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Dans Annie Colère, son troisième long-métrage porté par une Laure Calamy à vif, Blandine Lenoir (Zouzou, Aurore) pose un regard à la fois intime, lumineux et émouvant sur les destins oubliés des militantes du collectif MLAC, qui pratiquaient, à l'aide de la méthode Karman, des avortements avant leur légalisation par la loi Veil en 1975. Sensible et délicat, le film explore l'intime pour tendre vers l'universel sans chercher à imiter L'Événement d'Audrey Diwan sorti l'année dernière.
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Après avoir interprété la jeune Simone Veil dans le biopic éponyme d'Olivier Dahan, Rebecca Marder revient à l’affiche du drame De grandes espérances, second long-métrage de Sylvain Desclous. Elle y joue Madeleine Pastor, étudiante brillante et ambitieuse destinée à une haute fonction politique. Hantée par un meurtre malencontreux, celle-ci va peu à peu s’enliser dans ses mensonges censés disculper son amant (Benjamin Lavernhe) et ce jusqu’à perdre son poste de conseillère auprès d’une ancienne ministre campée par Emmanuelle Bercot.
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Porté par le cri incandescent de l’actrice Lubna Azabal, Amal, un esprit libre dénonce avec force les défaillances de tout un système éducatif impuissant face à l’intégrisme qui gangrène et fracture nos sociétés. Dans cette œuvre éminemment politique à l’actualité brûlante, Jawad Rhalib brosse le portrait enflammé d’une enseignante de littérature abattue par la radicalisation latente d'un groupe d'élèves et en rage contre l’inaction de son établissement. Tout comme son personnage-titre, le cinéaste belgo-marocain veut croire en les vertus citoyennes de l’école laïque, mais donne surtout à voir les solitudes, les anxiétés et les espoirs des jeunes, ces adultes en lointain devenir hélas livrés à eux-mêmes.
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Premier long-métrage d’Anaïs Tellenne, L’Homme d’argile est un conte existentiel, onirique et sensuel sur le pouvoir expressif du regard et la monstruosité des illusions. Dans cette relecture contemporaine et romantico-mélancolique du mythe de Pygmalion et Galatée, la jeune réalisatrice met en scène l’histoire d’amour impossible d’Emmanuelle Devos et Raphaël Thiéry, l’une artiste plasticienne en panne d’inspiration, et l’autre son étrange créature-muse au masculin. Toute la beauté du film réside dans la métaphore chimique et l’éclat déchirant de leurs deux visages, qui, enfermés dans un manoir hors du temps, oscillent constamment entre pudeur et désir, ennui et admiration. D’un bout à l’autre, tout sonne juste. Une vraie réussite.
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Pour son premier long-métrage de fiction, Stéphane Marchetti a choisi d’emprunter la voie du thriller afin de raconter l’enfer des routes migratoires, sujet qui lui tient à cœur depuis le documentaire Calais, les enfants de la jungle. Porté par une solide Florence Loiret-Caille dans le rôle d’une femme fissurée et criblée de dettes qui, malgré elle, va profiter de la détresse des réfugiés clandestins, La Tête froide rappelle qu’aider l’autre à traverser la frontière est une manière de se sauver soi-même.
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Dans Léo, Jim Capobianco et Pierre-Luc Granjon animent de magnifiques marionnettes qui racontent la période française et dernier chapitre de la vie du maître de la Renaissance. Rejeté par l’Église et par ses pairs, De Vinci, artiste des machines et de la science alors à l’apogée de sa carrière, quitte Rome pour s’exiler à Amboise où il est nommé premier peintre, ingénieur et architecte du jeune roi Francois Ier. Tombée amoureuse des grandes vertus du génie florentin, la princesse Marguerite de Navarre devient sa protectrice et confidente. Se dessine ici une fable chatoyante et poétique aux images somptueuses sur les cruels mécanismes du mécénat et les dissemblances qui opposent l’humilité de la connaissance à l’orgueil et à l’avidité du pouvoir. 
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Quatre ans après le succès des Scènes fortuites, Niagara, second long-métrage de Guillaume Lambert projeté en ouverture du festival Les Œillades d’Albi, prend les traits d’un road-trip tragi-comique funambulesque et touchant qui vient affiner le style décalé du comédien, auteur et scénariste québécois, offrant ici à son trio d’acteurs en détresse une partition burlesque très contrastée, toujours à la croisée du drame absurde et de la comédie dépressive.
Le premier long-métrage de Romane Guéret et Lise Akoka - Les Pires - constitue une réflexion autour du déterminisme qui règne (encore) largement au cinéma. S'il ne parvient pas totalement à convaincre, le film fait l'effort de se confronter à une réalité (sociale) trop souvent ignorée par le cinéma, en offrant à celle-ci l'écrin cinématographique qui lui manquait pour s'exprimer.