Mandela : Un long chemin vers la liberté de Justin Chadwick

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Adapté de l’autobiographie éponyme de Nelson Mandela sortie en 1995, qui a souhaité que le film soit de nationalité sud-africaine en apportant ses mémoires au producteur Anant Singh, refusant ainsi toutes les propositions alléchantes d’Hollywood, Mandela, un long chemin vers la Liberté de Justin Chadwick, est un biopic classique [i], qui relate le combat de toute une vie, le courage d’un homme qui a toujours gardé sa dignité et fait preuve d’une détermination inébranlable dans son combat contre l’oppression [ii], et ce même quand l’espoir était au plus bas. Doté d’un scénario fiable et de conviction de William Nicholson, à qui l’on doit Gladiator (2000) et Elisabeth l’âge d’or (2007) entre autres, l’importance humaine et historique de Mandela est ici bien dépeinte : le réalisateur anglais, Justin Chadwick [iii] dépassionne le propos et et livre un portrait intime qui rend justice au grand homme, sans jamais déraper dans l’hagiographie, mettant au contraire en exergue ses faiblesses.

Madiba : la force du combat, le pouvoir de dire « Non! »

Ce film est d’abord porté par un duo d’acteurs admirable qui livre une prestation très juste: Idris Elba, que l’on n’attendait pas forcément dans ce registre, confère à ce personnage charismatique, une force et une authenticité bouleversante, tandis que Naomie Harris est tout aussi époustouflante et émouvante dans le rôle de Winnie.

Si la première partie du film élude certains faits d’importance et constitue une forme de zapping empêchant réellement de comprendre le basculement de Mandela vers une lutte plus violente et de se rendre parfaitement compte des conditions de vie horribles du peuple noir à cette époque répressive et violente qu’était l’apartheid, le film trouve son vrai souffle dès que Mandela, le militant, est en prison, relatant son calvaire, mais surtout le cheminement intérieur de l’homme vers la stature d’homme d’Etat et son choix pour la paix. A cela se rajoute une musique magnifique, des prises de vues fort belles, et un générique de fin qui rend hommage au vrai Madiba.Mandela-CSM-image4

Certes, Mandela, un long chemin vers la Liberté, demeure un biopic à la sauce internationale, sans doute trop consensuel. Il manque une fougue et une certaine dimension politique pour atteindre le souffle épique que pouvait avoir le Gandhi de Richard Attenborough (1982). Ce long-métrage souffre par son ambition démesurée de relater la vie du grand homme en près de 2h30. On aurait apprécié davantage de scènes sur son combat politique, peut-être un peu moins sur sa vie amoureuse. Mais son avantage réel est que le spectateur ressort de la salle avec une envie d’en apprendre davantage et d’ouvrir quelques livres sur Mandela et l’Apartheid. L’histoire du leader de l’Afrique du Sud est suffisamment forte et le jeu d’acteur juste, pour faire tenir l’édifice dans son ensemble.

« J’ai parcouru un long chemin vers la liberté. Ce fut une route solitaire et ce n’est pas fini. Personne ne naît en haïssant son prochain à cause de sa couleur de peau ou de son passé, ou de sa religion. Les hommes apprennent à haïr. On peut leur apprendre à aimer. »

Mandela, un long chemin vers la Liberté de Justin Chadwick demeure une épopée émouvante, une ode à l’antiracisme et la non-violence, un témoignage optimiste pour l’humanité : chaque combat n’est jamais perdu d’avance ; « penser c’est dire non » comme l’affirmait le philosophe Alain, et la résistance à l’oppression est un combat intemporel.

Synopsis : Né et élevé à la campagne, dans la famille royale des Thembus, Nelson Mandela (Idris Elba) gagne Johannesburg où il va ouvrir le premier cabinet d’avocats noirs et devenir un des leaders de l’ANC. Son arrestation le sépare de Winnie (Naomie Harris), l’amour de sa vie qui le soutiendra pendant ses longues années de captivité et deviendra à son tour une des figures actives de l’ANC. À travers la clandestinité, la lutte armée, l’emprisonnement durant 27 ans, sa vie se confond plus que jamais avec un combat hors norme pour la liberté et la paix, lui conférant peu à peu une dimension mythique, faisant de lui l’homme clef pour sortir son pays, l’Afrique du Sud, de l’impasse où l’ont enfermé quarante ans d’apartheid. Il sera le premier Président Sud-Africain élu démocratiquement.

Fiche technique : Mandela : Un long chemin vers la liberté de Justin Chadwick

Titre : Mandela : Un long chemin vers la liberté
Réalisateur(s) : Justin Chadwick
Scénariste(s) : William Nicholson
Acteurs : Idris Elba, Naomie Harris, Fana Mokoena
Titre original : Mandela: Long Walk to Freedom
Date de sortie :18 décembre 2013
Pays : Royaume-Uni, Afrique du Sud
Budget: 35 000 000 $
Genre : Biopic, Drame, Histoire
Durée : 2h 26


[i] Clint Eastwood dans son film Invictus (2009) avait déjà relaté la vie du grand homme en ne prenant qu’une partie de son existence. J’avoue être un adept non seulement de Clint Eastwood mais aussi de Morgan Freeman…

[ii] Ce film s’inscrit dans un certain courant qui veut mettre en lumière le combat contre la ségrégation. Cela a commencé avec La Couleur Des Sentiments (2011), Django Unchained (2012), Le Majordome (2013) et maintenant Mandela, Un Long Chemin Vers La Liberté, avant de découvrir l’année prochaine, 12 Years A Slave de Steve McQueen, l’un des favoris des Oscar 2014.

[iii] Réalisateur de Deux Sœurs Pour Un Roi (2008), le réalisateur Justin Chadwick s’intéresse ici à l’histoire contemporaine en adaptant l’autobiographie de Nelson Mandela. Son précédent film inédit en France The First Grader (2010) lui a servi un peu d’échauffement, puisqu’il se déroulait déjà en Afrique avec quelques uns des acteurs secondaires choisis pour ce biopic.