Alors que la date de réouverture des salles de cinéma françaises n’est pas connue, certains membres de la rédaction du Magduciné se sont remémoré quelques souvenirs concernant leur rapport avec la salle de cinéma et leur regard sur les services de VOD.
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Votre premier souvenir dans une salle de cinéma ?
Chloé M. : Mon premier souvenir d’un film vu en salles, c’est Le Petit vampire (sorti en 2000) dans un cinéma qui a désormais fermé dans la ville de mon enfance… C’est surtout le souvenir de la file d’attente, de l’achat des places et de m’être assise à côté de ma mère dans un siège de cinéma… Et l’odeur du pop corn qui devient celle des vampires, assez étrange comme sensation…
Antoine D. : Assez étonnamment, je ne sais pas. Les souvenirs se bousculent dans ma tête quant à cette date fatidique et encore aujourd’hui, je ne saurai y répondre. L’un de mes premiers souvenirs de salle en revanche, fut celui du Monde de Némo en 2003. La salle était comble si bien que mon frère et moi avions dû nous asseoir non pas sur des fauteuils… mais bien sur les marches de la salle. Heureusement, cette « première » expérience n’a pas entaché mon plaisir de la salle.
Velvet Medusa : Le premier film que j’ai vu au cinéma était La Route d’El Dorado de Dreamworks.
Sébastien G. : Mon premier souvenir dans une salle de cinéma, celui qui détrône les autres, c’est sans doute la séance que j’ai vécue avec mes parents pour la sortie de Titanic. Encore très jeune, je me souviens avoir été subjugué, sans trop savoir pourquoi, par cette histoire d’amour.
Flora S. : Je me souviens du film d’animation Anastasia, vu quand j’étais enfant, qui m’a beaucoup marquée et que j’avais beaucoup apprécié car il est assez triste et pour l’enfant que j’étais, assez « choquant » de par ses thèmes.
Jules C. : Je n’ai pas de souvenir de mon tout premier film vu en salle. Mais ce dont je me souviens, et qui me semble le plus lointain, c’est de la sortie du Monde de Némo (j’avais déjà 6 ou 7 ans) qui était, par contre, le premier film de mon petit frère au cinéma. J’ai encore des bribes de souvenirs de la séance, de ma réaction originelle devant certaines scènes, que j’ai revues mille fois depuis.
Sarah A. : C’est très loin, Titanic…
Thierry D. : Ma mémoire étant particulièrement déficiente, impossible de m’en souvenir précisément. Cela a dû se produire à un âge précoce, car ma mère s’est chargée d’éveiller très tôt mon appétit cinématographique. Il est donc à peu près certain qu’il s’agit d’un dessin animé ; peut-être Oliver et Compagnie ou La Petite Sirène, compte tenu de leur date de sortie ? Le premier souvenir à peu près intact est Aladdin, qui reste subjectivement un de mes classiques Disney préférés – même si c’est loin d’être le meilleur.
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Votre meilleur souvenir en salles (toute raison est possible)?
Chloé M. : Mon meilleur souvenir en salles, c’est la projection de Mia Madre au festival de Cannes, je me souviens de l’attente fébrile avant d’entrer dans la salle, une amie d’amie d’amie courait dans tout le palais des festivals pour m’avoir une place, au dernier moment elle en imprime une, je passe les contrôles, on me demande de cacher mon badge (pas trop adapté à mon type de place), une fois assise dans la salle le film démarre immédiatement, c’est Nanni Moretti, on est à Cannes, c’est beau, je pleure…
Antoine D. : De nombreux souvenirs se bousculent : l’esprit de communion & d’effervescence avant Star Wars 7, l’euphorie et le cadre lorsque j’ai vu Spectre en AVP au Grand Rex avec le casting et ma meilleure amie, ma découverte dans un petit cinéma de quartier d’Apocalypse Now Final Cut.
Velvet Medusa : La sortie de la première partie de « ça » en 2018, le public était très réactif à l’humour de Pennywise.
Sébastien G. : Je pourrai citer beaucoup de souvenirs mais ceux que j’ai pu vivre en festival sont indéniablement les meilleurs. La séance d’Une Vie Cachée de Terrence Malick lors du festival de Cannes, avec Gwenn M., reste ancré dans ma tête. Un moment de bonheur indéfinissable, une sorte de sentiment d’emphase et de partage total.
Flora S. : Je ne saurais dire, mais je garde un excellent souvenir de ma séance de Skyfall, le James Bond, car le son était excellent et a donné une nouvelle dimension au générique chanté par Adèle. C’était un moment sublime.
