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Édito : séries, ombres, surprises, et « cinéma doudou »

Édito Cinéma et Séries de Février 2017 :  des premiers décès de l’année aux futurs espoirs, des faux-semblants obscurs à la foi dans le progrès, de la conquête du cinéma doudou jusqu’à la télévision, des critiques aux blogueurs… Bref ! Un texte adressé aux pessimistes et aux optimistes, vers l’infini et l’au-delà.

Ça y est, des étoiles du cinéma nous ont déjà quitté cette année, Emmanuelle Riva (89 ans, ci-dessous) et John Hurt (77 ans, ci-contre) notamment. Les gens pleurent, plus avec des larmes mais avec des smileys tristes sur Facebook. C’est plus rapide, et puis pour partager sa peine – et notamment exposer son humanité -, il n’y a rien de mieux que les réseaux sociaux. Aussi, ça y est, le grand blond avec deux chaussures noires et dont le bronzage du visage est une réponse au titre de la série Orange is the new black est au pouvoir. Aux US, la populace est partagée, comme ici d’ailleurs. Les français sont préoccupés par la politique américaine ainsi que par nos élections arrivantes et de plus en plus excitantes au fil des scandales et des discours populistes. Puis fin janvier, on a eu un nuage de pollution / particules.

On peut déjà lire certains se plaindre d’une année 2017 qui commence mal ou s’annonce pire que 2016. Non désolé. Impossible d’être d’accord avec vous, à vous plaindre derrière vos écrans et vos filtres virtuels comme vous le faites. Chaque année, des gens meurent dans l’oubli, d’autres naissent et nous apportent l’espoir d’un monde meilleur ; des personnes subissent la terreur ici ou ailleurs, car la connerie finie n’a pas de frontières ; des guerres se poursuivent, d’autres se terminent, et quelques-unes sont lancées ; la fonte des glaces continue ; des irresponsables sont élus démocratiquement ; et comme d’habitude, certains essayent de prêcher leurs idées partisanes, dirigistes et égoïstes. Comme on dit : « chacun voit le soleil à sa porte », mais attention, malgré mon « bad things dropping », tout ne vire pas vers le bas. Car, comme chaque année, des choses se passent mal, et d’autres nous tirent vers le haut ! Et il y a une forte envie chez LeMagudciné de dire qu’il y a plus de choses positives que négatives dans ce monde, sauf qu’on adooooore se concentrer sur ce qui va mal. Bah oui, « l’herbe est toujours plus verte ailleurs » comme on dit. Contentez-vous déjà d’en faire pousser ici !

Dans le monde du ciné’, c’est le même cinoche justement. On se tape des films mauvais mais funs (Resident Evil Final Capter), des navets attendus (Cinquante nuances plus sombres attendu ce mercredi 8 février), des navets dégueulasses (le dernier Vin Diesel, « triple bouse, le retour du gros beauf » en est un bel exemple), des comédies françaises (Raid Dingue du Boon), des surprises cinématographiques (Un jour dans la vie de Billy Lynn), et des films funs (The Lego Batman Movie)… Des films se cassent la gueule, parfois faute à une promotion peu travaillée… On pense à Live by Night, de Ben Affleck, échec au box-office, qui a été suivi d’une mauvaise nouvelle – malgré que la Warner ait déclaré que le premier n’était pas la cause de la seconde : Ben Affleck ne réalisera pas The Batman. Mais à chaque année son lot de mauvaises nouvelles et déceptions, et son lot de bonnes news et joies profondes telles que l’arrivée ce mercredi 8 février du Silence de Martin Scorsese.

