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Focus Séries #1 : Le Canada

Pour ce premier numéro de nos nouveaux dossiers Focus Séries, retraçant (dans les grandes lignes) l’histoire serie-audiovisuelle d’un pays, d’une chaîne ou d’une plateforme de visionnement, on ouvre avec le Canada dans le cadre de la rétrospective ciné Québec sur OCS. Vous l’avez compris, le deuxième numéro sera consacré à Netflix…

« Histoire d’en savoir plus, histoire d’en faire une… »

Longtemps moqués dans les séries pour être une sous-nationalité (Robin dans HIMYM ou la xénophobie revendiquée dans South Park) ou des américains arriérés, les canadiens n’ont guère été souvent sur le devant de la scène audiovisuelle internationale, il n’y a qu’à voir : aucune bibliographie française n’est disponible ! Cantonné à la sitcom parodique Le Cœur a ses raisons, le Canada c’est aussi la récompensée Orphan Black, l’historique Vikings, l’éternelle Murdoch Mysteries, la classique pour la jeunesse Les Contes de la Crypte (qui va être reprise par Sir Shymalayan) ou encore Les Tudor, Saving Hope, X-Files… Pour ce premier numéro de Focus, CineSeriesMag s’arrête sur l’Amérique du Nord (encore plus au Nord) et ses six networks (CBC, CTV, City, Global, TVA, et V anciennement TQS).

martin-matte-les-beaux-malaisesVous avez peut-être repéré dernièrement Romeo’s Section, Kim’s Conveniance ou Pure toutes trois diffusées sur CBC ? Vous connaissez la sublime Les Beaux Malaises, adaptée en France avec Frank Dubosc (on se retient d’en rire jaune! ). Vous avez peut-être commencé Ransom, la dernière série de Frank Spotnitz sur Global/CBS/TF1, ou vous avez peut-être dévoré Prémonitions sur la chaîne addikTV du groupe TVA : ces succès qui arrivent en France (ou que l’on attend encore) ne datent pourtant pas d’hier. Minuit, le soir du duo Pierre-Yves Bernard et Claude Legault, qui compte le quotidien de 3 videurs de boîtes de nuit sur anciennement Radio-Canada du groupe CBC. Bon, c’est un mauvais exemple, elle n’a duré que 3 saisons ! Rookie Blues, depuis 2010 sur Global, est au policier ce qu’Urgences est au médical (oui bon il faut pas pousser non plus l’exagération !). Et oui, on ne fait pas que d’y tourner à Vancouver ou Toronto, parce que c’est moins cher, on y fait aussi de sublimes séries !

Il est impossible pour un seul bénévole passionné de vous exposer en un temps record et de manière exhaustive l’historique de toutes les chaînes nationales ou régionales, gratuites, puis payantes. Mais tentons de nous concentrer en trois points sur cet immense terrain de recherche car, aussi étrange que cela puisse paraître, il est difficile d’établir un parallèle avec les USA : années 50 « âge d’or », années 60-70 « miroir de la société en pleine transformation », années 80 « deuxième âge d’or, années 90 « réalisme et politiquement incorrect » !

Les origines : 1960 – 1990

Il faut savoir qu’au-delà de la situation géographique, les États-Unis et le Canada sont très proches, y compris en termes audiovisuels. Des programmes US sont diffusés sur les chaînes canadiennes et vice versa. Une sorte de partenariat comme Arte avec l’Outre-Rhin si ce n’est en plus élargie. L’anglais est la principale langue parlée dans les 12 territoires/provinces sur 13. La tendance est inversée au Québec seulement. Découpé en 4 régions, ce pays à la deuxième plus grande superficie (presque 10 millions de km²) ne regroupe pourtant qu’à peine plus de 33 millions d’habitants. Ce n’est que depuis les années 1980 que le Canada se préoccupe de son autonomie culturelle ! Vous trouverez donc peu de séries exclusivement canadiennes ou québécoises avant cette date. Que ce soit dans n’importe quel manuel ou site spécialisé. Il est d’ailleurs compréhensible de ne pas trouver, dans le peu de bibliographie française sur les séries tv, quoi que ce soit sur le sujet actuel.