Jules C. : Star Wars VII : Le réveil de la force, lors de sa sortie. J’étais avec un groupe d’amis, nous avions débarqué devant la salle près de 2h avant le début de la séance (à une époque où réserver son siège n’était pas encore possible), afin de s’assurer d’avoir les meilleures places pour contempler le grand retour de Star Wars au cinéma, 10 ans après la fin de la « prélogie ». Après 2h à jouer aux cartes assis devant la salle, lorsque les portes se sont ouvertes, nous avons fait le sprint de notre vie (pour devancer ceux qui attendaient à l’autre entrée de la salle) et atteint les places centrales de la salle. L’adrénaline mêlée de hype était à son paroxysme, et dès les premières notes de John Williams lors du générique, on savait qu’on allait assister à un moment exceptionnel. Le film est ce qu’il est, imparfait avec du recul, mais sur le moment, c’était magique.
Sarah A. : Revoir Titanic et Jurassic Park en salles, en 3D.
Thierry D. : Découvrir un grand film est, par définition, un bon souvenir, a fortiori lorsqu’il s’agit d’une œuvre que le grand écran sublime ; même si j’ai vu absolument tout ce que Woody Allen a réalisé, ses films ont forcément moins d’impact visuel qu’un western ou Gravity, par exemple. Mon souvenir le plus fort, et de loin, est la découverte de la version « Redux » d’Apocalypse Now, ressorti dans les salles en 2001. J’avais déjà vu le film, mais cette expérience fut pour moi un tournant cinéphile. Je peux affirmer sans exagération qu’elle changea à jamais ma vision du cinéma.
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Meilleur film et pire film vus en salles?
Chloé M. : Mon meilleur film vu en salle est sans aucun doute, Tout sur ma mère lors d’une projection dans le cadre de « Lycéens et apprentis au cinéma », ça a été un vrai choc, une révélation, la naissance de mon véritable amour pour cet art, en plus le film est numéro 2 dans mon top 10 depuis bien longtemps…
Mon pire film vu en salle, certainement Persona Non Grata, un film gênant, piteux dans lequel j’avais réussi à traîner d’autres gens, je m’en voulais un peu de leur avoir infligé ça alors qu’ils avaient accepté de me suivre pour me faire plaisir… Il n’y a rien de pire que de sentir qu’on déçoit, après bien sûr l’impression d’adorer un film et de ne pas être dans le même état d’esprit que son voisin, sa voisine…
Antoine D. : Ayant pu être à Lyon, berceau du cinéma, pendant une bonne partie de mes études, je ne compte plus le nombre de films qui m’ont enchanté au plus haut point. Mais je pense que si je dois répondre honnêtement, je dirais Zodiac, en copie 35mm à l’Institut Lumière. Voir ce film (qui est mon préféré de Fincher et qui a d’ailleurs lancé ma cinéphilie) qui plus est dans cet endroit, et avec le crépitement de la pellicule et ce grain si caractéristique à l’image, c’était juste magnifique.
Il y a peu de films qui peuvent se targuer d’être les pires que j’ai vus en salle. Mais dans cette catégorie, je suis indécis quant à mon aversion entre Avis de Mistral de Rose Bosch ou Resident Evil : Final Chapter de Paul WS. Anderson. Les deux m’ont révolté, rendu furieux mais dans un même temps, fait rire aux larmes tant leur naufrage (à tout point de vue) était à ce point empli de panache qu’il en devenait ridicule.
Velvet Medusa : Le meilleur film que j’ai vu en salle était Bohemian Rhapsody, ce n’est pas un film parfait, mais j’ai beaucoup aimé le regarder en salle. Le pire film regardé en salle a été Mother! de Darren Arnofsky. Je sais qu’on peut y trouver beaucoup d’interprétations mais pour moi… c’était la même recette que pour Black Swan, appliquée à une autre histoire et héroïne, le film n’a pas été particulièrement intéressant à mes yeux, comparé au thème de la folie développé dans Black Swan qui colle avec le choix de l’univers de la danse et de l’histoire personnelle de Nina Sayers.
Sébastien G. : Les films cités dans cette réponse seront récents, car j’ai surtout pu personnellement et financièrement profiter des salles de cinéma dans les années 2010. Le meilleur reste de très loin, Under The Skin de Jonathan Glazer, pour son expérience sensorielle indescriptible. Mais cette année, la ressortie 4K de Crash de David Cronenberg a été une redécouverte incroyable d’hypnose.
