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Stranger Things saison 1, une série de Matt Duffer et Ross Duffer : critique

Dire que Stranger Things est une série qui fait honneur à la science-fiction des années 80 est un euphémisme. Elle baigne dans ce qu’il y a eu de meilleur, en ramenant à la vie tout ce qui nous manque le plus, notamment du côté des œuvres de Spielberg. De ce fait, même la promotion renvoie à cette époque avec un poster promotionnel (photo ci-contre) digne des chefs-d’œuvres de Drew Struzan, ainsi que la police de son générique.

Synopsis : En 1983, dans la petite ville d’Hawkins, un jeune garçon prénommé Will Byers disparaît mystérieusement un soir alors qu’il s’apprêtait à rentrer chez lui. Sa mère et son grand frère, inquiets, contactent le chef de police, Jim Hopper, afin d’enquêter sur cette disparition. Pendant ce temps, les amis de Will retrouvent une jeune fille au crane rasé perdue, à l’endroit même où il avait disparu…

Hommage à la jeunesse des années 80…

Alors que nos chers studios relancent nos sagas cinématographiques préférées entre remakes, reboots, et suites pas forcément réussies, les frères Duffer créent une histoire originale en utilisant les meilleurs ingrédients de succès populaires, agrémentée d’un suspense à la Stephen King.
Attention, nostalgie garantie (et aux risques de spoilers).

On ne compte plus les références et les clins d’œil à la culture pop et aux films des années 80. C’est amené tout le long de la saison avec intelligence et c’est vraiment rafraichissant, que ce soit l’innocence de nos héros incarnés par des enfants, faisant écho au film Les Goonies, mais aussi les mystères autour du personnage d’Eleven et des scientifiques à sa poursuite qui rappellent énormément le schéma scénaristique d’E.T. Enfin, la créature à l’origine de la disparition de Will accompagnée de décors sombres et glauques des sous-sols du laboratoire font directement penser aux aliens de Ridley Scott.
Les deux réalisateurs ont réfléchi à chaque détail pour qu’on puisse revivre cette belle époque à travers les styles vestimentaires, l’ambiance musicale (quel bonheur de réentendre Africa dans une série de 2016) et les différentes activités, en passant même par nos jeux de rôles tel que Donjons et Dragons.

Mais ce n’est pas parce qu’ils ramènent tous ces codes passés que nous ne trouvons pas une certaine modernité dans ce scénario. En effet, en mélangeant les références, nous abordons une histoire inédite, au récit qui avance à bonne allure pour qu’on ne décroche jamais de notre écran. La part d’originalité de la série se place dans un monde obscur, le monde à l’envers gouverné par un monstre étrange. À l’inverse du voyage dans l’espace ou d’apparitions extraterrestre, la menace ne vient pas d’ailleurs, elle est cachée sur notre planète et c’est l’un des points forts des frères Duffer : une série actuelle, mais dont l’histoire aurait pu sortir dans nos salles de cinéma il y a une trentaine d’années.
Les questions et les mystères se posent après chaque épisode jusqu’au climax qui semble résoudre l’intrigue principale sur où se trouvait Will, mais les grandes interrogations demeurent, apportant un vif intérêt aux spectateurs pour revenir voir la prochaine saison (pas officiellement commandée).

Pour raviver encore plus notre nostalgie, Stranger Things a l’audace de ramener une actrice réputée des années 80 et 90, Winona Ryder, surtout connu pour les œuvres de Burton, et sa collaboration aux côtés de Sigourney Weaver dans Alien : la résurrection. Après une traversée du désert, Ryder revient dans le rôle de Joyce Byers, la mère éplorée à la recherche de son petit garçon. Au départ, le jeu de l’actrice ne convainc pas forcément, mais son personnage deviendra très intéressant dès le second épisode étant donné que c’est la seule persuadée que Will soit toujours en vie comme ses amis. C’est intéressant de voir finalement qu’elle revient, 30 ans plus tard, dans un genre qui lui colle à la peau et qui l’a fait connaître, mais elle n’a pas perdu de son talent à travers ces huit épisodes, bien au contraire.
Par rapport au reste de la distribution, nous avons un sans faute. Les quatre garçons sont naturels, attachants et nous rappellent une fois encore les jeunes héros des longs-métrages de notre enfance, mais la surprise de la série c’est bien Millie Brown, interprétant l’énigmatique Eleven. Elle surprend, elle habite son personnage, et il est évident qu’après ce premier rôle, il faudra guetter sa carrière de plus près.