Brigade de nuit (Night Heat) 1985-1989 est la première série canadienne à avoir été diffusée aux Etats-Unis. Elle tente de retracer le prétendu quotidien d’une équipe de police de nuit suivie par un journaliste dans leurs enquêtes. Maïwenn s’est-elle laissée influencer pour Polisse ? Sa première diffusion fut un succès sur CTV, puis elle est reprise sur CBS, et sur M6 chez nous en 1987. Mais la série souffre sérieusement du temps qui passe et ne passionnerait plus aucun sériephile à présent. Un de ses créateurs, l’acteur et producteur allemand Sonny Grosso (French Connection), naturalisé américain, a été lieutenant au Narcotic Bureau de New York dans les années 60. Sa participation au démantèlement de l’un des plus grands réseaux criminels de cette époque a permis au roman de Robin Moore et à son adaptation au cinéma par Roy Scheider en 1971 puis oscarisée, de voir le jour.

bizarre-serieBizarre (The John Byner Comedy) 1980-1985 est une des premières « séries à sketchs », produite au Canada par des américains, à être multi-récompensée. Son caractère subversif est à l’origine de l’existence de deux versions destinées à la diffusion. L’intégrale pour Showtime ou ITV et la censurée sur CTV. Jean Roucas et Benny Hill ont certainement fait mieux pourtant !

Malgré tout, dès les années 60, on voit l’apparition de succès comme la série animalière Le Vagabond (The Littlest Hobo) qui, à la manière de Joséphine Ange gardien, met en scène en scène les aventures d’un berger allemand extrêmement rusé qui se déplace de ville en ville, portant secours aux gens en difficulté, mais refusant toujours de se laisser adopter par les hommes avec qui il s’est lié d’amitié. Elle a été reprise sur CTV en 1979 sur plus de 6 saisons ! Le thème est interprété par Gilles Rivard. Si ça ne vous dit rien, ça parlera à un québécois, rassurez-vous.

emilie-la-passion-d-une-vieEmilie, la passion d’une vie diffusée sur Radio-Canada en 1990 est le premier plus grand succès d’audience de l’histoire de la télévision québécoise pour un feuilleton avec plus de 3 millions de téléspectateurs (France 3 qui le diffuse en prime-time cumule 4 millions). Adaptée de la saga Les Filles de Caleb d’Arlette Cousture, la fiction (oui, le terme mini-série n’existait pas à l’époque) a été vendue dans plus de 25 pays, et a même fait l’objet d’une diffusion sur CBS, aux États-Unis.

Les Cadets de la forêt (Forest Rangers), de 104 épisodes de 30 minutes, est une des premières séries d’aventure canadiennes diffusée sur CBC en 1963 pendant deux ans et la première fiction en couleur de la télévision canadienne. Quand un groupe d’enfants vient en aide aux services forestiers pour sauvegarder les denses forêts de l’Ontario…

Avant Dallas, il y a eu Le Clan Beaulieu, saga familiale et financière sur TVA (lancé en 1963 et établi en 1971), qui, entre 1978 et 1982, a connu des heures de gloire. La Cinq la diffuse 6 ans après l’arrêt. Un soap qui ne dura que quatre saisons sur 156 épisodes de 26 minutes. Oui, les productions télévisuelles n’avaient pas le même cahier des charges…

Lance et compte est entièrement tournée en français entre 1986 et 1989 pour Radio-Canada et est diffusée ensuite sur TF1, en 1987, qui la ré-intitule Cogne et gagne pour que ce soit plus parlant aux néophytes du hockey sur glace. Premier téléroman filmé de manière radicalement moderne, avec extérieurs, cascades et reconstitutions de matchs, la série a connu un succès sans précédent tant populaire (presque 3 millions de téléspectateurs par épisode) que critique (razzia sur les prix Gémeaux*). Suite à un différend avec la chaîne canadienne, la série s’arrête et sera prolongée par six téléfilms. En 2002, Lance et compte : nouvelle génération marque les retrouvailles des personnages de la série quinze ans après. Le succès est moindre, mais perdure jusqu’en 2010 sur TQS, puis TVA. Un film en 2010 et une huitième saison en 2012 pour terminer sur une neuvième en 2015. Longévité inégalée jusqu’à présent pour un drame sportif tous pays confondus… Lire à ce propos un article par nos confrères d’HuffingtonPost concernant la dernière saison.

