sortie-film-cinema-aout-good-boys-never-grow-old-ricordi

Les sorties ciné du mois d’août : Never grow old, Good Boys, Ricordi…

Alors que le mois d’août a vu sortir le géant du box office Once Upon A Time in Hollywood, la rédaction revient sur des sorties plus discrètes, qui ont fait moins de bruit mais valaient quand même le coup d’œil. De Good Boys à Never Grow Old, en passant par Trainé sur le bitume en VOD ou encore Late Night, voici quelques avis de nos rédacteurs.

Ricordi, de Valerio Mieli : la valse des souvenirs

Les souvenirs arrivent par bribes sans prévenir et repartent parfois aussitôt, comme les flashs viennent dynamiter le montage de ce long métrage et l’histoire d’amour de Lui et Elle. La forme peut vite ennuyer mais restera la poésie de cet amour éternel et des souvenirs brûlants qui envahissent l’écran et l’esprit. Une nostalgie comme une caresse, des regards comme bouts d’éternité, Ricordi est une ballade amoureuse dans laquelle on s’engouffre le cœur gonflé de souvenirs. Le passé demeure, et le présent nous effleure.

Gwennaëlle Masle

Never grow old, de Ivan Kavanagh : un western crépusculaire classique mais efficace

Depuis 1992 et le chef-d’œuvre de Clint Eastwood, Impitoyable, le western moderne a pris une tournure crépusculaire évidente. Cette année, c’est Never Grow Old qui tire son épingle du jeu en proposant une histoire sombre et violente, qui parle certes des premiers pionniers de l’ouest américain, mais qui annonce déjà l’échec et la fin sanglante d’un monde fondé sur la violence. Le film d’Ivan Kavanagh ne brille pas par son originalité, avec cette histoire de ville malmenée par un trio de vils bandits. Le manichéisme est assez prononcé, mais cela permet d’enfoncer les personnages dans des stéréotypes maîtrisés, bien qu’éculés. Visuellement, Never Grow Old fait fort : gros plans, travellings, plans iconiques, photographie poussiéreuse. Tout y est pour insérer l’univers du film dans la mythologie du western. La tension est constante, l’émotion surgit sans qu’on l’attende vraiment, et malgré une écriture assez simpliste et une trame téléphonée, la machine est parfaitement huilée et la viscéralité de certaines scènes suffisent à emporter pour une heure et demie de spectacle.

Jules Chambry

Good Boys, de Gene Stupnitsky : la comédie familiale du dimanche

Good Boys est la comédie charmante qui fait passer un bon moment en famille entre légèreté et rires choc. Comment faire dire à des pré-ado tout ce qui est tabou et choquant de la bouche d’un enfant de 13 ans ? Gene Stupnitsky n’a aucune limite et c’est ainsi que le film fonctionne. Les visages d’ange de ces 3 jeunes garçons viennent contraster chacun de leurs mots ou actions pour le plus grand plaisir du public qui enchaîne les rires dans la salle, si bien qu’à certains moment, on s’en retrouve gênés. Doit-on rire ? C’est un peu trop là non ? Peut-être mais c’est justement sur ce jeu là que le film repose en prenant comme base du récit, l’âge ingrat de la pré-adolescence, lorsque l’on croit tout savoir, lorsque l’on croit pouvoir parler comme un adulte mais que notre visage aux traits enfantins nous trahit encore. Aussi penché sur l’amitié que sur la dimension comique, Jacob Tremblay sait définitivement autant nous faire pleurer que rire.

Gwennaëlle Masle

Trainé sur le bitume, de S. Craig Zahler : une Amérique au bord du gouffre

La distribution française en salles des films de S. Graig Zahler est inexistante. Malheureusement. Directement sorti en VOD et Blu-Ray, Trainé sur le bitume, est l’un des grands films américains de cette année 2019. Proche de l’atmosphère des œuvres nébuleuses d’Andrew Dominik et de l’ironie macabre des frères Coen, le long métrage est une longue et monolithique plongée dans un pays en plein chambardement, qui se gangrène de l’intérieur entre son envie souveraine de sécurité et ses spasmes communautaires.

Pour ce faire, on suit le parcours de deux flics qui vont vouloir se faire de la maille sur un prochain braquage. Être les braqueurs des braqués, des ripoux qui en ont marre d’un système qui les exploite eux aussi. Avec un duo au charisme indomptable (vieillissant Mel Gibson qui est une sorte de futur désabusé de son rôle dans l’Arme fatale), une mise en scène au couperet, une vision sociale percutante et une lenteur qui fait monter la tension à son paroxysme, Trainé sur le bitume est une oeuvre âpre et taciturne qui se finit dans un bain de sang coup de poing. Entre le polar et l’introspection étatique, le long métrage de S. Graig Zahler marque la rétine et l’esprit. En espérant que les distributeurs français commencent à retenir ce futur grand nom.

Sébastien Guilhermet

Late Night, de Nisha Ganatra : Emma Thompson, la nouvelle Ellen Degeneres

Après My Lady, Emma Thompson s’offre un nouveau rôle taillé pour elle où l’on sent autant de sincérité que de talent. Si le film réinvente peu de choses, elle, invente tout et porte l’œuvre avec humour et fraîcheur. On rit de tout (presque) sans honte, parce que c’est Emma Thompson qui dit souvent les plus grosses blagues, la comédie ose, et tout le monde y passe. Fresque féministe chère à l’actrice, le duo qu’elle forme avec Mindy Kaling est rayonnant de grandeur. Moqueur mais pas moins vrai dans ce qu’il dit de l’Amérique, Late Night est comme Good Boys, le genre de comédie US qui fait fatalement du bien dans son humour qui ne se cache pas et divertit à la perfection.

Gwennaëlle Masle

Le Gangster, le Flic & l’Assassin de Lee Won-Tae, un polar nerveux alliant action et touches d’humour

Lee Won Tae, dont c’est le deuxième long métrage, privilégie rythme et action au détriment de sa caractérisation. Son film déroule donc de belles et parfois violentes scènes de meurtre, ainsi que des empoignades musclés et parfaitement chorégraphiés. Point d’orgue du métrage, une poursuite en voiture se muant en poursuite à pied assez impressionnante. Mais passé l’action, le film manque d’originalité et surtout d’épaisseur.

Si son casting est au poil, les personnages, eux, ne sont pas assez développés et leurs échanges trop lambdas pour sortir des classiques figures du polar moderne. On est donc loin des musts du cinéma Coréen de ces dernières années et surtout du génial Memories of murder (Bong Joon-Wo), où le portrait de deux flics aux méthodes radicalement différentes passionnait le long d’un film de près de deux heures trente et encore plus loin du chef d’œuvre noir et glauque de Kim Jee Woon J’ai rencontré le diable, où, là encore, la caractérisation était l’axe principal du film.

Dommage car dans le rôle du gangster, l’excellent Ma Dong-Seok (seul point fort du Dernier train pour Busan) en impose tant par sa silhouette de catcheur que par sa présence rappelant par moment Choi-Min Sik. Idem pour Kim Sung-Kyo, inquiètant en tueur froid. Mais à aucun moment, le film ne nous prend aux tripes, la faute non pas à leurs interprètes, mais aux personnages ne sortant jamais vraiment des sentiers mille fois rabattus avant. Reste un film sans temps mort, à la mise en scène efficace. Une chose est sûre, on espère que les distributeurs français continueront de sortir davantage de film Coréen, le film de genre étant un de leur point fort.

Olivier Pastorino