qui sera sans doute partagé entre son amour paternel et sa loyauté envers la justice ; la description d’un ado forcément mystérieux, indéchiffrable pour ses parents.
En attendant d’arriver à ces épisodes futurs qui promettent, nous l’espérons, d’être plus intéressants, ce pilote n’est pas franchement un chef-d’œuvre. Chris Evans est moyennement crédible, mais le niveau de l’interprétation est surtout rehaussé par Michelle Dockery (Downton Abbey) et Jaeden Martell.
Hervé Aubert
Run : une mini-série romantique qui se regarde vite
Sortie sur HBO, cette mini série créée par Nicky Jones et Phoebe Waller-Bridge (Fleabag, Killing Eve) est unique en son genre. Un mélange de mystère et romance avec une certaine dose d’humour grinçant.
Ruby (Merrit Wever), jeune femme au foyer désabusée reçoit par sms “RUN”, de la part de Billy (Domhall Gleeson), un ex qu’elle n’a pas revu depuis 15 ans. Une seconde d’hésitation et elle décide de tout plaquer, tapis de yoga en mains, pour rejoindre son ancien amant dans un train pour Chicago. Mais les anciens amants adorent jouer au chat et à la souris. Ils ne s’avouent pas la vérité sur les raisons de leur fuites, et préfèrent jouer aux faux-semblants.
La série joue beaucoup sur les secrets et mystères qui les réunissent, mais reste principalement une romance extravagante ou deux amants violent ensemble toutes les règles juste pour une journée. De la part de la créatrice de Fleabag et Killing Eve, on s’attendait sûrement à plus d’originalité. Les deux acteurs, Merrit Wever et Domhall Gleeson, forment un très bon duo comique qui capte l’attention du spectateur et donne envie de voir la suite.
Céline Lacroix
Never Have I Ever (Mes premières fois)
Créée par Mindy Kalling (The Mindy Project), et inspirée de son enfance, cette série comique très teenage suit la vie tourmentée de Devi (Maitreyi Ramakrishnan), une américano-indienne très délurée. Suite à la mort tragique de son père, Devi souffre de paralysie psychosomatique et passe sa première année de lycée en chaise roulante. Miraculeusement, c’est son crush pour le beau gosse sportif du lycée lui rend la capacité de marcher. Pour cette nouvelle année, Devi est résolue à vivre toutes les expériences du lycée et devenir enfin populaire.
Même si le personnage de Devi semble parfois très agaçant et égoïste, l’ensemble des situations excentriques fait malgré tout bien rire. La perspective de suivre une famille américano-indienne moderne apporte un peu de fraîcheur à ce qui n’aurait été qu’une banale teenage rom-com. Mais c’est peut-être justement en jouant des codes et des clichés que chaque personnage et situation de la série parvient à nous séduire. Never Have I Ever ou Mes premières fois en français, s’adresse exclusivement aux amateurs du genre ou s’apprécie comme guilty pleasure avec seulement 10 épisodes et un format court de 30 minutes.
Céline Lacroix
The Midnight Gospel : Une série animée psychédélique
The Midnight Gospel est une nouvelle série d’animation sortie sur Netflix, et réalisée par les créateurs d’Adventure Time. Même si l’univers très coloré rappelle Adventure Time, il faudra plus s’attendre à une série d’animation à l’humour pince-sans-rire à la Bojack Horseman. Le premier épisode introduit Clancy, un drôle d’alien podcaster, qui s’amuse à se téléporter sur des planètes pour interviewer ses habitants. Une sorte de Doctor Who psychédélique qui fait surtout penser à une véritable émission de podcast. La dose d’humour est ajoutée par le contrepoint du discours et de l’image. Dans l’épisode pilote, Clancy doit combattre des zombies tout en philosophant sur les risques et dangers de la consommation de drogue. Une série à la fois amusante et ludique, dont on apprécie le court format mais qui n’est pas non plus incontournable.
Céline Lacroix