* Les prix Gémeaux sont des récompenses télévisuelles décernées par l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision depuis 1987 et distinguant l’excellence de la télévision francophone au Canada.

L’ère du changement, l’amitié américano-canadienne : 1990 – première moitié des années 2000

Ces décennies, correspondant au début de la génération Y, ne marquent pas seulement la transition vers l’ère numérique (internet, téléphones portables… sans oublier mp3 et cd-rom), mais aussi la transition entre classique audiovisuel d’hier et d’aujourd’hui. C’est à la fin de cette période que des plateformes telles que Netflix, Hulu et bientôt Apple voient le jour pour devenir à présent quasi-indétrônables.

On pensait qu’après Beverly Hills (somme toute assez daté et rétro pour un spectateur d’aujourd’hui), Skins avait ré-ouvert la voie au teen series contemporaines, mais le Canada s’y était essayé six ans plus tôt avec Kristin Kreuk (Lana Lang dans Smallville) alors âgée de 19 ans dans Edgemont qui comprend 70 épisodes de 25 minutes. Plus proche de Hartley coeur à vif que Sauvés par le gong – malgré le format court qui pourrait nous laisser penser le contraire – Edgemont est une chronique qui suit des collégiens jusqu’au lycée en se calquant sur quelques « actuels » problèmes de société.

Se concentrer sur le Canada permet donc de mettre en exergue les classiques d’époque et les tollés comme par exemple Marshall et Simon : Une nouvelle dimension qui est un dérivé d’une excellente comédie fantastique pour jeunes et adolescents de 15 épisodes de 21 minutes diffusée entre février et mai 1998. Et oui, Stranger Things n’est pas l’unique référence et certainement pas la dernière. Originalement intitulé Eerie, Indiana, cette brève expérience audiovisuelle nous conte le quotidien de jeunes adolescents témoins de phénomènes étranges dans la petite ville d’Eerie. Pour l’anecdote, Joe Dante aura réalisé cinq épisodes. Encore une digression, mais oui les réalisateurs ciné n’ont pas attendu le XXIème siècle pour s’essayer à cet autre format. Un épisode comportant une histoire de pirates n’a jamais été filmé bien qu’un script ait été produit.

Cette décennie est le théâtre du rapprochement entre la « première » puissance économique mondiale et sa petite soeur qui a longtemps souffert de l’ombre. En d’autres termes, parmi les séries américano-canadiennes, on compte Poltergeist : Les Aventuriers du surnaturel (Poltergeist: The Legacy) entre 1996 et 1999, X-Files entre 1993 et 2016, Au-delà du réel : L’aventure continue entre 1995 et 2002 (repris par SciFi Channel après une première diffusion sur Showtime). Même sort pour Stargate SG-1, une des plus prolifiques et une réelle franchise sur 10 saisons et deux téléfilms qui marque le retour après MacGyver de Richard Dean Anderson et révèle la canadienne Amanda Tapping… Contrairement à la série originale de 1963, très attachée au thème de la peur et de la guerre froide, la série de 1995 se fonde autour de thèmes plus modernes tels que l’arrivée des extraterrestres sur Terre, la mort et l’au-delà, le sexe et la science-fiction, les voyages dans le temps ou encore les robots et androïdes. On retiendra l’accroche du générique  » Ce n’est pas une défaillance de votre téléviseur. N’essayez donc pas de régler l’image. Nous maîtrisons, à présent, toute retransmission. Nous contrôlons les horizontales et les verticales… » Ou encore Captain N, série d’animation rediffusée dans le Club Dorothée avant l’école sur TF1

C’est donc aussi l’émergence de séries pour la jeunesse, que ceux qui ont suivi KD2A ou Les Minikeums connaissent bien. Le Loup garou du campus sur 3 saisons et 65 épisodes sur YTV, les deux anthologies Fais-moi peur de 7 saisons et 91 épisodes, Chair de Poule sur 4 saisons adaptée des romans à succès qui a révélé Hayden Christensen ou Ryan Gosling, Les Aventures de Tintin, Black et Mortimer, la Famille Pirate entre 1998 et 2004 sur Radio-Canada… En parallèle de Charmed, Buffy contre les vampires, Dawson ou Alerte à Malibu aux Etats-Unis etc., les adulescents canadiens ont pu connaitre The Crow avec Mark Dacascos, RoboCop sur le réseau CTV ou encore Highlander qui marquera à jamais l’histoire du PAF également, car c’était la première fois qu’une société de production française était à l’initiative (créativement parlant) d’une série destinée au marché américain. En effet, Gaumont Television qui a voulu adapter les films en série, avait acheté les droits afin de la produire en syndication pour les USA, ce qui était du jamais vu à l’époque. Adrian Paul reprend le rôle de Duncan MacLeod après Christophe Lambert et la première saison est diffusée sur TF1, puis reprise après 1994 sur M6.