Pour le pire, je ne suis pas du genre à vouloir m’acharner sur un film. Mais Lucy de Luc Besson était une séance assez gratinée.
Flora S. : J’hésite entre Mommy de Xavier Dolan (où tout le monde avait les yeux embués et la gorge serrée en sortant de la séance) et The Grand Budapest Hotel (la fois où je jubilais sur mon siège tant je trouvais le film excellent).
Pire film: sans hésitation Métamorphoses de Christophe Honoré. J’avais proposé à ma mère de m’accompagner le voir avec moi et encore à ce jour elle m’en veut. Le film n’était vraiment pas bon et nous l’avons subi du début à la fin. Depuis ma mère a du mal à me laisser choisir le film à regarder ensemble.
Jules C. : Il était une fois dans l’ouest, de Sergio Léone, revu mais pour la première fois en salle à l’occasion d’une projection spéciale au Gaumont. Rarement une séance m’aura autant marqué, parce qu’émerveillé à chaque instant face à des scènes que je connaissais pourtant déjà par cœur. La musique d’Ennio Morricone, les travellings de Leone, les regards perçants des acteurs lors des gros-plans caractéristiques du film, tout ceci m’a bouleversé et percuté. Voir le duel final entre Charles Bronson et Henry Fonda sur grand écran, c’est, croyez-moi, l’une des plus belles expériences cinématographiques dont on puisse rêver.
Tarzan, de David Yates, mon premier film vu en IMAX. Sinistre baptême pour cette nouvelle technologie, dont j’ai pu depuis apprécier les avantages. Le souvenir de ce film, médiocre et insignifiant, se double du souvenir du prix de la place qui dépassait les 15€, à aucun moment justifiés vu l’inutilité de l’IMAX sur un blockbuster aussi pauvre.
Sarah A. : Le Seigneur des Anneaux : le retour du roi
Thierry D. : Même si c’est faire injustice à une multitude de chefs-d’œuvre que j’ai eu la chance de voir, je n’ai d’autre choix que de citer encore Apocalypse Now, pour les raisons évoquées ci-dessus. Cela reste mon film fétiche, je le considère parfait à tout point de vue. La prestation de Marlon Brando, en particulier, me laisse encore aujourd’hui sans voix. Son monologue final, largement improvisé, témoigne d’un tel génie qu’il éclipse tous les autres comédiens, alors que lui-même n’apparaît qu’à la fin du film. J’ai hélas vu beaucoup de navets, c’est le jeu… Mais j’ai la chance de les oublier rapidement !
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Pourquoi vous aimez (ou pas) la salle de cinéma?
Chloé M. : C’est le seul endroit où je me sente à ma place véritablement, où je peux regarder, écouter vraiment sans être moi-même vue, quelque chose de doux et d’intense à la fois où l’on est enfin tranquille, seul face à soi-même et aux images que l’on regarde.
Antoine D. : Je pense que mon amour envers la salle de cinéma, tient au fait qu’il s’agit du dernier endroit ou l’on procède à une réelle déférence envers le film. C’est une sorte de lieu de culte, où l’on respecte religieusement ce que l’on va voir. Et dans 99% du temps, toutes les personnes présentes à l’intérieur s’adonnent à la meme procession, au meme respect et c’est ce rituel, cette quasi habitude qui fait que j’aime la salle car celles et ceux se rendant encore en salles, perpétuent cet héritage.
En outre, il y a ce cadre qui renforce tout. L’idée de se plonger dans le noir, entouré d’inconnus autour d’un même objet ou d’un même film, ça crée une sorte de connexion qui survit dans la salle mais s’évapore dès lors qu’on regarde un film chez soi.
Velvet Medusa : Au début, c’était pour tromper l’ennui, puis j’ai aimé investir ma solitude dans la salle obscure. J’aime le fait d’expérimenter autant de « vies » à travers mes visionnages. Je plonge avec une relative facilité dans un univers en étant témoin de l’action, comme si j’y étais. Pour moi, le cinéma, c’est comme être en train de rêver, les yeux ouverts.
Flora S. : J’aime beaucoup aller au cinéma, même si je ne le fais pas souvent (pour des raisons pécuniaires principalement) car cela permet de soutenir le cinéma, les salles que l’on aime et ses artistes. C’est un moyen de passer du temps avec d’autres personnes en partageant une même passion, quand le public n’est pas irrespectueux bien entendu. C’est un moment de lâcher prise où, grâce aux installations techniques des salles de cinéma, on se laisse happer par une oeuvre. C’est ce laisser-aller du soi que j’aime tant.
