Drôle et piquant, Le Tatouage mais avec humour, anthologie éditée par Fluide Glacial, met à l’œuvre une pléiade d’auteurs de renom tels que Boucq, Margerin et Zidrou, qui s’amusent à explorer avec esprit le tatouage, forme d’art propice à une liberté créative débridée.
Visuels, le tatouage et la bande dessinée ont toujours flirté, en ce sens qu’ils ont longtemps évolué en marge des arts traditionnels. Cet album collectif consolide cette fraternité artistique avec un esprit espiègle. Les premières pages déroulent une brève histoire du tatouage, un périple allant des aborigènes aux bikers, en passant par les marins et les conservatismes petits-bourgeois. Le livre ose même imaginer le pape rêvant de tatouer la chapelle Sixtine sur sa peau, sans prendre la mesure que son corps frêle ne permet qu’un insert insignifiant. Ces récits, et cela constituera la règle, sont ponctués de clins d’œil humoristiques, tissant un récit souvent mâtiné d’absurde.
Le Tatouage mais avec humour se distingue par une série de caricatures et de situations décalées. On y retrouve des tatouages mal placés, des erreurs hilarantes et des remplacements improbables de prénoms. Des planches variées, oscillant entre noir et blanc et couleurs vives, illustrent ces anecdotes avec une diversité visuelle frappante. À travers son humour, l’album touche parfois à une critique sociale subtile. Il questionne par exemple le tatouage en tant que symbole d’identité dans un monde où il devient banal, perdant de sa singularité.
Parmi les tatouages les plus insolites, on retrouve des listes de courses, un « No Future » inscrit sur le bras d’un malade condamné ou encore ces plans à la Prison Break. Ce n’est pas la seule référence à la culture populaire, puisque Star Wars, par exemple, se verra explicitement cité. Jeunes désireux de s’affirmer, vieux encore « dans le coup », motards plus sympas qu’il n’y paraît, devinette façon La Cité de la peur (ODIL_), l’album de Fluide Glacial comporte de nombreux gags et personnages permettant de porter un regard amusé sur cette pratique de plus en plus répandue (une personne sur cinq serait actuellement tatouée en France).
Le Tatouage mais avec humour fait la part belle à une imagination débordante et offre autant de situations cocasses qu’il n’y a de récits. Qu’ils se déploient sur une ou plusieurs planches, ou qu’ils se cantonnent à un dessin unique, ces derniers devraient trouver leur public parmi les amateurs d’humour et… de tatouages, prouvant une fois de plus que l’encre, qu’elle soit sur papier ou sur peau, est un puissant vecteur d’expression.
Le Tatouage mais avec humour, collectif
Fluide Glacial, janvier 2024, 64 pages