Vous l’aurez compris, les canadiens excellent dans le genre fantastique-SF mais, concernant les dramas et autres comédies, qu’en est-il ? Il est rare de citer un drame exclusivement canadien ayant marqué de son empreinte le paysage audiovisuel. Citons le drame d’espionnage adapté du film de Besson, La Femme Nikita, sur lequel le compositeur Mark Snow collabore : la série aura duré 5 saisons complètes entre 1997 et 2001. Puis, Coeurs Rebelles en 2000 ne durant qu’une saison sur Fox Family, réunissant A.J. Cook (Virgin Suicide, Esprits Criminels) Coroner-Da-Vinciet Hayden Christensen après Chair de Poule. Ou encore, la classique Coroner Da Vinci (Da Vinci’s Inquest, 1998-2005) suivant les enquêtes de Dominic Da Vinci, responsable d’une équipe de médecins légistes et de policiers, dans la ville de Vancouver. Le public français connait également Mysterious Ways : Les Chemins de l’étrange, diffusée de 2000-2002 et mettant en vedette Adrian Pasdar (Heros, Agents of SHIELD, Colony), que l’on ne doit pas confondre avec Michael Weatherly (Dark Angel, NCIS). Les sitcoms ne sont pas en reste puisque parmi les cultes, il faut citer La Petite Vie enregistrée en studio devant un public, la culte Dans un galaxie près de chez vous (1998-2001) qui raconte la quête de l’équipage du vaisseau spatial canadien Romano Fafard à la recherche d’une nouvelle planète d’accueil pour l’humanité, l’actuelle Terre devenant invivable à cause de la pollution. Deux films ont aussi été attachés à la série.  L’humour se rapproche de celui du français François Descraques qui, avec Le Visiteur du futur, a démocratisé la web-série en 2009. La Petite Vie (1993-1998), enregistré devant un public (avec les rires de foule en voix-off), est la seule série télévisée québécoise et canadienne à avoir franchi la barre des quatre millions de téléspectateurs, le 20 mars 1995.

annie-et-ses-hommes-finaleConcernant les feuilletons ou « téléroman », n’oublions pas Annie et ses hommes qui, sur 7 saisons entre 2002 et 2009 sur TVA, narre les aventures quotidiennes d’Annie Séguin et son entourage. L’héroïne est interprétée par Guylaine Tremblay (grande actrice quinquagénaire qui joue Melody Babcock dans Le Cœur a ses raisons) aux côtés de Claude Legault, déjà auteur sur Dans une galaxie… Claude Legault est un nom à retenir, car il est également le créateur de Minuit, la nuit ou encore 19-2. La parodie feuilletonesque citée, révélant au public français entre 2005 et 2007, Anne Dorval (et son réalisateur fétiche Xavier Dolan) et Marc Labrèche, est une reprise d’épisodes et de personnages déjà apparus lors d’un talk show Le Grand Blond avec un show sournois sur le réseau TVA. Et si l’on regarde de plus près, la série ne compte que 3 saisons de 39 épisodes, ce qui en fait un succès relatif par rapport à l’ensemble des séries énoncées. Le showrunner Marc Brunet est également le coauteur de spectacles humoristiques tels que ceux de Anthony Kavanagh et Michel Courtemanche. On notera la prestation de Sylvie Moreau qui tient le premier rôle dans la sitcom Catherine avec M. Legault ici présent. Ces deux-ci sont par ailleurs apparus en guests dans Il était une fois dans le trouble sur VRAK TV comptant 11 saisons de 255 épisodes de 22 minutes.

