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Les Fous De Pilotes #1 : Narcos Mexico, 1983, Dogs, Beat, …

Polis Massa Redacteur LeMagduCiné

Zoom sur les pilotes de Novembre 2018, avec une sélection de séries à ne pas manquer ou à zapper. Au programme, le retour de Narcos, mais aussi des nouveautés avec la création originale polonaise 1983, Beat, la série allemande d’Amazon Prime, Escape at Dannemora, la première série de Ben Stiller, ou encore Origin avec Tom Felton et Natalia Tena.

Chaque mois, la rédaction vous proposera désormais une sélection de pilotes. En effet, les séries, qui prennent de plus en plus d’importance au fil des ans, se démultiplient et nous offrent parfois de magnifiques surprises, mais nous réservent également de grandes déceptions. Alors, comment bien choisir les shows sur lesquels jeter son dévolu dans ce climat où les choix sont si nombreux et les supports de diffusion si variés qu’on ne sait souvent plus ou donner de la tête ? Pas de souci, les sérivores du MagduCiné se sont fixé pour mission de guider les lecteurs dans cette lourde tâche. Commençons avec les pilotes de novembre : quelles séries regarder sous son plaid à l’approche des fêtes ? Un air hivernal souffle sur le petit écran avec Escape at Dannemora, tandis que Beat plonge le spectateur dans un Berlin froid et débauché. Et la chaleur, dans tout ça ? Peut-être se trouve-t-elle dans Dogs, la nouvelle docu-série Netflix sur nos amis à quatre pattes !

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« Dogs », la docu-série mignonne sur les chiens

Lancée le 16 novembre dernier sur Netflix, cette série documentaire en six épisodes retrace six histoires différentes, se déroulant dans divers pays du globe. L’idée est de montrer le lien qui unit les humains à nos amis à quatre pattes, souvent réputés pour être « le plus fidèle ami de l’homme ».

Ces épisodes, bouclés, peuvent se regarder dans le désordre, au gré de nos envies. Ici donc, pas d’épisode pilote dans le sens strict du terme, mais seulement six tranches de vie, portées à l’écran dans un style qui oscille parfois entre documentaire et réalité scénarisée.

Le premier épisode nous parle de Corinne, jeune fille épileptique, dont la vie est en péril. Au début de l’épisode, sa mère explique d’ailleurs qu’elle dort avec sa fille, de peur qu’elle ne s’étouffe en pleine nuit, tandis que sa jeune sœur (tristement délaissée) raconte qu’il est indispensable de rester avec Corinne en toute circonstance, au cas où une crise se déclarerait. L’épisode nous campe donc une situation difficile, entre une fillette à l’autonomie restreinte parfois soumise à d’importants pics de colère ; et des proches inquiets, totalement accaparés par la situation. Un chien serait-il la solution pour alléger le quotidien de tous, et leur apprendre à mieux naviguer dans cette vie parasitée par l’épilepsie et l’angoisse ?

Malheureusement – et c’est là que le bât blesse –, l’épisode ne répondra jamais à cette question, préférant s’éparpiller, tantôt à suivre Corinne et sa famille, tantôt en digressant sur l’association canine qui fournit ces fameux « Service Dogs » aux patients, ou encore en amorçant des arcs sur des personnages tiers, comme une petite fille avec des difficultés motrices, ou encore un garçonnet autiste. Au final, Corinne et son chien ne seront réunis qu’après 30 minutes de reportage, filmés dans des scènes du quotidien sans réel intérêt, et leur lien ne sera jamais réellement développé.

Reste à voir si les cinq autres histoires mettront davantage les chiens au cœur de leur récit, et exploiteront pleinement la notion d’amitié et de complicité qui les unit à leur maître.

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« Escape at Dannemora », une série envoûtante signée Ben Stiller

Lancée le 18 novembre dernier sur Showtime, cette minisérie présente des arguments de poids, avec son réalisateur de renom (Ben Stiller), son casting quatre étoiles (Benicio del Toro, Paul Dano, Patricia Arquette ou encore David Morse) et son histoire rocambolesque tirée d’une histoire vraie, qui raconte l’évasion de deux détenus condamnés pour meurtre parvenant à s’échapper grâce à l’aide d’une gardienne de prison avec qui ils entretenaient des relations sexuelles.

De bonne facture, le pilote brille d’emblée par sa réalisation solide : entre Fargo et True Detective, la série nous entraîne, avec une photo assez sombre, dans une région sinistre et enneigée, et nous plonge dans le quotidien morose d’un établissement pénitentiaire terne et déprimant. L’ambiance est posée, le travail sur le climat et sur l’atmosphère se ressent d’emblée, la fiction, très immersive, nous propulse dans un réel univers.

