En éditant Le Quatrième Homme (Kansas City Confidential), Rimini Edition nous permet de découvrir un film noir solide réalisé par Phil Karlson, avec John Payne et un jeune Lee Van Cleef.
Dès ses premières images, ce Quatrième homme s’inscrit dans la lignée du film noir. Le cadre urbain est filmé de façon hyper-réaliste. Dans le casse qui se prépare, les différents personnages sont présentés avec leur personnalité, leur caractère ; chacun a ses propres motivations pour accepter (de plus ou moins bon gré, d’ailleurs) cet étrange marché.
Il s’agit donc d’attaquer des convoyeurs de fonds et de leur prendre plus d’un million de dollars. L’originalité, ici, c’est qu’à part l’organisateur, aucun des participants au casse ne connaît les autres. Ils sont tous masqués et ne savent rien des autres (procédé qui inspirera le casse qui ouvrira L’Affaire Thomas Crown, de Norman Jewison, seize ans plus tard). Puis, une fois le vol accompli, ils se séparent et doivent se retrouver plus tard, dans un lieu qui leur sera communiqué en temps voulu, pour effectuer le partage du butin. Ce début de film est fulgurant : rythme, tension, violence brute et frontale, personnages que l’on pourrait qualifier de « badass » : en peu de temps, nous sommes plongés dans l’action.
Le Quatrième Homme prendra alors une autre tournure qui, au film noir, ajoutera une intrigue et une ambiance proche du western. Un livreur de fleurs sera accusé à tort d’être complice des voleurs et emprisonné. L’occasion pour Phil Karlson de mentionner, au travers d’ellipses très suggestives, les violences policières. Le cinéaste sait parfaitement bien faire monter la tension dramatique, en mettant son personnage principal dans une situation difficile.
Voyant sa vie ruinée par cette accusation, Joe Rolfe n’a plus qu’une idée en tête : retrouver les participants au casse. Commence alors une seconde partie qui relève plus du western : les adversaires se regardent en chiens de faïence, le spectateur sait qu’un duel final est inévitable, une fille se trouve au milieu (bien que sa présence ne soit pas franchement indispensable, mais il fallait une fille pour mettre en valeur le protagoniste). Le décor change complètement, mais la violence, filmée au plus près des personnages avec une impression de brutalité nettement affirmée, est toujours là.
Ce mélange entre film noir et western est une des belles réussites du film, et constitue une marque de fabrique d’un cinéaste qui a partagé son œuvre entre les deux genres.
L’ensemble donne un film atypique, film noir nerveux et tendu. L’interprétation est forte et convaincante. Nous sommes, certes, dans le cadre de la série B, avec ses moyens limités, mais Phil Karlson parvient à tirer le meilleur parti des situations qu’il crée.
Le Quatrième Homme est accompagné d’une présentation de l’œuvre de Phil Karlson par Jean-François Rauger et surtout d’un livret qui évoque aussi bien le cinéaste que les interprètes du film. Out ce qu’il faut pour donner envie de s’intéresser de plus près au cinéma de Phil Karlson, réalisateur trop méconnu mais recommandé par Scorsese et Tarantino…
Caractéristiques Blu-ray
Version originale anglaise DTS HD Master Audio sous-titrée en français
Format image : 4/3 format respecté 1.33
Qualité :Pal
Durée : 99 minutes
Suppléments :
Présentation de l’œuvre de Phil Karlson par Jean-François Rauger (11 minutes)
« Ces hommes qui avancent masqués » Livret 28 pages