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Clarice, Ginny & Georgia, Tell Me Your Secrets : que valent ces séries ?

Une incursion dans le cinéma d’horreur culte, une nouvelle série dramatique mi-ado mi-adulte et un nouveau programme sombre de type thriller, suivant trois désaxés au passé terrible… Nous avons visionné les pilots de trois séries sorties ce mois de février : Clarice, mettant en scène le personnage éponyme de la saga cinématographique Hannibal, Ginny & Georgia, qui suit les aventures d’une mère de 30 ans fauchée, tentant d’élever son ado de 15 ans, et Tell Me Your Secrets, dont les protagonistes ont tous un passé trouble. Le Mag du Ciné vous propose trois critiques ci-dessous.

Clarice : un pastiche sans frisson d’Hannibal

Après la série Ratched, de nouveau, on s’intéresse à un personnage féminin de films cultes pour le remettre au cœur de l’histoire. Clarice, diffusé sur CBS, s’inspire du personnage éponyme du très célèbre thriller le Silence des agneaux et adaptation du roman de Thomas Harris. Mais cette fois, Rebecca Breeds remplace Jodie Foster pour incarner notre agent du FBI.

Suite à l’arrestation et exécution de Buffalo Bill, l’agent Starling est affectée par la procureur a une section du FBI spécialisée en profilage de serials killers. Cependant, l’accueil réservé par ses nouveaux collègues est loin d’être enviable. Tournée en ridicule, humiliée et rabaissée par son chef, Clarice est traitée telle une paria. Heureusement, son collègue (et plus si affinités) défend les idées de Clarice et lui propose son soutien secret.

Ce premier épisode introduit le post-traumatisme de Clarice mais à défaut de s’alourdir de flashbacks. Une ambiance globale que l’on pourrait comparer à la série Hannibal avec Mads Mikkelsen mais avec l’esthétique en moins. La série imite l’univers glauque du film original mais la trame narrative reste classique et ne se démarque pas, pour ce premier épisode, d’une série policière classique a la X-Files.

On reprochera surtout à Clarice un manque d’audace, une esthétique et une mise en scène trop éculées. Si l’on veut se rapprocher au mieux du film, autant voir (ou revoir) Hannibal, de Bryan Fuller, qui avait réellement réussi à nous surprendre dans son adaptation sérielle du Dragon Rouge.

2

Céline Lacroix 

Ginny & Georgia : du frais et du moins frais

Ginny & Georgia est une nouvelle série Netflix de dix épisodes d’environ cinquante minutes chacun, de type comédie dramatique. Le pilote annonce une série haute en couleurs et cheesy sur les bords.

L’atout de ce pilot est qu’on ne s’y ennuie pas et que la série promet d’inclure pas mal d’humour, le personnage de Georgia – 30 ans et mère d’une adolescente de déjà quinze ans, Ginny (Antonia Gentry), et d’un petit garçon, Austin (Diesel La Torraca) – apparaissant comme loufoque et un brin déjantée. Ce sont ses aventures et celles de ses enfants qu’on suit.

Suite à la mort du beau-père, la petite famille a déménagé du Texas en Nouvelle-Angleterre pour y débuter une nouvelle vie.

Le premier épisode est indéniablement amusant et il a le mérite d’intriguer le spectateur. On apprécie la différence de caractère entre la mère immature et l’adolescente très sérieuse, avec en bonus le décalage que ressent Ginny, manifestement très intelligente, avec son entourage. On apprécie aussi une famille où la mère et le petit-frère sont blancs, et où la jeune fille est métisse, ce qui est assez rare dans les séries US pour être remarqué : on sent d’ailleurs que la problématique du racisme va être évoquée, ce qui est bienvenu.

Les faiblesses se trouvent sans doute dans un scénario parfois téléphoné, des moments clairement cheesy et un traitement, ainsi qu’une photographie sans aucune personnalité. Ajoutons à cela une B.O. qui tombe parfois comme un cheveu sur la soupe et une présentation étrange de la drogue et du sexe – bien que l’intrigue du sexe adolescent se révèle intéressante pour témoigner de l’attitude de certains hommes.

L’énorme défaut restant tout de même l’écriture et le jeu de certains personnages, à commencer par Georgia qui s’avère parfois très amusante… et parfois très agaçante, son interprète Brianne Howey étant dans un surjeu qui ne s’adapte pas à toutes les scènes. La pire dans ce cas étant Sara Waisglass, jouant le rôle de Maxine, la jeune voisine et amie de Ginny qui est la plupart du temps tout bonnement horripilante à l’écran. A ce stade de la série, autant son écriture que son interprétation sont un supplice pour le spectateur : tout sonne faux et on a l’impression de voir une vague imitation de Cheryl Blossom dans Riverdale, sans la froideur apportée par Madelaine Petsch.

Pourtant, sans être un chef-d’œuvre, la série s’annonce tout de même divertissante, dans le genre un peu extravagant sans être à l’avant-garde.

2.5

Sarah Anthony

Tell Me Your Secrets : comment solder le passé ?

Cette nouvelle série thriller distribuée par Amazon Prime Video est le fruit de l’imagination de Harriet Warner, qui l’a créée, écrite et coproduite. Elle a pour protagonistes un trio de personnages au passé pour le moins trouble. Le pilote se concentre avant tout sur les deux femmes, deux battantes que tout oppose. Mary (Amy Brenneman, Private Practice, The Leftovers) est en effet une mère qui recherche avec l’énergie du premier jour sa fille Theresa, disparue plusieurs années plus tôt, alors que Karen (Lily Rabe, American Horror Story, The Undoing) est l’ancienne compagne du tueur en série qui, selon Mary, a enlevé la jeune fille. Après un long séjour en prison, Karen tente de démarrer une nouvelle vie en Louisiane sous la nouvelle identité d’Emma. Lorsque son ex-compagnon se suicide en prison, Mary pousse John Tyler (Hamish Linklater, The Big Short, Old Christine), un ancien prédateur sexuel qui tente de trouver la rédemption, à retrouver Karen/Emma coûte que coûte…

Mis à part quelques raccourcis quelque peu irréalistes, fréquents dans les productions américaines qui n’ont pas leur pareil pour raconter beaucoup de choses très (trop) vite, le pilote donne sacrément l’eau à la bouche. Un grand nombre de pistes sont ouvertes et donnent envie d’en savoir davantage : le destin qu’a connu la fille de Mary (on devine qu’elle est toujours en vie), l’empathie que suscite Karen/Emma et la sincérité des sentiments entre elle et Kit Parker, le présumé tueur, fait naître chez le spectateur une ambiguïté pleine de promesses, le patelin de Louisiane dans lequel Emma est installée est le théâtre de sinistres secrets dont on ignore le lien avec l’intrigue, et l’épaisseur des personnages (notamment celui de John Tyler, intelligemment à peine esquissé dans ce premier épisode) est un programme en soi. L’interprétation est formidable, l’ambiance a quelquefois un parfum de True Detective (les secrets macabres, la nature sauvage de Louisiane, les personnages torturés) au féminin, et la mise en scène ne manque pas d’inspiration. Oui, vraiment, Tell Me Your Secrets déploie de solides arguments. Espérons que la suite soit du même tonneau !

4

Thierry Dossogne