La narration, qui prend le parti de mélanger plusieurs temporalités, contribue à instaurer un certain mystère, ce qui est d’autant plus remarquable que l’intrigue est tirée d’une histoire vraie, connue de tous, du moins aux États-Unis où ce fait divers avait défrayé la chronique. Difficile donc d’entretenir le suspense et de trouver à un dispositif narratif qui entretienne la dramatisation.

Les acteurs sont convaincants, Benicio Del Toro en tête. Le comédien brille une fois de plus par sa force tranquille et son calme déstabilisant,  en livrant une composition qui oscille entre sérénité absolue et menace latente permanente, dualité qui se saisit dans ses moindres gestes et regards. Ce paradoxe, qui se retrouve également dans son allure, à la fois ronde et nonchalante, presque féminine, et pourtant redoutablement imposante, fait de lui le pilier de ce récit, et contribue à entretenir ce sentiment d’insécurité, d’excitation et de secret qui flotte au-dessus de cette prison, dont bien des rouages restent à découvrir.

Malgré une certaine lenteur, le pilote parvient donc à nous accrocher grâce à la qualité de sa mise en scène, son esthétique, l’intrigue romanesque qu’il amorce, mais également la force de ses héros.

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« Narcos Mexico », la sérié emblématique de Netflix, nous embarque au Mexique pour sa quatrième saison

Après le succès planétaire de Narcos, Netflix lance la petite sœur de la série avec Narcos Mexico. Fini, la Colombie et Escobar, place cette fois au crime organisé et à la guerre des cartels mexicains.

L’intrigue, qui se déroule dans les années 80, se focalise sur l’ascension de Felix Gallardo, baron de la drogue, dans un contexte où les trafiquants locaux manquaient encore d’organisation. L’intérêt du pilote réside donc dans les jalons qu’il pose à l’intrigue, les enjeux politiques et économiques qu’il décrit, la période qu’il dépeint, ainsi que dans la manière dont il expose ses personnages, entre un narcotrafiquant aux dents longues dont l’ambition le conduira à construire un véritable empire, et un agent de la DEA un peu naïf, fraîchement arrivé dans la ville de Guadalajara, prêt à endosser ses nouvelles missions, sans se douter du challenge qui l’attend. Rien de neuf, mais la recette fonctionne toujours.

Le premier épisode reste somme toute très didactique, puisqu’il est difficile d’exposer au spectateur les origines de la « War on Drugs » en si peu de temps. De fait, l’introduction prend parfois des allures de cours d’histoire en accéléré, et les personnages, très nombreux, nous sont présentés rapidement. L’installation est donc à la fois laborieuse et survolée, ce qui semble malgré tout normal pour une série de cette envergure, qui se doit de raconter une histoire vraie sans pour autant oublier de nous divertir d’emblée, pour nous accrocher.

Le pari semble à moitié réussi, puisque le foisonnement d’informations est parfois usant et le personnage du policier met du temps à gagner notre sympathie, voire à attirer notre attention. En revanche, Felix Gallardo, interprété par Diego Luna, s’impose rapidement comme la force et le moteur de cette série, notamment grâce à son assurance à toute épreuve, son culot et sa ruse, qui en font un véritable héros de série, dont le public a envie de suivre les aventures. La personnalité de ce narcotrafiquant, aussi charmant que dangereux, à la fois ambitieux et imprévisible, intrigue et séduit, ce qui est un élément assez accrocheur. L’ascension de cet homme promet d’être mouvementée, et sa rencontre avec le policier Kiki Camarena n’en est que plus attendue.

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Les avis sur les séries Narcos, Dogs et Escape at Dannemora sont de Marushka

« 1983 », une première production polonaise Netflix, basée sur un monde dystopique, à l’esthétique cyberpunk

Pravda et plomo. On peut remercier Netflix de nous faire découvrir des séries qui ont pour mérite de nous changer de l’anglais. Alors que Narcos et ses consonances sud américaines nous ont fait découvrir les coulisses des guerres de cartel, 1983 nous fait mettre une parka à double-ventilation, direction la Pologne soviétique et son hospitalité chaleureuse.

Regarder ce pilote est un vrai régal et j’ai l’impression de suivre mes cours d’histoires avec Lech Walesa en voix-off. Les acteurs ont des vraies gueules de polonais et ne rien comprendre à leur langue nous fait étonnamment rentrer dans un univers qui est si peu connu. L’environnement est froid, sombre et oppressant dans cette Pologne communiste qui ne semble n’avoir jamais vu le soleil. Les deux temporalités énoncées, soit 1983 et 2003, nous présagent d’ores et déjà de bons twists sympas comme avait pu nous offrir sa voisine Dark. La version un peu manichéenne, entre figures dictatoriale et révolutionnaire, n’est pas trop prononcée.

