Bien que le mois de Février soit le plus court, cela ne nous a pas empêchés de découvrir de nouveaux pilotes pour remplir nos dimanches soirs ! Au programme de ce 4ème épisode des Fous de Pilotes : des super-héros irresponsables avec Doom Patrol et loufoques avec The Umbrella Academy, des nouvelles séries policières avec The Enemy Within et Whiskey Cavalier, et bien d’autres encore !
Doom Patrol, une vague de frais chez DC
Le mois dernier, le DC Universe nous présentait Titans, de jeunes adolescents héroïques dans une atmosphère assez sombre. Cette fois-ci, c’est la Doom Patrol, une bande d’adultes irresponsables, qui arrive sur nos écrans pour rafraîchir l’univers des super-héros. L’ambiance très second degré annoncée dès la scène d’introduction de cette série, par un narrateur très drôle qui brise le quatrième mur, nous promet de passer un bon moment, sur un ton loufoque et très détendu.
Souffrant de divers handicaps, des parias de la société vivent reclus dans un manoir à causes de leurs différents problèmes physiques (pour un parallélisme assez intéressant avec les X-Men). Tous regrettent leur vie normale d’antan, et craignent le regard des autres.
Comme pour chaque équipe de super-héros, les personnages nous sont présentés un par un à travers des flashbacks, jusqu’à leur rencontre avec Niles Caulder, alias le Chief (une sorte de Charles Xavier, incarné par Timothy Dalton), qui les accueille et les « répare » si besoin.
Si l’épisode pilote semble centré sur Robotman, joué par Brendan Fraser (oui, il est de retour !) qui apprend à utiliser son nouveau corps à la suite d’un accident, chaque personnage porte en lui un potentiel de développement intéressant. Ces héros pas vraiment glorieux mais d’ores et déjà assez attachants, réagissent de manière crédible à leurs mésaventures et s’avèrent très touchants.
Au-delà du simple divertissement, de nombreuses thématiques semblent abordées (l’acceptation d’autrui et de soi-même, le temps qui passe, etc.), des questions qui nous concernent tous et donnent un tout autre degré de lecture à cette série, qui s’annonce comme plus qu’une simple histoire de super-héros.
Cette fois-ci, ce n’est pas sur Netflix mais sur la plateforme de streaming, DC Universe, que l’on pourra suivre nos héros déjantés, à raison d’un épisode par semaine. Le pilote a été extrêmement bien accueilli par le public et la critique, aucune raison donc d’hésiter à se lancer.
Thomas Gallon
Des super-héros loufoques dans The Umbrella Academy.
C’est en musique que débute le premier épisode de The Umbrella Academy, une musique qui deviendra, au fil de l’épisode, assez irritante tant elle se montre envahissante. Si les passages rock de la bande-son sont intéressants et bienvenus, les violons quant à eux, viennent alourdir certaines scènes. La série se veut être une histoire de super-héros loufoques, mais elle tient aussi à mettre l’accent sur le côté union et famille, malheureusement le trop plein d’informations qui nous est envoyé à la figure dans cette première heure nous empêche de nous attacher aux personnages et à leur histoire. Les moments supposément émouvants paraissent, à ce stade de la série, un peu longs et superflus. Pour autant, si tous les personnages ne retiennent pas notre intérêt, Ellen Page et Robert Sheehan, dont le rôle réjouira les fans de Misfits, sont prometteurs dans leurs rôles respectifs.
Ce qui pèche réellement dans ce pilote est non seulement la réalisation qui peine à rendre palpitantes les scènes d’action (dont les effets spéciaux, sans être ridicules, auraient gagné à être plus soignés) mais aussi le scénario qui perd le spectateur avec une structure éclatée entre différentes temporalités. Si l’ambition de faire une série de super-héros non conventionnelle qui casse les codes de la narration est honorable, le pilote trahit néanmoins un manque de maîtrise dans sa structure, et il est probable que la série n’arrive pas à échapper à quelques complications scénaristiques inutiles tout au long de sa saison.
The Enemy Within, À l’ouest rien de nouveau
Très peu d’originalité pour cette nouvelle série policière/d’espionnage, portée sur les écrans de NBC le 26 février dernier.
En tête d’affiche, Jennifer Carpenter – célèbre pour son rôle de Debra Morgan dans Dexter – campe le rôle d’Erica Shepherd, ancienne agent de la CIA, coupable de traîtrise. Suite à un attentat contre des agents de la CIA, l’agent du FBI William Keaton (Maurice Chestnut) se voit demander de l’aide à notre ”ennemi de l’intérieur”, qui serait aussi responsable de la mort de sa fiancée.
La ressemblance avec The Blacklist est très troublante, avec cette introduction d’Erica en cage, tel un Raymond Reddington au féminin, mais sans son humour et son panache. Au contraire, sa façade glaciale dévoile plus une martyre proche d’un Jack Bauer, prête à tous les sacrifices pour la bonne cause. A noter que, contrairement à notre personnage masculin, le dévouement d’Erica ne serait pas motivé par le patriotisme, mais par son côté maternel.
Dès le début, le pilote nous sert tous les ingrédients d’une série d’action : courses poursuites à répétition, interrogatoire musclé et scènes de fusillades dans un rythme effréné. Le spectateur rentre rapidement dans le vif de l’histoire, peut-être un peu trop. Car hormis la mise en bouche d’une affaire de terrorisme –pas très originale pour les amateurs d’Homeland ou 24h Chrono-, l’intrigue de fond reste la raison qui aurait poussé l’ex-agent Shepherd à trahir son pays. Or, cette révélation est faite dès la fin du premier épisode lorsqu’elle avoue avoir été victime de chantage contre sa fille. Alors, la série veut-elle se montrer si prévisible ou s’agit il d’un piège pour mieux surprendre le spectateur dans les épisodes suivants ?