Sarah A. : L’expérience différente, le grand écran et le son (j’aime). En revanche, les gens qui parlent tranquillement m’insupportent. Je n’aime pas les lunettes 3D : le verre est noir, et du coup les couleurs sont moins éclatantes. Le prix du billet est aussi fou (tout comme le reste : petit popcorn à 5 euros, etc.).
Thierry D. : Même si je regarde aussi énormément de films chez moi, sur « petit écran », j’adore la salle de cinéma. Etant un peu misanthrope, je n’évoquerais même pas le caractère social de l’expérience comme premier argument, même si l’échange peut être enrichissant. La salle de cinéma permet surtout de découvrir un film dans les meilleures conditions possibles et, ainsi, de lui faire honneur. C’est presque un moment religieux, une marque de dévotion pour moi.
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Qu’est ce qui fait que l’expérience de la salle est différente selon vous?
Chloé M. : On est totalement dans une bulle, et puis il y a cette odeur particulière du film, le parfum d’un spectateur, un je ne sais quoi presque imaginaire qui monte aux narines et qui colle parfaitement à ce moment-là au film projeté, quelque chose d’unique, un mot entendu, une réaction prise à la volée, le noir total, le moment consacré uniquement au film et à rien d’autre… c’est inégalé et inégalable.
Velvet Medusa : Il y a un lien entre les spectateurs d’une salle qui ne se connaissent pas, ne se parlent pas, mais qui pourtant communient autour d’un même objet de culte: l’art? le divertissement? je ne sais pas comment on le qualifierait, mais le film en salle est un objet de convoitise, de culte, d’admiration, tout ça à la fois. Il nous unit pendant la séance. Bien sûr, c’est aussi technique: un meilleur son, une meilleure image, parfois un débat après, c’est un lieu qui encourage l’émotion.
Sébastien G. : Comme beaucoup, j’aime ce sentiment d’abandon de soi pour une oeuvre. Allant souvent seul au cinéma, c’est comme si un dialogue commençait à s’immiscer entre le film et moi même. Une relation unique, où aucune tentation ne peut me faire détourner le regard. Au delà de la qualité (ou non) du support, c’est ce vide ou à l’inverse cette communion qui s’installe entre le spectateur et une oeuvre qui me fait encore y aller.
Jules C. : D’un point de vue purement pratique : la qualité logistique. Les sièges confortables, le noir complet, la sonorisation et l’écran géant. Pour la concentration, rien de mieux. La salle instaure une forme de rituel et de concentration collective qui poussent à ne pas détourner le regard de l’écran, ni à décrocher du film. Voir un film devant sa télé ou son ordinateur, présente toujours un risque de distraction (téléphone à portée, autres personnes qui vous sollicitent, etc.). La salle permet au mieux de se plonger dans un univers, et donc de s’imprégner de l’œuvre. Même un film qu’on n’aime pas, vu en salle, vous marquera plus durablement qu’un film apprécié vu dans des conditions moins « sérieuses ». Enfin, la salle, tout le monde le sait, permet une communion avec les autres spectateurs comme lors d’un concert ou d’un spectacle : on sent l’émotion, palpable, gagner une salle, tout comme on participe aux rires ou aux frayeurs. C’est une expérience sociale avant tout. C’est pourquoi l’expérience de la salle est unique ; non forcément « meilleure » que celle d’un film vu à la maison (quoique logistiquement, peut-être), mais différente, donc non négligeable, et même importante.
Sara A. : Le fait d’être dans le noir, de se déplacer pour un film, d’être en immersion pendant plusieurs heures.
Thierry D. : Elle est unique, irremplaçable. Comme elle est un lieu dédié au cinéma, elle nous oblige à consacrer toute notre attention au film que l’on est en train de voir, contrairement à l’expérience à la maison, où l’on est entouré de mille distractions. Ne pas se disperser, se vouer entièrement à une évasion filmique pendant une poignée d’heures : il n’y a plus beaucoup d’autres endroits où vivre une expérience semblable, dans ce monde de pollution sonore et visuelle.
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Quel est votre rapport au streaming en VOD?
Chloé M. : Disons que c’est un plus quand on vit loin des salles, quand on a moins de temps pour aller voir tel ou tel film, c’est un accès élargi à la culture depuis sa maison. Le revers de la médaille ? Le trop-plein, l’impression de ne plus pouvoir vraiment trier, sélectionner et de vouloir tout voir jusqu’à l’écœurement, mais aussi des contenus parfois moins pertinents, qualitatifs qui retirent aussi un peu plus de spectateurs chaque année des salles de cinéma… C’est donc à double tranchant : accès illimité, plaisir de prolonger l’expérience de la salle, de voir plus de choses, mais perte de sens parfois, éparpillement, perte en qualité.
