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Cannes 2018 : Les scènes marquantes du Festival

Après quinze jours trépidants, le Festival de Cannes 2018 se termine et va fermer ses portes. Mais la sélection officielle, comme les sections parallèles, ont laissé de nombreux souvenirs aux festivaliers. Des rires, des larmes, des coups de cœurs, de la colère… Les films dévoilés cette année n’ont pas laissé insensibles nos deux chroniqueurs Gwenaelle Masle et  Sébastien Guilhermet.

Pour ce faire, voici un petit récapitulatif des scènes marquantes, pour le meilleur et pour le pire, de ce Festival de Cannes 2018, qui aura apporté, comme chaque année, son lot de surprises et d’émotions.

Meilleure scène de danse : Climax, de Gaspard Noé.

Climax n’est pas le chef d’œuvre attendu de Gaspard Noé mais confirme une nouvelle fois le talent incroyable de mise en scène du cinéaste. Filmant une scène de danse d’au moins 15 minutes, sa caméra sublime toujours les corps en mouvement au rythme des chansons électroniques et propose une immersion totale dans l’univers de ces danseurs, réunis pour faire la fête. Elle est l’une des rares scènes chorégraphiées et préparées pendant le tournage de 15 jours et l’on comprend aisément pourquoi quand on la découvre, yeux grands ouverts.

Meilleure scène de sexe : Under the silver lake, de Robert David Mitchell.

Dans un festival de Cannes, il y a toujours une scène de sexe qui marque la rétine. Pourtant, cette année, ces scènes ont pour la plupart du temps été mortifères, violentes et déshumanisés. Celle d’Under the Silver Lake, est tout le contraire, s’avère même plutôt drôle et clinique dans son découpage : un petit coup vite fait bien fait alors que nos tourtereaux regardaient la télévision dans le même temps.

Meilleure histoire d’amour :

Gwennaëlle Masle : Carmen y Lola, de Arantxa Echevarría

C’est à travers des regards et un baiser d’essai que les deux adolescentes se découvrent pour la première fois. Puis, de rendez-vous secrets à la découverte d’une certaine tendresse et sensualité, leur histoire interdite s’envole et touche le public avec délicatesse. Cette romance homosexuelle entre les deux gitanes est une belle parenthèse dans ce Festival de Cannes et provoque un bain d’émotion. Toutes en silence et en suggestion, les deux jeunes femmes nous offrent tout leur amour.

Sebastien Guilhermet : Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré

Ce festival de Cannes s’est attaché à montrer l’amour sous toutes ses coutures. Et l’amour, même fugace, entre Arthur et Jacques a été l’un des grands moments de ce festival. Tout en douceur et gravité, cet amour existant malgré la maladie est teinté d’une vraie liberté de ton et d’une réelle drôlerie.

Meilleure scène de meurtre :

Gwennaëlle Masle : Un couteau dans le cœur, de Yann Gonzalez

Ce premier crime laissait présager un énorme film de Yann Gonzalez. Ambigu, mystérieux et brut, l’acte révèle directement au spectateur la série B dans laquelle il s’embarque. Feintant le début d’une scène de sexe, le film s’ouvre au contraire sur un meurtre froid, douloureux et visuellement percutant.

Sebastien Guilhermet : The house that Jack built, de Lars Von Trier

Choquant et déroutant, The House That Jack Built de Lars Von Trier a marqué les esprits par sa folie machiavélique et narcissique. D’une grande noirceur, mais contrebalancé par ses effets burlesques hilarants (les TOC), le segment nommé « deuxième incident » est à n’en pas douter une scène inoubliable.

Scène la plus drôle :

Sebastien Guilhermet : Le monde est à toi, de Romain Gavras

Le Monde est à toi est l’une des meilleures comédies de l’année, à n’en pas douter. Le duo que forment Isabelle Adjani et Vincent Cassel est détonnant entre la bêtise complotiste de l’un et l’exubérance maladive de l’autre. C’est un régal de tous les instants, surtout que lorsque le personnage de Vincent Cassel parle dans le vide.