Cette série n’annonce pas du lourd, en respectant plutôt les codes du genre au lieu de se risquer dans la nouveauté. Il reste à voir comment la suite abordera le thème de la radicalisation de l’intérieur dans le contexte d’une Amérique toujours aussi sensible au terrorisme. Quant aux personnages, l’agent Keaton reste encore au second plan comparé à Erica qui s’avère une méchante au bon fond.
Céline Lacroix
Whiskey Cavalier : drôle et rythmé
Si vous cherchez l’originalité, passez votre chemin. Par son histoire, Whiskey Cavalier devrait se fondre dans la masse des séries policières au rythme « un épisode = un enquête », et on devine facilement que l’issue sera toujours positive.
Ce pilote de Whiskey Cavalier annonce la couleur : ici, c’est du fun. Humour, rythme très rapide sans le moindre temps mort, dialogues qui fusent, action et musique.
L’humour arrive dès les plans d’ouverture : Will Chase (nom de code : Whiskey Cavalier) est un agent chevronné du FBI en poste à Paris. Un dur à cuire ! Sauf que lorsqu’on le découvre, il est cloîtré dans sa chambre en désordre, pleurant sur son couple brisé en écoutant des chansons romantiques.
Car s’il est un excellent agent, Will souffre d’une « intelligence émotionnelle élevée ». En gros, il agit non pas avec sa raison, mais par empathie. Ce qui ne lui évite absolument pas les problèmes, bien au contraire : il n’en est que plus facilement manipulable. Sans compter que cette rupture dont il ne se remet pas servira de running gag tout au long de l’épisode.
Et voilà qu’on lui confie une mission apparemment tranquille : partir à Moscou chercher un agent de la NSA qui a disparu avec des informations sensibles.
Au fil de l’épisode va se constituer petit à petit l’équipe que l’on suivra dans le reste de la série, une équipe qui paraît plus comique qu’opérationnelle. En attendant, le spectateur a eu droit à son lot de courses-poursuites, d’explosions, de scènes d’action.
Et même la musique ajoute au plaisir ressenti : une poursuite dans les rues de Moscou avec AC/DC, ou une improbable version russe de Paint it black…
En bref, pour savourer ce pilote, il ne faut pas être exigeant en matière d’originalité, de finesse psychologique ou de scénario tortueux. Il faut aimer se divertir devant un spectacle qui n’a pas d’autre prétention que de nous faire passer à toute vitesse 45 minutes fort sympathiques.
Hervé Aubert
Nightflyers, Carrie à la rencontre des Aliens
Dès ces premières images, deux mots peuvent qualifier Nightflyers : l’énigme, et l’angoisse. Et ce premier épisode conservera ces deux maîtres-mots tout du long.
Après un pre-générique placé sous le signe de la destruction et de la mort (violente et sanglante, si possible), la série accueille son spectateur avec toute un lot de questions. Bien évidemment, il ne faut pas s’attendre à avoir des réponses à la fin de l’épisode, et c’est tant mieux. Certains voiles sont levés au fil des minutes, suffisamment pour que le spectateur ne soit pas perdu, et découvre progressivement les enjeux.
Et ces enjeux, quels sont-ils ? Une planète terre qui se meurt, et la seule solution qui pourrait se présenter à ce problème réside dans ce qui semble être une vie extraterrestre, les Volcryn. Mais pour l’instant, aucune communication n’a pu s’établir avec eux. Il s’agit donc d’envoyer un vaisseau, le Nightflyer. Et, pour tenter d’établir une communication, on fait monter à bord une sorte de psychopathe télépathique, un L-1 appelé Thale.
L’épisode reprend des thèmes classiques de la SF contemporaine : la planète en danger (à cause de l’activité humaine ; Rowan, l’exobiologiste de l’expédition, définit crûment les humains comme « un virus qui a tué son hôte et qui cherche un nouvel hôte à infecter »), la transhumanité (des personnages « fabriqués » génétiquement pour pouvoir accomplir des voyages spatiaux ou pour avoir la capacité de communiquer avec le vaisseau par influx nerveux), etc.
La tension sera croissante pendant tout l’épisode et le rythme ne faiblira pas. Les questions afflueront sans cesse, et tout sera source d’angoisse : qui est ce mystérieux capitaine dont on ne voit qu’un hologramme mais qui, lui, voit tout, quitte à espionner l’équipage dans son intimité ? Quel est le rôle exact de Thale dans les événements dramatiques qui secouent le vaisseau ? Considéré comme un « monstre », le télépathe constitue un suspect tout trouvé…
Enfin, et on y est déjà habitué, la série multiplie les références et les clins d’œil, sans que cela soit un frein ni un but en soi. De Carrie à Alien en passant par Solaris, le scénario reprend des thèmes et des sujets classiques du genre, en les mêlant avec bonheur.
En bref, voici un pilote qui donne envie d’en savoir plus, d’enchaîner directement avec la suite. A déconseiller peut-être aux âmes sensibles, tant certaines scènes flirtent avec l’horreur, mais à recommander aux amateurs de SF.
Hervé Aubert