« La Bête a faim. Elle avale l’air comme un cheval excité. Je regarde autour de moi : le siège vide à droite, la panier d’œufs de Bangley et la couverture avec le chasseur qui n’en finit pas de viser un faisan qui prend son envol. En tas contre la porte. Même à moitié sourd et les articulations raides Jasper était un meilleur copilote que la plupart des hommes. N’importe quel homme. Que les choses en soient réduites à : la vie condensée en une couverture miteuse. Le plomb qui n’atteindra jamais sa proie, l’oiseau qui ne retombera jamais mais aussi, le chasseur qui ne manquera jamais son coup. Qui ne perdra jamais rien. Dont le chien ne mourra jamais. »
« On se lasse très vite des objets… Ça fait deux mois que je la conduis et au final, c’est juste une voiture… une jolie voiture, mais c’est juste une voiture. Crois-moi… Vis cette aventure à fond, va jusqu’au bout ! L’argent, c’est secondaire. Ça… ça te passe au travers. »
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« J’sais pas, parfois j’ai l’impression de pas avoir accès à mes propres émotions. C’est comme si j’étais bloqué à l’extérieur de moi-même. Tu sais, la porte est fermée et je peux uniquement regarder par le trou de la serrure. Je n’aperçois que des bribes, mais je peux pas les assembler… »
Alice Guy est considérée comme la première réalisatrice de l'histoire du cinéma, et s'est acharnée à rétablir son nom un peu oublié voire effacé. Elle était  également scénariste, productrice et directrice de studios. Elle se raconte dans La Fée-cinéma, autobiographie d'une pionnière. Un écrit qui a mis du temps à être publié une première fois en 1976 et qui a été réédité par Gallimard avec les commentaires de Claire Clouzot (déjà présents dans l'édition de 76 et légèrement complétés ici) ainsi que plusieurs préfaces qui éclairent le trajet de cette réalisatrice impressionnante et facétieuse qui voulait simplement "faire du cinéma".