Tous les personnages semblent être aussi obnubilés que terrifiés par les hautes instances, les dialogues s’interrogent sur le fondement même de la politique dictatoriale, des notions de vérité, de justice et de domination presque divine. Et on est, nous aussi, curieux de cette entité que semble être l’État, mais sur qui on n’a pas le droit de mettre de nom. L’équivalent d’un Voldemort polonais avec une tenue soviétique. Et c’est donc une réussite pour le pilote de 1983 qui met en place une ambiance pesante comme dans Counterpart, dans un univers qui pue la trahison, l’espionnage et le jeu de pouvoir. J’aurais presque envie d’apprendre le polonais avec Babbel !

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« Beat », la série berlinoise à la découverte de l’underground, au programme : drogue, sexe, trafic et techno

Robert Schlag est un promoteur de soirées berlinoises, sans attache, sans argent, sans lendemain, vivant comme un marginal en tapant du pied 12 heures par jour et en récupérant les 12 autres. Beat donne le tempo dès le début du pilote et annonce la couleur de la soirée : il y a du son (et du bon) et beaucoup de peuple.

Une série sur le monde de la nuit berlinoise ne pouvait commencer sans des gros kicks et de la débauche. L’univers est sombre, dark, sorti des sentiers battus, un Berlin froid, et un jeune autodidacte et libéré, balayé en plein peak time par la réalité. Car l’after qu’est sa vie s’arrête la nuit où deux cadavres sont accrochés au plafond du club underground berlinois dont il est le fournisseur officiel de plaisir : drogue, sexe, gros Twix des familles. Le génie d’Aladdin qui écoute du Ben Klock dans sa lampe. Les lumières se rallument, les yeux picotent, la soirée est finie, le pilote prend une direction policière. Et avec, son lot d’intrigues, de personnages et d’enjeux : le personnel du club, les policiers, le SAI, … les protagonistes arrivent au compte-goutte comme la foule d’un club qui s’empresse pour voir se produire la tête d’affiche. Et la série étant allemande, ça fait beaucoup de consonnes à retenir alors soyez attentifs.

Mais, comme dans toute soirée, il y a toujours un connard relou qui a trop bu et qui fait chier tout le monde. Dans le rôle de ce relou de soirée, on retrouve Jasper qui a deux points communs avec Hitler (oui, désolé pour le point Godwin). Le premier est sa coiffure, la petite mèche sur le côté avec sa tête de crapaud fait de lui un gros babtou de la RDA. Le second, c’est qu’il chouine. Hitler a chouiné parce qu’il s’est fait recalé des beaux-arts de Vienne, lui chouine parce qu’il dit s’être fait victimiser pendant son enfance et souhaite sa revanche. Une motivation bien terne et un personnage qui semble aussi fragile qu’un Kinder Surprise réchauffé pour en faire une vraie menace à mon goût. Mais qui a dit que la soirée s’arrêtait après un after ? Alors embarquons pour une autre soirée.

3.5

« Origin », la nouvelle série Youtube, écrite par Mika Watkins et réalisée par Paul W.S. Anderson

Origin, c’est un peu un mélange d’œuvres de Science-Fiction. Un huis-clos spatial à la sauce Alien, un univers sur la Terre qui rappelle celui de Blade Runner ou plus récemment Altered Carbon pour ne citer qu’eux. Le problème, c’est qu’ils ont récupéré les idées et ont oublié une chose : la qualité. Le synopsis est pourtant simple : plusieurs personnes se réveillent dans un endroit inconnu. Sauf que l’endroit est un vaisseau spatial, l’Origin, et qu’une menace leur pèse dessus parce que … plus personne n’est là. Bon, ça ne casse pas trois pattes à un canard, mais avec un peu de cuisson, ça peut se déguster. Sauf que l’assaisonnement n’est pas vraiment fameux.

Les personnages sont aussi fades qu’un hachis parmentier lyophilisé de la NASA, ils ne procurent aucune empathie et le personnage principal, qui semble être un délinquant tokyoïte du futur, a autant de charisme qu’un gyoza desséché. Même si les aficionados de Harry Potter auront le plaisir de retrouver Natalia Tena (#TeamAuror) et Tom Felton (#TeamSerpentard), ça n’est que trop peu pour relever le niveau des autres acteurs qui sont aussi énervants que la famille Dursley. L’environnement est quant à lui aussi bien réalisé qu’un jeu Stargate SG-1 sur Playstation 2 et ça me rappelle une autre mini-série sur l’espace, avec des décors en polystyrène et papier crépon faits par les élèves de l’école Maternelle des Bruyères de Gueugnon : Ascencion. Bien trop peu d’inventivité, c’est terne et peu recherché, on dirait des calques de Star Wars avec un peu plus de modernité et de gris. Allez, on ferme le sas de sécurité, on met les gaz et on laisse l’Origin dériver jusqu’à Saturne.

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Les avis sur les séries 1983, Beat et Origin sont de Polis Massa