Depuis novembre 2020, une fresque unique en son genre est à (re)découvrir dans sa première édition Blu-ray française : La Condition de l’homme de Masaki Kobayashi. Près de dix heures constituent ce monument cinématographique contant le récit d’un homme tentant de conserver ses valeurs humaines alors qu’il est aspiré dans la tourmente belliqueuse du Japon de la fin de la Seconde Guerre mondiale, en Mandchourie.
La Condition de l’homme : la tempérance face à la guerre
Comme nous le rappelle l’intéressant livret accompagnant cette édition Blu-ray (lire plus bas), il est une chose fondamentale qui distingue Masaki Kobayashi (1916-1996) de ses trois collègues cinéastes « humanistes de l’après-guerre », Keisuke Kinoshita (dont il fut l’assistant), Akira Kurosawa et Kon Ichikawa : il est le seul à avoir combattu sur le front. Mobilisé en 1942, il fut envoyé d’abord en Mandchourie puis dans les îles Ryükyü, avant d’être incarcéré par les Américains dans un camp de prisonniers pendant un an, à la fin du conflit mondial. Cette expérience personnelle fut déterminante dans sa carrière de metteur en scène, démarrée tardivement en 1952, et en particulier concernant La condition de l’homme (Ningen no jôken), sa grande œuvre antimilitariste, où il mit son vécu au service d’une prise de position morale particulièrement affirmée.
« Le courage ne s’acquiert qu’en vivant et en agissant toujours de telle sorte que l’on ne regrette pas ce qu’on a fait par la suite. »
– Junpei Gomikawa, auteur du roman La Condition de l’homme –
La condition de l’homme est, par définition, un projet démesuré. Du haut de ses 9h45 de métrage – répartis en six films regroupés en trois volets sortis entre 1959 et 1961 –, le film est un des plus longs de l’histoire du cinéma. Sa durée reflète la densité du roman éponyme et autobiographique qu’il adapte, écrit par Junpei Gomikawa et publié en six tomes entre 1956 et 1958. Les trois volets du long-métrage, Il n’y a pas de plus grand amour, Le chemin de l’éternité et La prière du soldat, ont pour héros Kaji (Tatsuya Nakadai qu’on retrouvera d’ailleurs dans Harakiri du même réalisateur), roc vertueux qui parvient à conserver plus ou moins intacts ses idéaux humanistes à travers la barbarie dans laquelle la guerre le plonge inlassablement. Dans la première partie, Kaji est envoyé en tant qu’administrateur civil dans une mine en Mandchourie, une région du nord-est de la Chine qui, depuis 1931, est occupée par l’Empire japonais qui y a constitué l’état fantoche du Mandchoukouo. Nous sommes en 1943, la guerre du Pacifique tourne de plus en plus à l’avantage des Etats-Unis. En Mandchourie, Kaji découvre les conditions de travail très difficiles des ouvriers chinois, obligés de s’adapter à une cadence de production infernale due à la demande de plus en plus élevée de matériaux nécessaires pour poursuivre le conflit qui ne cesse de s’intensifier. Pire encore est le sort réservé à un groupe de prisonniers affectés au travail dans la mine, traités comme des esclaves. Marqué par l’injustice dont il est le témoin au quotidien, Kaji ne trouve de réconfort qu’auprès de sa jeune épouse Michiko (Michiyo Aratama), qui l’a suivi dans cet enfer isolé.
Son comportement ayant fini par excéder les responsables de la mine et de l’armée, Kaji est arrêté pour haute trahison, torturé puis mobilisé. Le second volet de l’oeuvre décrit sa formation dans l’armée, où il s’adapte à la discipline de fer mais demeure un agent perturbateur, qui finit par se rebeller contre l’absurdité cruelle du microcosme militaire, qu’il accuse d’être coupable de la mort d’Obara (Kunie Tanaka), une jeune recrue faible poussée au suicide par les brimades et humiliations d’engagés plus expérimentés. La guerre tourne au vinaigre pour le Japon et, au terme d’un affrontement suicidaire contre des chars soviétiques (l’URSS envahit la Mandchourie après le largage des deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki), Kaji entraîne une poignée de survivants dans une fuite désespérée. Cette fuite et le rêve de Kaji de retrouver son épouse sont le sujet du troisième et dernier volet de La Condition de l’homme, qui se conclut par l’arrestation du petit groupe par les Soviétiques. Dans le camp de prisonniers, Kaji est, une fois de plus, le témoin de la cruauté des hommes, cruauté qui ne choisit pas son camp puisqu’elle concerne tant les gardiens russes (qui ne voient en les siens que des « samouraïs fascistes ») que les officiers japonais (d’abjects collaborateurs bénéficiant de conditions de détention clémentes alors que la troupe meure littéralement de faim). Kaji choisit alors l’évasion et une fuite désespérée à travers la neige…
La condition de l’homme est un film monumental. Sur tous les plans, le film atteint un niveau de puissance inouï. Le récit est d’une richesse, d’une finesse et d’une intelligence remarquables. Même si l’on ne connaît qu’imparfaitement le contexte historique dans lequel le récit se situe, le film n’ennuie pas un seul instant, ce qui constitue en soi un tour de force tant les dialogues sont fournis – ce qui n’est pas si courant dans le cinéma japonais – et la durée, exubérante. D’ailleurs, moins de quinze ans après la Seconde Guerre mondiale, La Condition de l’homme est le grand film antimilitariste nippon. Dans un pays encore très marqué par le conflit et qui n’a que récemment retrouvé son indépendance (le traité de San Francisco, qui met fin à l’occupation américaine de l’archipel, est signé en 1951), Masaki Kobayashi s’attaque au sujet ô combien sensible des exactions commises par le Japon dans les pays occupés. Qualifier la position du cinéaste « d’antimilitariste » est cependant réducteur. La condition de l’homme n’est ni une fresque historique ni un manifeste politique. Kobayashi a conçu une œuvre sur la corruption des âmes soumises à la guerre, ses abandons, toutes ses bassesses et tous ses excès.