Puis on retrouve comme chaque année les éternelles attentes surpassionnées pour des blockbusters signés Disney, Fox ou Warner (non Universal n’a pas été cité ici, car qui attend sérieusement Fast and Furious 8 ? Bon soit, on peut attendre La Momie de Kurtzman avec les deux C : Cruise et Crow) : Star Wars The Last Jedi, T2 Trainspotting, les Gardiens de la Galaxie 2, Blade Runner 2049, Alien Covenant… Ça ne vous choque pas ? Que tout le monde attende des suites, des remakes, des reboots ? Non, dans le fond, chaque année depuis le début de la période du « cinéma doudou » (terme mis en place en 2015 par Nicolas Bonci ici), porté par des machines telles que Star Wars The Force Awakens ou Jurassic World, on se tape de plus en plus de films bouffis et vomissant de nostalgie cyniquement exploitée par les beaufs qui gèrent les majors et s’engraissent sur les petits cœurs des spectateurs. Loin d’utiliser un ancien matériau pour le faire évoluer, le travailler, l’explorer, l’expérimenter (on pense à Mad Max Fury Road de George Miller, ou encore à la nouvelle saga de La Planète des Singes initiée par Les Origines, poursuivi par L’Affrontement, et qui devrait se terminer avec Suprématie cet été), le « cinéma doudou » est un cinéma de la régression. Retour à l’enfance, aux premières sensations vécues devant un film culte, à la première fois devant tel ou tel film… La quête – digne de celle du Graal – de l’essence d’un film et/ou d’une saga originelle (ce que cherchait véritablement à faire Star Wars The Force Awakens – comme l’a admis Kathleen Kennedy et Lawrence Kasdan)… Ce cinéma ne cherche hélas pas à avancer, à faire du nouveau, de l’original, à explorer le potentiel d’une base ancienne. Avant (depuis Avengers on peut penser) et encore maintenant il faut le dire, on peut en lire pas mal se plaindre de l’arrivée massive des films de super-héros sur nos écrans. Mais le pire est là, le cinéma de la « nostalgia » réussit bien plus à hypnotiser le public que des hommes en armure ou jouant avec leur marteau. Et ça n’est pas prêt de se terminer.

Au contraire même, côté séries, on attend le retour du « holy grail » Twin Peaks, qui viendra clore la série comme il se doit, peut-on se dire d’un côté – et qui sera peut-être la première d’une série de nouvelles saisons, espèrent secrètement certains. Mais le véritable objet « doudou » télévisuel est apparu en 2016 avec la sortie de Stranger Things – pot pourri de ce qui a fait le succès des années 80s, d’E.T. L’Extraterrestre aux Goonies en passant par le cinéma de John Carpenter et ses partitions au synthétiseur. La série, qui a connu un large succès (qu’on pouvait facilement anticiper), se poursuivra en 2017. Et les fans s’excitent déjà sur l’une des premières photographies promotionnelles montrant les jeunots du show déguisés en chasseurs de fantômes (Ghostbusters). Ouch… Passons !

Les critiques, eux, continuent de gueuler comme des lards au Cercle (de Canal +), avec des invités souvent plus intéressants qu’eux, notamment Rafik Djoumi (Capture Mag, BiTS entre autres), exception silencieuse et sage dans un univers de bruits à en rendre la situation absurde et hilarante. D’un autre côté, des youtubers continuent d’alimenter le vide abyssal de la toile ; tandis que de l’autre, les blogueurs et journalistes bénévoles se passionnent sans gagner un euro à manger ; enfin les réseaux sociaux sont alimentés des avis de tous qui croient avoir quelque chose à dire mais surtout que ce quelque chose est assez intéressant pour inspirer, hypnotiser et dicter la conduite si possible, d’un clampin ou deux.

Bref, tout se passe comme d’habitude, ne vous inquiétez pas. Si l’homme orange va trop loin, vous pouvez être sûrs qu’un événement se produira pour venir rééquilibrer le jeu. Idem concernant les terroristes qui se la jouent déjà « cavaliers de l’apocalypse », ils ne feront pas long feu. Et mieux que ça, même dans cette période qui peut nous sembler être emplie de doutes et de ténèbres, nous progressons. Car on ne peut qu’avancer. Qui sait où nous amènera la réalité virtuelle en terme d’expérience narrative audiovisuelle ? Dans le pire du pornographique peut-être, mais où en sera le cinéma ?

Bref encore, pendant cette décennie et même ce siècle, nous n’arriverons peut-être pas à la société formidable imaginée par Gene Roddenberry dans Star Trek, mais déjà, nous avançons tous, « au mépris du danger, vers l’inconnu ».

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