Antoine D. : Mon rapport au streaming est ambivalent : d’un côté, je dois admettre qu’il s’agit là d’une manifestation de notre époque, désireuse d’accélérer inévitablement la facilité dans nos rapports à la consommation et à la culture. D’un autre, son influence massive me déçoit car pour beaucoup de jeunes d’aujourd’hui, c’est devenu la norme et il est difficile d’aller à contre courant. De facto, je suis partagé et je dois admettre que la direction prise par le streaming et la VOD induit l’idée que tôt ou tard, les salles n’auront plus leur place dans notre société.
Velvet Medusa : J’ai Netflix et j’apprécie avoir ce service, bien que je déplore parfois la pauvreté du catalogue. Les séries originales qu’ils produisent ne sont pas tout le temps bonnes, bien qu’apportant une diversité (ethnique et LGBT+ notamment) dans un monde cinématographique n’osant pas prendre beaucoup de risques même au niveau du genre (mis à part Marianne par exemple, je ne connais pas de séries françaises fantastiques, il doit bien y en avoir mais je n’en connais pas…). J’aime bien le fait de pouvoir y accéder à tout moment, et ne pas avoir à acheter des DVD (j’ai eu parfois la mauvaise expérience de voir qu’ils ne marchaient même pas). Mais je préfère nettement regarder un film en salle.
Sébastien G. : Au départ, mon rapport était assez distant. Etant un aficionado de la salle de cinéma et du support physique (Blu Ray/DVD), j’ai depuis, dans ma vie, opéré une sorte d’équilibre entre la VOD et la salle de cinéma. Même si la VOD a bon nombre de défauts, et se matérialise à mes yeux comme une sorte de déshumanisation à grande échelle de la diffusion même du cinéma, entrainant toute une génération de consommateurs (cinéphages) de grosses productions et non de curieux cinéphiles, la VOD est une porte d’entrée non négociable. A bas prix, ouverte presque à tous, de plus en plus diverse, et avec un large panel de films, il est facile de se forger des souvenirs, une culture, et pourquoi pas, une passion. C’est un équilibre que chacun doit trouver (ou non).
Flora S. : Je consomme énormément de streaming (VOD), car c’est moi qui choisis quand et comment regarder tel ou tel film. Cela permet de pallier les manques en terme de cinéma quand on habite en province ou à la campagne et d’avoir accès à plus de films d’horizons différents, vieux ou plus récents.
Jules C. : Je n’utilise aucune plateforme de streaming ni de VOD « classique », n’ayant jamais trouvé de catalogue correspondant à mes goûts. Netflix, Amazon Prime, Disney+, etc., m’ont toujours fait horreur. Depuis quelques mois, je me suis abonné à La Cinétek, qui est une plateforme formidable où pour moins de 3€ par mois, 10 films de patrimoine sont mis à la disposition des abonnés selon une thématique mensuelle. C’est la seule formule qui m’ait séduit, évitant l’overdose et l’effet « il y a tellement de choses que je ne sais plus quoi regarder », et proposant une sélection mensuelle équilibrée entre vieux films, très vieux films, de tous horizons et de tous genres. Pour le reste, je me rabats sur les DVD et les Blu-Ray auxquels j’attache toujours beaucoup d’importance.
Sarah A. : Je trouve ça pratique, car on est bien aussi chez soi, on peut mettre pause pour revoir ou réfléchir, il n’y a pas le bruit des autres gens. On peut revoir le film et en voir plein, on paie en fait par mois la moitié d’un ticket pour un seul film (les cinémas sont désertés surtout à cause du prix du ticket à mon avis).
Thierry D. : Comme beaucoup de gens, un rapport ambivalent. La VOD est, avant toute chose, un procédé destiné à concurrencer les autres formes d’accès à des œuvres filmiques ou télévisuelles. Comme toute concurrence, celle-ci entraîne certes un sain foisonnement créatif, mais aussi un affaiblissement des structures plus lourdes, en l’occurrence le cinéma. Aujourd’hui, il est selon moi nécessaire de protéger le cinéma en lui accordant un statut de patrimoine à défendre. Cela ne doit pas impliquer la mort du VOD ou d’autres canaux, mais une interaction plus contrôlée, plus respectueuse entre les différents acteurs de l’industrie.