Un deuxième « âge d’or » : De la deuxième moitié des années 2000 à nos jours

La comédie dramatique gagne une nouvelle jeunesse et une audience critique plus réceptive. Les Vies rêvées d’Erica Strange par exemple, qui tient 4 saisons de 42 minutes sur CBC et avec laquelle on reste toujours dans la veine un peu SF est une relative réussite. Le personnage principal peut revivre les moments les plus regrettables de sa vie après la rencontre avec un certain Dr. Tom… HeartlandL’énorme succès, CBC toujours, Heartland adapté des romans de Lauren Brooke sur le quotidien d’une famille dans un ranch, ne manque pas d’action et est encore en production avec 10 saisons depuis 2007. Tandis que ReGenesis (2004 à 2008), qu’Arte a repris en 2009, est un thriller scientifique qui nous introduit au sein du Norbac, un organisme nord-américain créé pour étudier et faire face aux menaces biologiques et sanitaires que l’avancée des sciences, ou encore les attaques terroristes, font peser sur les sociétés occidentales. La série est diffusée sur le réseau câblé et payant The Movie Network (qui possède HBO Canada ou diffuse également les programmes Showtime…). Toujours sur la même chaîne le drame policier sombre Durham County (2007-2010), entre Broadchurch et The Killingrepris par Global. Sans oublier le cultissime Les Enquêtes de Murdoch (qui passe depuis 2009 sur France 3) toujours en diffusion depuis 2008 avec Yannick Bisson déjà apparu dans Sydney Fox : l’aventurière en 1999 et Le Caméléon en 2001. Et pour rester dans la veine policière, avant le succès relatif dDegrassi-Next-Class-Saison-3-et-4e Rookie Blues 2010-2015, il y avait Cold Squad 1998-2005 dont Cold Case s’est entièrement inspiré! Heartland et Murdoch sont à ce jour les plus longues séries de la télévision canadienne encore en production… Sans oublier le cultissime teen drama Degrassi qui depuis Les Années Collège en 1987 sur CBC, a connu un spin-off entre 2001 et 2010 Nouvelle Génération sur CTV et un dérivé disponible sur Netflix Nouvelle Promo depuis 2016.

On attendait à ce que le Canada revienne, seul, sur le devant de la scène et c’est avec Les Tudors (2007-2010) créée par Michael Hirst (Vikings), une coproduction canado-irlandaise, que la donne va se faire. On constate ces dernières années, un regain de qualité avec des nouvelles séries qui méritent absolument le détour, mais qui n’ont toujours pas l’exposition méritée à quelques exceptions près… The Listener ou Les Pouvoirs de Toby au Québec (2009-2014) est un succès sur CTV, mais s’arrêtera au bout de 5 saisons. A l’occasion du centenaire du naufrage du Titanic, deux mini-séries à très gros budget ont été co-produites avec le Canada avec la chaîne Global, Titanic : de sang et d’acier et Titanic. De là à affirmer qu’elles ont coulé faute de fortes audiences…

La chaîne Space a été spécifiquement créée afin de prévenir l’importation de chaînes spécialisées américaines sur le territoire canadien, comme SyFy, et doit quand même produire et diffuser du contenu original canadien sous condition de licence. Sanctuary, avec Amanda Tapping, est créée par un scénariste de Stargate et dure 4 saisons sur cette chaîne spécialisée. Elle permet également à Orphan Black de voir le jour en 2013, et par la même occasion révéler Tatiana Maslany déjà apparu dans Heartland, Les Vies rêvées d’Erica Strange ou The Listener). Son Emmy en 2016 est une consécration pour cette jeune canadienne de 31 ans. La série est diffusée en simultané sur BBC America et rediffusée sur CTV. Grâce à Netflix, elle est disponible sur le territoire français depuis juillet 2016. A cette date, une cinquième et dernière saison est annoncée pour le printemps 2017. La chaîne a rediffusé Blood Ties (aucun rapport avec le thriller de Guillaume Canet, bien que les deux soient des échecs au niveau du box office ou de l’audimat), Dark Matter qui met en scène 6 personnes amnésiques à bord d’un vaisseau spatial (une troisième saison est en cours) et, dans un univers proche entre Twilight et True Blood, Bitten a été arrêtée après deux saisons…