Bande-annonce du premier volet – Il n’y a pas plus grand amour – Note : le film comme les bandes-annonces présentées proviennent de masters déjà édités chez Arrow d’où l’intérêt de présenter ce lien en particulier.
Ainsi, Kaji retrouve partout la violence aveugle, la soif de pouvoir et l’apathie des hommes. D’abord dans la mine devenue camp de travail, où son humanisme suscite rapidement l’hostilité de la direction et de ses collègues, parmi lesquels la cruauté côtoie la lâcheté, et qui considèrent Kaji comme un « rouge » aux valeurs inadaptées au contexte de la guerre. Mobilisé de force dans l’armée, notre héros y constate le dévoiement des valeurs fraternelles que suppose son nouveau milieu. Dans des séquences terribles qui annoncent le Full Metal Jacket de Stanley Kubrick, la jeune recrue, Obara, se fait impitoyablement broyer par la machine. Incapable d’éviter à son compagnon un sort funeste, Kaji se voit en outre obligé de soutenir sa hiérarchie lorsque celle-ci affirme à la veuve d’Obara qu’elle est la cause du suicide de son époux. Cet ignoble mensonge fait réaliser à Kaji que, sous le vernis d’autoritarisme et de discipline de l’armée, se cachent la même hypocrisie et les mêmes bassesses que celles qu’il a observées dans le camp de travail. Enfin, dans le troisième volet du film, la défaite japonaise approchant, Kobayashi rend son propos encore plus véhément. Kaji est ainsi le témoin d’une « fin d’un monde », les soldats Japonais désespérés et livrés à eux-mêmes se livrant aux pires agissements (vols, viols, massacres, trahisons…). Au terme d’un véritable chemin de croix qui a fortement ébranlé ses convictions (il a tué, il a dû trahir ses idéaux, il n’a pas pu secourir tout le monde), Kaji découvre dans le camp de prisonniers soviétique, une fois de plus, le même sadisme.
Kaji est une relique d’humanité, un cri du cœur lancé à un peuple qui forge son destin à marche forcée. Il se bat vainement comme un forcené, à contre-courant d’une immense lame de fond belliqueuse. Kobayashi décrit avec un talent rare un monde dominé par les passions viriles, violentes et implacables, auxquelles fait face le frêle esquif de la passion humanitaire de Kaji. Le héros, loin de cacher des émotions perçues comme une faiblesse, les exprime avec fougue, avec violence même, comme une arme brandie face à la déshumanisation. Entre ces deux passions inconciliables, on observe la petitesse de celles animant la cohorte d’individus qui préfèrent regarder ailleurs, par complaisance, intérêt ou couardise, cherchant parfois refuge dans l’alcool, le pouvoir minable ou les femmes. Comme l’affirme très justement Claire-Akiko Brisset dans le livret accompagnant le Blu-ray, c’est pour sauver in extremis ses convictions morales que Kaji se lance, à la fin du troisième film, dans une longue dernière séquence particulièrement marquante, dans une quête suicidaire pour retrouver Michiko.
