The Last of Us, Fallout, Detective Pikachu, Mario, la malédiction d’adaptation de jeux-vidéo semble peu à peu disparaître. Mais, de toutes, une seule peut prétendre au rang de chef d’œuvre. Mieux, c’est un studio parisien qui en est à la tête. Sortie en 2021 après cinq années de production et acclamée à l’unanimité, Arcane s’est immédiatement hissée au sommet des meilleures séries jamais créées et sûrement la plus belle œuvre d’animation jamais conçue. Scénario intense et puissant, solidifié par la non-nécessité d’avoir joué au jeu pour l’apprécier, beau à s’en pâmer, musiques extraordinaires. Le tout sur neuf épisodes, qui se concluaient sur un cliffhanger aussi bouleversant qu’il créait une attente insoutenable. Trois ans plus tard, la série arrive à son terme avec sa deuxième saison. Une seule chose à dire : Merci.
Cette critique ne spoilera aucun contenu de la première saison. Vous pouvez lire les lignes qui suivent sans savoir de quoi parle la série.
La plus belle des malédictions
Si les dernières années ont définitivement prouvé au monde que le cinéma français était plus fort que jamais, cela ne suffisait visiblement pas à Fortiche Productions. Et si vous pensiez qu’ils avaient fini d’humilier l’intégralité des œuvres d’animation avec la première saison, de par leur proposition graphique aussi unique qu’hors normes, les choses ont grimpé d’un cran avec cette saison 2. Pour ceux qui l’ignorent, la cadence de production d’Arcane est de 0,8 à 1s d’images par jour. Oui. Par comparaison, la quasi-totalité des studios se mettent d’accord pour une moyenne de 6 à 7 secondes quotidiennes. Et si vous aimez les chiffres, presque 200 millions de dollars séparent les deux saisons. Le budget de cette ultime salve explose les compteurs, avec 250 millions de dollars, faisant de celle-ci l’œuvre d’animation la plus chère de l’histoire. Est-ce que ça se voit ? Vous en avez d’autres des questions comme ça ?
Faites pause avec n’importe quelle seconde de chacun des neuf épisodes et vous verrez que chaque plan pourrait faire office de fond d’écran pour votre ordinateur ou votre téléphone. La série est belle à en pleurer. Tout a grimpé d’un cran et Fortiche sont plus… doués, que jamais (évitons les jeux de mots douteux, voulez-vous). Les animations des personnages, faciales ou corporelles, sont d’une justesse inégalée, les décors feraient des jaloux parmi les plus grands tableaux et chaque seconde est un pur bonheur visuel. Mais ce qui continue de surprendre, encore et toujours, c’est le nombre de styles d’animation différents que maîtrise le studio. À l’instar d’un Spider-Man : Across the Spiderverse, cette saison 2 ne s’enferme jamais dans un style prédéfini mais continue d’innover d’épisode en épisode. Chaque centimètre, chaque détail est pensé avec une précision chirurgicale et fait d’Arcane un bijou artistique unique et désormais difficilement détrônable.
Chaque personnage, chaque lieu, chaque reflet de lumière, tout est parfait. Le travail est tout simplement colossal et l’on rêve de voir un tel rendu au cinéma. Non pas qu’un film serait visuellement meilleur. Est-il seulement possible de faire mieux ? Mais Arcane est de ces œuvres que l’on regrette de découvrir sur un écran de télévision tant la proposition visuelle est puissante. Si cette saison marque la fin de la série, elle marque en réalité la fin d’une des nombreuses histoires que l’univers de League of Legends peut raconter. D’autres arrivent, c’est officiel. Enfin, arrivent… dans quelques années, entendons-nous bien. Bon, après trois paragraphes à louer les qualités visuelles du chef-d’œuvre de Netflix, on va peut-être parler du reste ? Allez !
Ne pleure pas, tu es parfait
La première saison parvenait à tisser une histoire solide et puissante, sans exclure les néophytes de cet immense univers, dont votre illustre serviteur. Tout était parfaitement compréhensible, Fortiche n’oubliant jamais qu’ils créaient une série télévisée et non pas un DLC du jeu. Et, pour cela, ils présentaient leur monde avec une réelle finesse, donnant au spectateur lambda toutes les clés de compréhension pour lui permettre de suivre les intrigues. Et quelles intrigues ! Arcane, en plus de sa beauté visuelle foudroyante, c’est des thèmes forts et justement amenés, mais aussi et surtout des personnages principaux marquants et incroyablement réussis. Chacune des histoires se mêlait aux autres avec maestria, le tout sans temps mort et offrant à chacun des protagonistes/antagonistes une réelle évolution et présence à l’écran. Normal dans un monde idéal, mais finalement assez rare.