Haven ne réinvente pas l’eau chaude en matière de fantastique pour adolescents, mais a le mérite de tenir sur 5 saisons tout en marquant le retour à l’écran d’Eric Balfour après Six Feet Under et 24h Chrono. La série américano-canadienne est librement adaptée du roman Colorado Kid de Stephen King et diffusée sur Showcase entre 2010 et 2015. La série canadienne diffuse depuis le 17 octobre 2016 Travelers, disponible sur Netflix et dont une deuxième saison est à prévoir pour l’automne 2017. Elle est également à l’origine de Continuum ou Lost Girl. Autre chaine, Citytv est à l’origine de Between, une série mêlant drama teenage bien construit, SF et horreur, a été reprise par le service canadien Netflix pour une diffusion à l’international. Aujourd’hui, elle comporte deux saisons et est toujours en production…

Vikings donc, qui semble s’essouffler, ne perd pas de son audience, puisque la saison 5 est actuellement très attendue  avec le retour à l’écran de Jonathan Rhys-Meyers. Après l’historique, l’espionnage n’est pas en reste, puisqu’avec X Company, qui entame sa troisième saison en cette nouvelle année 2017, CBC confirme son statut de première chaîne séries canadiennes. Tout comme Romeo’s Section dont une troisième saison n’a toujours pas été annoncée ou Pure qui vient de commencer. La première, située dans l’excitant et dangereux monde de l’espionnage suit les aventures de cinq jeunes et talentueux espions arrachés à leur vie ordinaire pour suivre un entraînement dans un centre ultra secret sur les berges du Lac Ontario en pleine Seconde Guerre mondiale. La deuxième nous place dans un réseau d’espions à Vancouver pas comme les autres. Ses agents ont le qualificatif d’espions « Roméo » ou « Juliette » et ont pour but de s’engager dans des relations amoureuses avec leurs cibles afin de glaner les informations qu’ils recherchent. Et la troisième met en vedette Ryan Robbins dans la peau d’un pasteur Mennonite, Noah Funk, qui travaille sous couverture pour démanteler un réseau de crimes organisées pour éradiquer les problèmes trafics de drogue dans cette communauté. La rédaction recommande également de suivre les aventures du Dr Mary Harris qui tente d’échapper aux autorités pour continuer de « conseiller les patients en fin de vie » et leur proposer l’euthanasie en toute discrétion pour se retirer sans douleur. Dans les pas de Breaking Bad au féminin pour un twist final à la HTGAWMMary Kills People s’est suivit avidement en 6 épisodes sur Global et sur la chaîne américaine Lifetime à partir du 23 avril prochain. A ne pas manquer!!!

Le réseau de télévision canadien TVA passe comme tant d’autre en HD et en numérique terrestre entre 2007 et 2009. Son identité visuelle devient celui que l’on connait aujourd’hui en 2012, date à laquelle des créations originales apparaissent, des téléromans à succès tels que O’ suivant le quotidien du clan O’Hara d’origine irlandaise ayant fait fortune dans l’eau embouteillée, Au secours de Béatrice avec Gabriel Arcand (oui le frère de Denys) mettant en scène les péripéties d’une médecin urgentologue, L’Échappée, dont la première saison s’est terminé avant le passage à la nouvelle année 2017, qui décrit à la manière de Broadchurch une petite communauté idyllique vu par le retour d’une quadragénaire et une certain crime qui l’a concerne, sans oublier L’Imposteur avec Marc-André Gondrin (qui s’est rasé pour le rôle) dans la peau d’un ex-prisonnier qui mène une double vie et dernièrement L’Heure bleue* depuis janvier 2017 autour d’une mère qui cherche à se reconstruire après la mort d’un de ses enfants. Et du groupe TVA, la chaîne câblée AddikTV se lance également dans le lancement de drames à suspense avec la policière Mensonges ou la « surnaturelle » Prémonitions avec Pascale Bussières (Becky Walters dans Le Coeur a ses raisons ou Sarah dans l’adaptation québéquoises de WorkinGirls, Complexe G).