Le récit de La Condition de l’homme narre son lourd périple avec une splendeur esthétique bien mise en valeur par un noir et blanc de toute beauté. Diplômé en art oriental ancien, Kobayashi a porté un soin tout particulier à la composition de plans visuellement impressionnants, « équilibre presque miraculeux entre un hyper-réalisme socio-historique et une cohérence esthétique unique qui donne à cette épopée morale une poésie inattendue » (Claire-Akiko Brisset). Il serait vain de citer toutes les images marquantes que les trois films impriment durablement dans notre mémoire, tant l’attention portée à la composition s’observe dans chaque scène. Parmi les séquences inoubliables, il est toutefois permis de mentionner le prologue du premier film, avec les deux jeunes amoureux sous la neige ; la glaçante scène des prisonniers morts de faim se déversant des wagons et se ruant sur de la nourriture que les gardes tentent de leur empêcher de dévorer, au risque d’en mourir ; le camp de prisonniers sous la pluie ; la scène de l’exécution au guntō ; l’incroyable poursuite dans les marécages, dans le second film, où Kaji tente de forcer Yoshida (Michirô Minami) à admettre sa culpabilité face à sa hiérarchie en échange de sa vie ; ou encore la terrifiante séquence de la forêt vierge, dans le dernier volet, où les soldats et des civils rencontrés en chemin sont presque décimés par la faim.
Il convient bien sûr de saluer la performance de tous les acteurs, souvent très investis mentalement et physiquement dans un film qui ménage bon nombre de séquences éprouvantes. L’œuvre est plutôt bavarde (sans que cela ne lui nuise) et l’interprétation, relativement expressive. Concernant son interprète principal, Tatsuya Nakadai, omniprésent à l’écran, abat un travail invraisemblable à l’écran. Kobayashi avait d’ailleurs collaboré avec le comédien sur son long-métrage précédent, La Rivière noire, en 1957. Il lui offre ici le rôle de sa vie, un rôle nettement plus nuancé et ambigu qu’on l’a parfois décrit. En effet, Kaji est certes un monument de résilience morale, mais il se révèle également « intransigeant et finalement aussi dogmatique que ceux dont il combat la cruauté » (ibid.). De plus, le personnage évolue très distinctement en fonction du conflit intérieur que suscitent les circonstances cauchemardesques qu’il doit affronter. Après tout, rien de plus normal qu’un être, surtout s’il est vertueux de nature, soit complètement dépassé par de tels événements tragiques. Ainsi, lorsque Kaji assassine un soldat japonais qui, par fanatisme, s’apprêtait à causer la mort des derniers survivants à l’issue du second film, cette expérience traumatisante le transforme. On le voit alors, dans la dernière partie, plus dur et insensible qu’auparavant. Plus égoïste aussi, sans doute, son seul objectif étant désormais de rejoindre Michiko, qu’importent les horreurs dont il doit encore être le témoin pour y parvenir. Masaki Kobayashi a admis une certaine identification dans le personnage de Kaji. Ayant toujours défié l’autorité, y compris au cours de son expérience dans l’armée (où il refusa toute promotion, comme Kaji), le cinéaste s’est opposé à la hiérarchie militaire et à la guerre, qu’il qualifiait de « sommet du mal humain ». Aucun autre film que La Condition de l’homme, peut-être, ne dénonce avec autant de violence réaliste, ponctuée par une forme de brutalité poétique, la barbarie guerrière et l’aveuglement des hommes qui, de tout temps, se sont laissés envahir par leur fureur autodestructrice.
Bande-annonce du troisième volet – La Prière du Soldat – Note : Ibid.
La Condition de l’homme en Blu-ray
Le film de Kobayashi est à (re)découvrir dans une édition Blu-ray soignée mais quelque peu frustrante. L’éditeur français a repris un master haute définition déjà édité chez les britanniques d’Arrow en 2016 (puis en 2018). La copie gagne en données visibles sur les bords haut et bas du cadre par rapport à l’édition DVD américaine conçue par Criterion en 2009. Le gain de définition est remarquable et on pourrait facilement crier au sublime concernant son noir et blanc contrasté. Toutefois, on note que les contrastes sont parfois beaucoup trop appuyés par rapport à l’ancienne édition signée Criterion. Ainsi des noirs sont bouchés et certains blancs, brûlés. Cette perte d’information ne dégrade pas violemment l’expérience du film, mais un manque de nuance peut être parfois franchement palpable. Si le grain est dans l’ensemble excellemment géré par un solide encodage, plusieurs séquences d’extérieurs du premier volet souffrent de problèmes de stabilité du cadre et de la lumière et de la présence d’artefacts qui n’étaient pas présents sur l’édition DVD sortie par Image Entertainment en 1999 avec un master bien plus ancien que celui de Criterion. Ces quelques soucis sont heureusement surtout étrangement notables sur le premier volet.
Du côté du son, la piste mono des deux premiers volets est plus que satisfaisante. Bien qu’excellemment restaurée, un léger souffle peut être parfois remarqué sans qu’il en devienne gênant. Le mix stéréo du troisième volet est encore meilleur avec une gamme sonore plus large ne souffrant pas (ou presque) de rares problèmes de saturation notés sur les précédents films.