Gwennaëlle Masle : Le grand bain, de Gilles Lellouche

Il est difficile de choisir la scène la plus drôle du film tant les blagues y sont omniprésentes et toutes plus hilarantes les unes que les autres. Que ce soit les expressions de Benoit Poelvoorde, la tyrannie de Leïla Bekhti ou Almaric en quarantenaire déprimé, nombreux sont les éclats de rire déclenchés par le film. Lorsqu’Amanda, en fauteuil roulant, menace la bande de mecs de se lever pour leur en coller une, le public est hilare. C’est gros, c’est déjà fait et pourtant, ça reste très drôle.

Meilleure scène de bagarre : Les éternels, de Jia Zhang-ke

Étant l’un des meilleurs films de la sélection officielle de ce festival de cannes 2018, Les Eternels aura aussi fait parler de lui grâce à sa séquence de bagarre monumentale. La seule du film qui plus est. Un choc, les coups pleuvent, les lumières scintillent de mille feux, la caméra fait crépiter toute la violence et le bruit assourdissant des coups. Intense. Brutal.

Meilleure scène de larmes : Girl, de Lukas Dhont

Girl a déchiré des cœurs et fait lever la salle lors de sa projection en Debussy où tous, étions débout pour saluer le grand premier film de Lukas Dhont. Mettant en scène une ado transsexuelle, avec qui, son père entretient une relation pleine d’affection et de compréhension, les échanges entre les deux marquent le film d’une grande empreinte et livrent une des scènes les plus bouleversantes du film.

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 Meilleure scène musicale :

Sebastien Guilhermet : Leto, de Kirill Serebrennikov

Par son immense mise en scène, et son noir et blanc éclatant, la communion entre les personnages et la musique est l’un des charmes de Leto, notamment durant cette première scène solaire sur la plage faite de joie et de découverte.

Gwennaëlle Masle : Les filles du soleil, de Eva Husson

Il est de ces chants de combats qui donnent les frissons et bousculent l’esprit. Celui là, chanté par les femmes et rappelant leur slogan fort « La paix, la vie, la liberté » est essentiel dans ce film. À la manière de La belle saison et son hymne du MLF résonnant dans l’amphithéâtre, leur courage et leur volonté sont autant saisissants dans leurs regards remplis de détermination que dans leurs voix, pleines de rage.

Meilleure scène de dispute :

Gwennaëlle Masle : Carmen y Lola, de Arantxa Echevarría

Même si aucun prix ne lui a été décerné, Carmen y Lola aura bel et bien marqué de son empreinte cette 50ème Quinzaine des réalisateurs, notamment par le sujet qu’il aborde. Le film propose l’une des scènes les plus bousculantes de ce festival avec la découverte de l’homosexualité de Lola par ses parents, gitans. S’en suit une scène de cris, de larmes et de déshumanisation totale de la jeune femme reniée par son père et emmenée de force au culte pour confesser son pêché. À ce moment là du film, l’émotion est intense et l’empathie grande tant on absorbe la douleur de la jeune femme, impuissante face à tant de haine.

Sebastien Guilhemet : Wildlife, de Paul Dano

L’un des duos les mieux incarnés de ce festival est celui, passé par la semaine de la critique, dans le film de Paul Dano, Wildlife. Ce qui donne cette scène assez impressionnante, aussi prévisible que déchirante, lorsque le personnage de Jake Gyllenhaal revient du feu et se retrouve nez à nez devant celui de Carey Mulligan après quelques mois de séparation.

Meilleure scène :

Sebastien Guilhermet : Burning, de Lee Chang Dong

Burning est sans doute l’un des sommets de ce festival. Durant ces 2h30 qui passent à une vitesse folle, il  n’est pas possible d’oublier une scène en particulier : où Haemi, sous l’effet de l’alcool et du cannabis, danse dans le jardin de la maison. Magnifique séquence tant sur le plan visuel que sur le plan thématique où la jeune fille s’oublie pour se libérer de sa propre condition.

Gwennaëlle Masle : Les Filles du soleil, de Eva Husson

Malgré le retour très négatif de la critique envers le film, Les filles du soleil reste une fiction bouleversante pour encore quelques âmes sensible à cette œuvre. Émouvant du début à la fin et fort, la scène de grâce du film reste tout de même celle de l’évasion des femmes lors du flash-back de Bahar. Après avoir passé les gardes de justesse, son amie sur le point d’accoucher traverse l’un des moments les plus difficiles du film, devant lutter, corps et âme, pour retenir encore son bébé quelques mètres. Bahar l’accompagne dans cette épreuve avec des mots incroyables qui rappellent l’importance de leur combat pour la liberté, et la nécessité, vitale, de fuir.