Qu’en est-il de la comédie justement? Car depuis les parodies ou comédies à sketch, Bizarre, Second City TV ou Le Coeur a ses raisons, il est difficile de citer des immanquables. Et pourtant. Il faut savoir qu’Un Gars, Une Fille a été adapté d’une série canadienne créée par Guy A. Lepage, également l’acteur principal et que son concept a été repris dans le monde entier. Elle provient au départ de scènes humoristiques sur la vie de couple de l’émission Besoin d’amour diffusée sur les ondes de TQS en 1996 animée par Guy A. Lepage. Il faut aussi nommer le chanteur et humoriste François Pérusse et ses pastilles radiophoniques ou ses séries d’animations (Pérusse City, Série du peuple). D’autre shortcom nous viennent à l’esprit telles que Fais pas si, fais pas ça ou Parents mode d’emploi de notre côté de l’Hexagone, il existe Les Parents 2008 – 2016 avec Anne Dorval qui voit grandir sur huit ans la famille Parents et ces trois enfants au travers des scènes courtes de la vie quotidienne. Imaginez une tribu style Malcolm sans la folie, mais avec l’acuité pseudo réaliste de l’absurdité que toutes les familles ont déjà vécu et vous obtiendrez cette comédie familiale tendre sur ICI Radio-Canada Télé. Comment ne pas citer la culte Les Beaux Malaises qui s’est retiré après un double final de 45 minutes, le 22 janvier 2017 après 3 saisons et une adaptation française qui ne fait que reprendre situations par situations de manière caricaturale et sans saveur avec Frank Dubosc et Anne Marivin sur M6 en octobre 2016. Sur CBC, nous suivons depuis le 11 octobre 2016 le quotidien de la famille canado-coréenne Kim tenant une épicerie. Kim’s Convenience, plus jouissive et subtile que Fresh Off The Boat qui suivait les pas de The Goldberg ou Black-ish s’articulant sur la difficulté d’une minorité ethnique à s’intégrer dans un quartier, joue sur des situations et des personnages drôles et sensibles. Il faut attendre une saison 2 avec impatience…

En espérant que ce tour d’horizon vous aura convaincu que le paysage audiovisuel canadien est riche et mérite plus sérieusement que l’on s’y arrête. Toute proposition est la bienvenu afin d’améliorer à l’avenir ce nouveau chapitre de la rubrique de Séries que Cineseries-mag s’efforce d’étoffer ces dernières années avant le deuxième Focus qui portera sur Netflix. Histoire d’en savoir plus, histoire d’en faire une…

* Période (appréciée des photographes) entre le jour et la nuit où le ciel se remplit presque entièrement d’un bleu plus foncé que le bleu ciel du jour. Aussi appelée « entre chien et loup » ou la « brunante » au Canada.

Les grandes networks à retenir:

CBC Television (Canadian Broadcasting Corporation – communément appelé « CBC ») est un réseau public national qui appartient à la Société Radio-Canada (plus ancien service de diffusion), et dont la programmation est diffusée en anglais – ainsi qu’en langues autochtones dans les territoires et les régions nordiques du Québec et du Labrador.

CTV Television Network (Canadian Television – communément appelé « CTV »), à l’origine CTN (Canadian Television Network). Un réseau privé national (sauf à Terre-Neuve-et-Labrador ainsi que dans les trois territoires) détenu par Bell Media, et diffusant uniquement en anglais.

Global Television Network (communément appelé « Global »). Un réseau privé national (sauf à Terre-Neuve-et-Labrador ainsi que dans les trois territoires) détenu par Shaw Media et diffusant uniquement en anglais.

Citytv, détenu par Rogers Media, est composé de stations locales basées à Toronto, Winnipeg, Calgary, Edmonton, Vancouver, Saskatchewan et Montréal.

CTV Two (anciennement NewNet, puis A-Channel), détenu par Bell Media, est un système de diffuseurs locaux basés en Ontario, en Colombie-Britannique, dans les provinces des Maritimes et en Alberta. La marque de commerce A-Channel fut achetée de Craig Media en 2004, et fut anciennement utilisée pour les stations dans les marchés de Calgary, Edmonton et Winnipeg, lesquelles sont aujourd’hui dénommées CityTV.

ICI Radio-Canada Télé (Société Radio-Canada – communément appelé « SRC » ou « Radio-Canada »). Un réseau public national dont la propriété appartient au gouvernement fédéral, et dont la programmation est entièrement diffusée en français.

TVA (autrefois Télé-Métropole), détenu par Québecor Média Inc., est un réseau basé au Québec, dont la programmation est entièrement diffusée en français partout au Canada via le câble.

V est un réseau exploité au Québec, qui est détenu par Remstar Corporation. La programmation est entièrement diffusée en français.