C’est hélas du côté des compléments que le bât blesse. En effet, hormis les bandes-annonces visibles ici et là dans cet article, Carlotta n’a fourni aucun bonus video. Dommage pour un tel coffret et surtout pour une telle œuvre, surtout lorsqu’on sait qu’Arrow avait fourni une introduction au film ainsi qu’une analyse de séquence par l’essayiste et historien réputé, Philip Kemp, rédacteur dans des revues telles que Sight and Sound, Total Film mais aussi professeur en journalisme cinéma à l’Université de Leicester. Sans demander à Carlotta d’acheter les droits d’exploitations de ces compléments ainsi que leur traduction, on regrette surtout que l’équivalent, facilement concevable, n’ait pas été produit. L’édition d’Arrow contenait aussi un livret avec une interview du cinéaste Masaki Kobayashi ainsi que d’une analyse du cinéma japonais d’après-guerre. Si on remonte plus loin, on remarque que Criterion proposait un extrait d’un entretien video rare du cinéaste, une nouvelle interview avec l’acteur Tatsuya Nakadai ainsi qu’un commentaire sur le cinéma de Kobayashi et plus particulièrement La Condition de l’homme par Masahiro Shinoda, réalisateur de la Nouvelle Vague japonaise à qui l’on doit notamment Double suicide à Amijima (1969) et Silence (1971).
En revanche, Carlotta Films a heureusement fourni un accompagnement à l’œuvre matérialisé, tel l’un des compléments d’Arrow, en un livret. Ce dernier, de 32 pages – et légèrement trop court – constitue une vraie mine d’informations. Ponctué de photogrammes du film ou d’éléments promotionnels (des affiches, par exemple), le texte est signé d’une experte au profil atypique, puisque Claire-Akiko Brisset est professeure en études japonaises à l’Université de Genève. Un profil qui fait complètement sens, tant le film dont il est question mérite d’être abordé dans une logique pluridisciplinaire : cinéma, culture, histoire, politique, mentalités, etc. Mme Brisset propose tout d’abord un éclairage sur la personnalité et la carrière de Masaki Kobayashi, un metteur en scène qui, comme le rappelle l’auteure, réalisa assez peu de films (22 en tout), ce qui s’explique notamment par sa volonté de présenter des sujets personnels sans trop devoir dépendre des majors japonaises. Cette envie de liberté couplée à une méfiance naturelle envers l’autorité est assurément un des traits dominants de sa personnalité, que l’on retrouve dans bon nombre de ses films – La Condition de l’homme ne fait pas exception – et de personnages qu’il a créés. Claire-Akiko Brisset resitue ensuite le contexte historique dans lequel se déroule le film, un « passage obligé » pour bien comprendre les enjeux de l’intrigue, mais l’auteure en profite pour souligner intelligemment quelques éléments indispensables afin de saisir l’état d’esprit japonais à cette période bien précise, surtout au sein des milieux militaires et des « colonies » – dont faisait partie le Mandchoukouo. Enfin, plusieurs pages sont logiquement consacrées à une analyse du film, qualifié sans exagération « d’objet cinématographique absolu ». Tous les angles pertinents sont abordés : la démesure de l’œuvre, son style difficile à définir, son caractère contestataire et moral (l’auteure précise d’ailleurs qu’une traduction fidèle du titre original serait « la condition qui permet à un individu de devenir un homme digne de ce nom »), la brutalité d’un propos sans concession dans le contexte d’un cinéma japonais qui, parfois, se laissait aller à un « révisionnisme rampant », sa puissance visuelle ou encore l’ambigüité de son protagoniste, parmi bien d’autres sujets passionnants. Si la plume est alerte et les explications précises, il aurait été souhaitable de voir les différentes observations davantage développées, surtout lorsqu’il s’agit de revenir sur cet « objet cinématographique absolu ». Malgré cela, le livret constitue un complément indispensable à l’expérience de ce film grandiose.
Sans être exempte de défauts qui auraient pu être évités (l’absence de compléments vidéo), l’édition de La Condition de l’homme constitue un must-have pour tous les cinéphiles et curieux prêts à découvrir l’œuvre conséquente d’un cinéaste non moins important, Masaki Kobayashi.
Bande-annonce – La Condition de l’homme – la trilogie (note : ibid)
CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES Blu-ray – La Condition de l’homme
3 BD – MASTER HAUTE DÉFINITION – 1080/23.98p – ENCODAGE AVC – Version Originale DTS-HD Master Audio 1.0 – Sous-titres français – Format 2.35 respecté – Noir& Blanc – Japon – Drame historique – Durée totale : 574 mn
COMPLÉMENTS
La Condition de l’homme de Masaki Kobayashi : un objet cinématographique absolu, un livret de 32 pages rédigé par Claire-Akiko Brisset.
Bandes-annonces.
Sortie le 4 novembre 2020 – prix indicatif public : 35€