Aller voir en pleine phase de déconfinement un film dont l’essentiel de l’action se déroule dans une maison cadenassée, au fond d’un lac, à suivre des personnages masqués dont la capacité respiratoire va en se réduisant ne relève-t-elle pas du masochisme caractérisé ? La question subsidiaire étant : en plus de s’infliger un film asphyxiant, notre peine n’est-elle pas alourdie par un scénar (sonar) mal ficelé ou des héros profondément soûlants ? Un peu des deux mon capitaine. The Deep House d’Alexandre Bustillo et Julien Maury tient longtemps la barre avant de sombrer dans le dernier quart d’heure.
Pour autant, cette Deep House est loin d’être nullissime. D’abord parce que la réalisation, techniquement parlant, est quand même une tuerie. Il ressort de la première demi-heure d’immersion une poésie visuelle et une atmosphère fantastique plutôt réussie. De fait, le film réutilise à la perfection les codes des youtubeurs spécialistes de l’exploration urbaine que sont Tina et Ben. Autrement dit, il y a de l’urbex dans l’eau.
Ensuite, parce que le film semble s’amuser avec la plupart des clichés propres aux films de maisons hantées, plaçant ici le jump scare incontournable, là les distorsions optiques et sonores (accentuées ici par l’environnement aquatique) ou encore la poupée sanglante (et flottante) de service.
Jusque là tout va bien (! spoiler dans le prochain paragraphe !)
Sauf qu’au lieu de tenir cette ligne du fantastique jusqu’au bout, à la façon d’un récit lovecraftien -suggéré par la devise de la demeure : «N’est pas mort ce qui à jamais dort »-, le film dans sa dernière partie s’enfonce irrémédiablement dans un grand n’importe nawak. Là où le scénario réussissait jusqu’à présent à naviguer entre deux eaux avec une certaine justesse, la dernière demi-heure se noie dans une accumulation de poncifs. Confrontés aux difficultés d’un escape room en mode sous-marin, aux manifestations terrifiantes d’une maison hantée, à l’adversité de ce qui ressemble à des zombies, le tout dans la maison d’un tueur sadique porté sur le satanisme, on se dit que nos deux plongeurs prennent quand même un peu cher, peuchère.
On ne s’attend plus pour compléter le tableau qu’à voir débarquer les sœurs jumelles de Shining (avec la baigneuse de la chambre 237 ?), la Créature du lac noir ou tant qu’à faire Cthulhu en personne.
Bref, pour 10 euros pas sûr qu’il faille le recommander pas mais pour 4, pourquoi pas !
Bande annonce :
Fiche technique :
- Titre original : The Deep House
- Réalisation et scénario : Alexandre Bustillo et Julien Maury (traduction en anglais : Julien David et Rachel Parker)
- Musique : Raphaël Gesqua
- Décors : Hubert Pouille
- Costumes : Alice Eyssartier
- Photographie : Jacques Ballard
- Montage : Baxter
- Production : Clément Miserez
- Coproduction : Cloé Garbay et Jean-Charles Levy
- Production déléguée : David Giordano
- Sociétés de production : Radar Films ; Apollo Films, Forecast Pictures et Logical Pictures (coproductions)
- Société de distribution : Apollo Films
- Pays d’origine : France
- Langue originale : anglais
- Format : couleur
- Genres : horreur, thriller
- Date de sortie : 30 juin 2021