Scène la plus ratée :

Sebastien Guilhermet : Donbass, de Sergei Loznitsa

Des scènes qui forcent le destin, il y en a eu un paquet durant ce festival. Notamment dans le bancal mais explosif Donbass. Aussi burlesque qu’allégorique, la scène de mariage tire en longueur comme jamais et s’effrite de minutes en minutes par la grossièreté de ses traits propagandistes.

Gwennaëlle Masle : Asako, de Ryusuke Hamaguchi

Asako a laissé un goût amer dans la bouche. Film et personnages fades, il a vraisemblablement livré l’une des scènes les plus fausses du festival. Basant son histoire sur les fantômes d’un premier amour, le spectateur s’attend à des retrouvailles chaleureuses et passionnelles pour n’obtenir qu’un simple « J’aime Ryohei – D’accord » Brève, faible, terne, la scène attendue durant tout le film est certes une grande surprise de la part du réalisateur mais surtout un gros raté.

Personnage préféré du Festival :

Sebastien Guilhermet : Le père de Lara dans Girl de Lukas Dhont

Girl est l’un des films les plus émouvants de ce festival de Cannes 2018. Derrière le portrait de cette jeune fille qui est née dans un corps d’homme et qui veut devenir une danseuse, c’est aussi et surtout le personnage du père qui s’avère magnifique. Bienveillant, sincère et stressant, il accepte la transsexualité de sa fille et se bat corps et âmes pour son avenir. D’une grande poésie.

Gwennaëlle Masle : Yasmina dans A genoux les gars,

Il aurait été facile de dire que le personnage préféré du Festival de Cannes reste Cate Blanchett, l’incroyable Présidente du Jury, qui, on l’espère, remettra une belle Palme d’or samedi 19 mai. Mais d’un point de vue purement fictionnel, un des personnages marquants de ce festival reste Yasmina dans À genoux les gars. Épatante de liberté, elle brise tous les complexes et les tabous de la société avec un naturel totalement charmant. Elle se veut la voix de beaucoup de femmes en cette année particulière, l’actrice est remarquable par sa performance.

La déception du festival :

Sebastien Guilhermet : Un couteau dans le cœur, de Yann Gonzalez

Dans une sélection officielle qui a vu beaucoup de films avec des intentions politiques et sociales, ça faisait plaisir de voir enfin un film qui s’attelait à montrer un cinéma de genre débrider. Le film tient la route, certes, mais au vue des attentes escomptées, Un couteau dans le cœur s’avère bien consensuel et manque de vigueur horrifique.

Gwennaëlle Masle : Plaire, aimer et courir vite, de Christophe Honoré

Plaire, aimer et courir vite avait tout pour être un film fort de cette 71ème édition. Un casting masculin brillant, un sujet fort et un réalisateur qu’on adore. Pourtant, le film sombre dans les clichés là où l’on attend une belle histoire d’amour. Il n’en reste pas moins bon et efficace mais ce n’est pas ce à quoi on pouvait s’attendre.

La surprise du festival :

Gwennaëlle Masle : En liberté !, de Pierre Salvadori

En liberté !  n’était pas vraiment prévue dans notre programme cannois des films que l’on attendait et voulait absolument voir. Pourtant, prendre du temps pour l’imprévu parfois a ses bons côtés et son lot de surprises. Le film révèle une Adèle Haenel étonnante et rayonnante en flic veuve essayant de réparer les erreurs de son mari, mort en héros. De gags en gags, le film reste d’une grande humanité et fait rire des salles entières.

Sebastien Guilhermet : Mandy, de Paul Cosmatos

Cette année, la quinzaine des réalisateurs a été une des sections les plus prolifiques en coup de cœur. Faisant partie de cette catégorie : Mandy de Panos Cosmatos, qui offre à ses spectateurs à la fois un délire 70’s démoniaque et un « Nicolas Cage movie », débridé, comique et violent à souhait. Un plaisir cinéphilique sans pareil.