Vingt ans après sa sortie en salles, Pathé nous offre la possibilité de revoir Fin août début septembre, très beau film d’Olivier Assayas, en une belle copie dont la restauration fut supervisée par le cinéaste lui-même.
Le titre du film est assez significatif. Fin août début septembre est un film sur la transition, le passage, la fin d’un état et le début d’un autre. Un peu comme chez Cassavetes, les personnages du film d’Assayas sont dans un entre-deux, encore rattachés à leur passé et pourtant tendus vers un avenir incertain.
Symboliquement, le film commence par une visite de logement. Gabriel (Mathieu Amalric) et son ex Jenny (Jeanne Balibar) essayent tant bien que mal de vendre leur appartement commun. Un nouveau départ pour les deux personnages en pleine séparation et qui leur permettrait de se refaire une santé financière, mais le passé refuse de se laisser liquider aussi facilement. Cet appartement, c’est un peu le symbole de cette page commune qui refuse de se tourner. Même si Gabriel sort désormais avec Anne (Virginie Ledoyen), il reste très proche de son ex. Le passé n’est pas parti, et on n’ose pas encore installer le futur : Gabriel refuse de faire logement commun avec Anne.
Fin août début septembre est peuplé de personnages qui ne savent pas choisir, à l’image de Jenny qui s’y prend à dix fois pour commander une boisson au bar. Des hésitations, des faux pas, des retours en arrière, de fausses certitudes… Assayas sait donner de la profondeur à ses personnages, en montrer les contradictions, les fêlures.
Car les quatre personnages principaux du film sont tous au bord d’un gouffre, chacun à son niveau. La santé, la vie privée, la vie professionnelle, la vie sociale, tout devient problématique pour des protagonistes émotionnellement fragilisés. Ainsi Adrien (François Cluzet), écrivain peu inspiré, est victime de sa santé fragile et sort avec une ado qui a moins de la moitié de son âge…
Le tout est filmé avec une grande subtilité : malgré la gravité de certaines situations, le film ne sombre jamais ni dans le mélo ni dans l’excès inverse d’une légèreté qui serait malvenue. Assayas trouve le ton juste pour parler de ses personnages avec à la fois distance et empathie, une certaine forme paradoxale de pudeur dans la mise à nu.
Le casting du film est formidable : outre les quatre interprètes principaux, nous retrouvons avec plaisir des seconds rôles tenus par Alex Descas, Mia Hansen-Løve ou Eric Elmosnino, entre autres. Chacun est d’une grande justesse. Dans un entretien, le réalisateur affirme que c’est la découverte de Mathieu Amalric dans les films de Desplechin qui a permis au projet d’aboutir : le fait est que l’acteur est, une fois de plus, absolument génial de naturel.
La construction du film est très rigoureuse sans pour autant être pesante. L’emploi d’une caméra 16 mm portée à l’épaule, comme dans Irma Vep, donne une vraie liberté de mouvement tout en permettant une plus grande proximité avec les acteurs. Fin août début septembre est un film simple et épuré, à la narration très elliptique (les différents chapitres pouvant être séparés de plusieurs mois). Les scènes, comme prises sur le vif (le réalisateur a fait appel à l’improvisation), tirent leur force de cette sobriété, ce jeu subtil sur la lumière et le grain de l’image. Selon les mots mêmes d’Assayas, il s’agissait de « capter les émotions des personnages dans la vie quotidienne ».
La restauration est une belle réussite qui sait conserver le grain si particulier du Super16 tout en jouant sur la lumière et les couleurs.
Côté compléments, le DVD nous offre trois entretiens.
Le plus court, d’époque et en anglais, permet à Olivier Assayas de présenter brièvement le film.
Dans le deuxième, plus long et réalisé pour les 20 ans du film, le réalisateur reprend les mêmes idées mais en parle plus longuement. Il revient sur le choix du Super16, les acteurs qui improvisent et les autres, la musique, etc.
Enfin, le troisième est un dialogue à bâtons rompus entre Assayas et Amalric qui reviennent, là aussi 20 ans après, sur le film et comment ils peuvent le percevoir avec le recul.
Infos techniques DVD :
DVD • 1.66 • Couleur • 107 min
LANGUES : Français 5.1/2.0
SOUS-TITRES : Anglais – Sourds et malentendants
Infos techniques Blu-ray :
BLU-RAY • 1.66 • Couleur • 111 min
LANGUES : Français 5.1/2.0
SOUS-TITRES : Anglais – Sourds et malentendants
Suppléments :
20 ans après : retrouvailles entre Olivier Assayas et Mathieu Amalric (41 min)
20 ans après : entretien avec Olivier Assayas (18 min)
« Afterthought » : interview d’Olivier Assayas réalisée par Sundance Channel (3 min)
Prix : 19.99€ TTC