Ce serait d’ailleurs le seul défaut que l’on trouverait à cette deuxième saison. Certains protagonistes sont plus en retrait malgré un potentiel d’intrigue immense. Si neuf épisodes étaient parfaits pour la première salve, cette seconde partie aurait sûrement adoré en avoir trois de plus (et nous aussi). Certains épisodes se déroulent presque hors du temps, comme le septième, tout là-haut dans le top des meilleurs épisodes de séries jamais conçus. D’autres enchaînent un peu brutalement certaines scènes, sans que l’on ait le temps d’assimiler ce qu’il venait de se passer. Aussi, les non-adeptes du jeu pourront se sentir un tantinet plus exclus, Fortiche ayant multiplié les clins d’œil et scènes directement pensées pour les fans. Rien de dramatique, rassurez-vous.
Car, pour le reste, on reste sur un quasi sans faute. Arcane propose de ces histoires qui ne vous laisseront pas indemnes. Cette saison se concentre davantage sur ses protagonistes principaux, majoritairement féminins. Si Vi et Caitlyn restent toutes deux incroyables, Jinx continue de briller plus haut que tous les autres et reste le nerf de cette histoire. Avec elle, Arcane propose l’un des plus grands et dramatiques personnages de l’histoire de la fiction et on ressort de son arc profondément chamboulé. D’autres se font plus discrets, pour revenir plus forts que jamais sur la fin avec des scènes d’anthologie. Le show continue d’explorer des thèmes forts tels que la famille, la perte, la recherche absolue de la perfection, la haine, le tout avec une réelle identité. À l’issue de la série, préparez les mouchoirs.
T’es la meilleure chose qui me soit arrivée
Là où on attendait aussi cette saison 2, c’est bien évidemment pour sa partie musicale. Il faut dire que la première saison proposait nombre de morceaux originaux tous plus incroyables les uns que les autres. Le tout se concluait sur un phénoménal What could have been de Sting, dans une séquence extraordinaire. Cette saison 2 est dans la droite lignée de son aînée, en livrant des chansons qui feraient verser une larme à un sociopathe. Remember Me, Spin The Weel, Fantastic, The Line et j’en passe. Impossible de ne pas citer le retour de Stromae avec Ma Meilleure Ennemie, chantée en duo avec Pomme dans l’une des plus belles scènes jamais vues. Décidément, cet épisode 7…
On terminera évidemment sur le doublage. Que ce soit en VF ou en VO, les acteurs font un travail extraordinaire. Si l’on regrette quelques détails qui impactent la narration en VF, comme l’absence d’accent pour Viktor, il n’y a rien à reprocher. De tous les comédiens, deux ressortent particulièrement : Ella Purnell et Adeline Chetail. Toutes deux ont un point commun, elles doublent le même personnage, Jinx. Comme quoi, la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre. Déjà héroïne de Fallout, Ella Purnell étonne encore dans sa performance, en espérant que cette expérience lui apporte un boulevard de possibilités dans le monde du doublage dans les années à venir. Quant à la version française, Adeline Chetail crève littéralement le cœur, tant chacune de ses intonations est bluffante de justesse. Malheureusement, à l’inverse d’Ella à qui l’on espère un avenir prospère dans le milieu, notre bijou de doublage a d’ores et déjà annoncé sa retraite (tout en se disant prête à revenir pour certains projets qui lui tiennent à cœur. The Last of Us Part III, on te voit). Non, vraiment, merci Netflix, merci Riot, merci Fortiche. Merci Arcane. Merci pour tout.
La bande annonce est celle de la première saison.
Fiche technique : Arcane saison 2
Création : Christian Linke / Alex Yee sur les bases du jeu vidéo League of Legends
Genre : Fantaisie / Drame / Action / Science-fiction / Steampunk / Aventure
Réalisation : Fortiche Production
Casting original : Hailee Steifeld / Ella Purnell / Kevin Alejandro / Katie Leung . Harry Lloyd / Reed Shannon
Casting francais : Alice Taurand / Adeline Chetail / Franck Sportis / Elsa Davoine / Cedric Dumond.
Nombre d’épisodes : 9
Durée : 40 à 50 minutes
Production : Riot Games
Diffuseur : Netflix