Direction la Nouvelle Orléans, peu après le passage de l'ouragan Katrina...
Après The Corner, The Wire, Generation Kill et Show Me A Hero, le cycle HBO du MagduCiné vous propose de revenir sur une autre grande fresque télévisuelle de David Simon, Treme, ici co-signée par Eric Overmyer. Retour sur ce récit de naufragés urbains qui feront rebattre le coeur de la ville en préservant et en animant, chacun à leur échelle et selon leur situation, sa culture.
Cycle HBO
Cycle HBO
Oz, The Wire, Six Feet Under, Deadwood, Les Soprano : fin des années 90, début des années 2000, HBO a posé les premiers jalons de la téléfiction moderne. Depuis, cette chaîne payante américaine s’est imposée comme un modèle dans la création de séries télévisées, avec en point d’orgue la spectaculaire Game Of Thrones. Au Mag du Ciné, on a décidé de retourner aux sources et de redécouvrir ces œuvres qui ont tout bouleversé – mais aussi leurs dignes héritières.
La souffrance est un objet tranchant dont on peut retourner la violence contre soi, ou contre ceux qui ne sont pas nous. Sharp Objects observe le sang poisonneux qui en découle et vient tâcher les portraits familiaux que le passé confine dans un couloir labyrinthique.
Cette année, la série humoristique culte Veep a fait ses adieux aux téléspectateurs. Une immersion hilarante dans l'univers politicien américain doublée d'un engagement féministe pertinent et nécessaire. Dans le cadre notre cycle HBO, on revient sur les aventures de la vice-présidente Sélina Meyer qui signent un modèle de série mockumentaire, genre popularisé par The Office et Parks and Recreation. Le jeu entre caméra et le malaise ont encore de beaux jours devant eux.
Le créateur de la série tentaculaire Lost et de la tant attendue nouveauté Watchmen, Damon Lindelof, est aussi à l’origine de l’une des plus grandes séries de la décennie : The Leftovers, inspirée par un roman de Tom Perrotta. Une oeuvre, qui derrière une trame post 11 septembre, devient un miroir indéfinissable sur le deuil et un reflet sur les plus grandes peurs de notre société.
L'intérêt est à la fois cinématographique, narratif et social : une série peut œuvrer, si on lui laisse le temps, à rendre accessibles et emballantes les longues litanies de public sénat ou de la chaîne parlementaire. Dans ces hémicycles, pas de super héros, quelles que soient leurs formations politiques ou leurs idéologies, mais des technicien(nes), des prises de têtes et des places que peu de personnes accepteraient de prendre si facilement, au final.
"Les Soprano" est (au moins) une triple immersion : au sein de la mafia du New Jersey, dans la famille nucléaire Soprano, dans l'esprit du parrain Tony. David Chase y portraiture une galerie de personnages hauts en couleurs, appelés à se croiser et à se révéler dans une gradation maîtrisée de la psyché humaine.
Les colères homériques d'Ari Gold, les conquêtes féminines de Vincent Chase, le cœur en guimauve d'Eric Murphy, les ambitions déçues de Johnny Chase, les velléités de Turtle : "Entourage" est plurielle et chorale, portée tant sur l'amitié que sur le système hollywoodien, parfois cynique et souvent hilarante, aussi bien dialoguée que servie en guest stars. Un plaisir, même pas coupable.
Guerre il y a dans Generation Kill, mais très peu de contacts directs. Confinée dans des véhicules blindés sillonnant les parties plus ou moins accueillantes du pays, l’unité dépeinte semble constamment séparée du terrain par une frontière infranchissable. Y compris lors des échanges de feu nourri, où deux territoires (l’Irak, les soldats U.S) semblent entrer en collision sans jamais former un terrain d’affrontement à proprement dit. Ce n’est pas des mondes qui se confrontent, mais deux dimensions parallèles qui se frottent : tout semble s’opérer par interface interposée. Même les morts (et les bavures), pourtant l’inévitable corollaire de la guerre, se trouvent d’abord déréalisés par le dispositif.
Tom Fontana révolutionne la petite lucarne avec "Oz". Dans une unité expérimentale baptisée Emerald City, des détenus vont et viennent dans un espace restreint selon leur bon vouloir. Les gardiens se livrent à une vision panoptique du lieu, le communautarisme va bon train et la perdition s'accroche aux prisonniers comme une seconde peau. C'est radical, politisé et gorgé de testostérone.
The Corner signe la genèse de ce qui constituera le chef d'oeuvre de David Simon "The Wire". La série de HBO auto-adaptée de son enquête sur les "Corner" de Baltimore est un bijou de réalisme brut, de sociologie fine. Un incontournable à voir et à revoir.
Certes, Deadwood, c'est du western. Mais ici, pas de grands héros justiciers chevauchant au soleil couchant vers les décors splendides de Monument Valley. Deadwood, c'est la boue, la crasse aussi bien dans les rues que dans les âmes. Retour sur 36 épisodes qui changent notre vision de la fondation de l'Amérique.
Revoir une série du calibre de Six Feet Under a quelque chose d’à la fois émouvant, pertinent rétrospectivement, et, avons-le, un peu intimidant. Retour, à l'occasion de notre cycle HBO, sur l’une des séries les plus appréciées de tous les temps, aussi brutale émotionnellement que légère et salutaire.