Cet automne, les éditions Sidonis Calysta nous proposent de revoir les deux premiers épisodes de la saga Un Justicier dans la ville, qui eut un énorme succès dans les années 70 et 80, avec Charles Bronson.
Un Justicier dans la ville : film incompris ?
Réalisé en 1974 par le cinéaste britannique Michael Winner, Un Justicier dans la ville est l’exemple du film mal compris qui mérite d’être réhabilité (les suites sont sans doute en grande partie responsable du malentendu autour du premier film).
Paul Kersey est un architecte new-yorkais. Un jour, quelques voyous (dont un est interprété par le jeune Jeff Goldblum qui tenait là son premier rôle) entrent chez lui et agressent sa femme et sa fille. Ne sachant comment réagir, et perturbé par le défaitisme d’une police qui avoue clairement que les voyous ne seront jamais retrouvés, Kersey fait un voyage dans un Ouest américain qui lui propose une solution : les armes à feu !
Le film se repose sur un constat toujours malheureusement d’actualité de nos jours : il y a une Amérique « civilisée » des grandes villes de Nouvelle Angleterre, mais derrière ce mince vernis de civilisation il est facile de retrouver l’Amérique sauvage des porteurs d’armes, le « Gun Country ». La fracture entre les deux aspects des Etats-Unis est difficilement conciliable, et c’est ce que va montrer le parcours de Paul Kersey.
Car Un Justicier dans la ville montre avant tout un parcours. Au début du film, Kersey est un pacifiste opposé aux armes à feu. Le film va se dérouler comme une descente aux enfers : Kersey plonge progressivement dans la folie destructrice, n’hésitant pas à se promener en pleine nuit dans les lieux glauques pour provoquer les agressions et pouvoir y répondre. Après avoir tué une première victime, il rentre chez lui profondément perturbé, malade de ce qu’il a fait. Puis le processus sera de plus en plus facile et supportable.
Avec intelligence, Michael Winner ne prend pas position face à son personnage : il se contente de montrer ce qui se passe. Le film n’est pas une approbation du phénomène des « vigilantes » (Winner affirmera sans cesse au fil des interview qu’il désapprouve l’usage de la violence) ni une critique. Il constate une fascination typiquement américaine pour les armes, présentées comme la solution à tous les problèmes (de fait, cette fascination s’exprimera librement dans les cinémas diffusant le film, où de nombreux spectateurs applaudiront les scènes où Bronson flingue les voyous). Cependant, il associe souvent la violence avec la maladie, le malaise ou la folie.
Winner évite aussi de sombrer dans le film de vengeance. Kersey ne poursuivra pas ceux qui ont agressé sa famille, et on ne les reverra jamais tout au long du film.
A noter, parmi les points forts du film, une musique signée par Herbie Hancock et un scénario de Wendell Mayes, qui s’était fait remarquer en écrivant le scénario d’Autopsie d’un meurtre, d’Otto Preminger.
Un Justicier dans la ville : bande annonce
Une suite opposée
D’un certain point de vue, la suite, réalisée huit ans plus tard, en pleine administration Reagan, est l’opposé du premier. D’abord, Un Justicier dans la ville 2 est un film de vengeance. Une autre bande de voyous (avec, cette fois-ci, Laurence Fishburne) s’attaque à la fille de Kersey et elle en meurt. Face à la passivité des autorités, l’architecte reprend les armes et poursuit les criminels.
Cette suite est beaucoup plus « premier degré » que le premier épisode de la série, et ne semble pas se poser de questions sur les actions de Kersey. De fait, le rythme est plus soutenu et plaira sans doute mieux à ceux qui cherchent un film d’action. Michael Winner accorde toujours une grande importance aux décors (ceux de Los Angeles cette fois-ci, qui n’a rien à envier à New-York sur le plan du glauque). Le cinéaste va à l’essentiel, impassibilité de Charles Bronson est un atout majeur. Enfin, il faut signaler que, cette fois-ci, la musique a été signée par Jimmy Page, le guitariste de Led Zeppelin.
Un Justicier dans la ville 2 : bande annonce
Compléments de programme
Niveau bonus, le DVD du premier film propose une présentation d’Un Justicier dans la ville par François Guérif, qui revient avec clarté et efficacité sur les différents personnages qui ont contribué au film (scénariste, casting…) et sur l’arrière-plan politique du long métrage. Puis nous avons un portrait de Charles Bronson réalisé pour la télévision américaine, avec des interviews d’amis d’enfance, mais aussi de James Coburn ou Michael Winner. Le documentaire d’une quarantaine de minutes montre bien l’importance qu’a eu Un Justicier dans la ville sur la carrière de Bronson, faisant de lui une star à un âge où beaucoup traversent un désert filmographique.
Enfin, le tout s’accompagne d’un livret de plus de 110 pages, supervisé par Marc Toullec, qui revient sur la saga des Justiciers, qu’ils soient interprétés par Charles Bronson, Kevin Bacon ou même le récent film avec Bruce Willis.
Le DVD du second film nous propose, quant à lui, un petit reportage d’époque sur le tournage du film, puis un documentaire de Rob Ager sur la réception critique du film. C’est, sans doute, le bonus le plus intéressant du lot (à l’exception du livret, bien évidemment). Ager, fan de ce Justicier dans la ville 2, montre comment le film s’est fait descendre par la critique à sa sortie, et l’écart qui sépare les critiques professionnels du public qui, lui, a fait du film un grand succès commercial. Il répond, à distance, à tous ceux qui ont attaqué le film en pointant sa violence. Le résultat est intéressant à défaut d’être toujours convaincant.
Un Justicier dans la ville : caractéristiques Blu-ray
Format de l’image : 16/9, 1.78
Son : DTS-HD Master Audio 2.0
Langues : anglais, français
Sous-titres français
Compléments de programme :
Présentation d’Un Justicier dans la Ville, par François Guérif (24 minutes)
Charles Bronson, un héros populaire (documentaire), 40 minutes
Livrets Des Justiciers dans la ville, 112 pages
Un Justicier dans la ville 2 : caractéristiques Blu-ray
Format de l’image : 16/9, 1.85
Son : DTS-HD Master Audio 2.0
Langues : anglais, français
Sous-titres français
Compléments de programme :
Sur le tournage d’Un Justicier dans la ville 2 (7 minutes)
Un Justicier dans la ville 2 : zéro tolérance, censure et autres critiques des films « Vigilante » (58 minutes)