Notre bilan de cette première saison : après un pilote réussi, les épisodes se succèdent et nous offrent une certaine qualité dans ses storylines et dans sa dramaturgie.

Le scénario est construit de telle manière que chaque épisode apporte quelques indices sans trop s’avancer, laissant suffisamment de temps aux spectateurs pour faire ses propres hypothèses sur le monde à l’envers, la disparition de Will, ou les expériences des scientifiques sur Eleven.
De plus, même si les enfants sont les principaux protagonistes du récit, les adolescents ont leurs propres développements. On suit les déboires amoureux de Nancy (interprétée par Natalie Dyer) avec son petit copain qui reprend les stéréotypes du rival, jaloux du « héros » sans pour autant entrer dans le cliché. Personnage assez niais au départ, elle finira par vouloir aider Jonathan Byers (joué par Noah Schnaps) à retrouver son petit frère Will. Chacun des personnages est suffisamment développé pour qu’on s’intéresse à son parcours. Ainsi nous suivons trois histoires parallèles – les amis de Will collaborant avec Eleven pour le retrouver, Nancy et Jonathan qui veulent affronter la créature, Joyce et Jim Hopper enquêtant du côté du laboratoire du département de l’énergie à l’origine de phénomènes surnaturels – qui finiront par se rejoindre pour les deux épisodes finaux.

Les frères Duffer ont une réalisation excellente et maîtrisée (mais on n’en attend pas moins de la part de Netflix). Nous ressentons leur amour pour cette époque révolue, et ils font tout pour raviver la flamme avec succès que ce soit dans sa tonalité, son ambiance et ses effets spéciaux. Tout est dans la suggestion et la nuance, rendant l’atmosphère pesante et inquiétante dans la plupart des séquences de poursuite dans la forêt ou le laboratoire, sans parler d’une bande-son irréprochable tout du long. Nous avons vraiment l’impression de voir un film de 8 heures.

Le challenge était surtout de devoir conjuguer science-fiction – années 80 – souvenirs, non pas dans un long-métrage, mais dans une série de plusieurs épisodes. Ce fut la partie la plus inédite de la part des frères Duffer qui ont réussi leur pari pour Stranger Things saison 1.
Près de deux semaines après son lancement, cette série est devenu le hit de l’été dont tout le monde parle et qui risque de faire de l’ombre aux autres séries du moment tel que Game of Thrones ou The Walking Dead

Stranger Things est diffusé sur la plateforme Netflix depuis le 15 juillet.

Stranger Things saison 1 : Bande-annonce

Stranger Things saison 1 : Fiche Technique

Créateurs : Matt Duffer, Ross Duffer
Réalisation : Matt Duffer, Ross Duffer, Shawn Levy
Scénario : Matt Duffer, Ross Duffer
Interprétation : Winona Ryder (Joyce Byers), David Harbour (Jim Hopper), Matthew Modine (Dr Martin Brenner), Cara Buono (Karen Whiler), Finn Wolfhard (Mike Whiler), Millie Brown (Onze/Eleven), Gaten Matarazzo (Dustin), Caleb McLaughlin (Lucas), Noah Schnapp (Will Byers), Natalie Dyer (Nancy Whiler), Charlie Heaton (Jonathan Byers)
Direction artistique : Chris Trujillo
Image : Tim Ives, Tod Campbell
Montage : Kevin D. Ross, Dean Zimmerman
Musique : Kyle Dixon, Michael Stein
Décors : William G. Davis
Costumes : Kimberly Adams-Galligan, Malgosia Turzanska
Producteurs : Matt Duffer, Ross Duffer, Shawn Levy, Dan Cohen
Société de production : 21 Laps Entertainment
Société de distribution : Netflix
Date de sortie : 15 juillet 2016
Format : 8 épisode de 50 minutes
Genre : science-fiction

Etats-Unis – 2016