Armes magiques, récits mythologiques et combats dynamiques : retour sur le deuxième double programme estampillé Shaw Brothers et édité en Blu-ray par Spectrum Films : Holy Flame of the Martial World et Demon of the Lute.
Synopsis – Holy Flame of the Martial World : l’arme ultime, la Flamme sacrée, sème le chaos : un jeune couple, qui refusait d’en révéler l’emplacement aux chefs des septs clans voués aux arts martiaux, est poursuivi et assassiné. Les enfants sont épargnés mais séparés : le garçon sera élevé par un maître qui l’a sauvé, tandis que la fille sera secrètement récupérée par l’une des chefs de clan. Le vieux maître promet ainsi une vengeance du fils lors d’un duel qui devra avoir lieu dix-huit ans plus tard… Alors que le duel approche, le garçon sauvé est devenu un guerrier et se retrouve envoyé en mission par son maître afin de trouver la Flamme sacrée pour ainsi parfaire sa formation et prendre sa revanche sur les meurtriers de ses parents.
Synopsis – Demon of the Lute : Un luth légendaire fabriqué à partir de nerfs de dinosaures refait surface et laisse le monde martial dans le chaos. Le seul moyen de détruire cette arme absolue est de retrouver l’arc et les trois flèches angéliques. Une guerrière, un vaillant jeune forgeron et d’autres personnages vont alors se lancer dans sa quête.
Double dose de Jiang hu
Ancrés dans le Jiang hu – univers parallèle à la Chine traditionnelle et régi par des clans voués aux arts martiaux -, Holy Flame of the Martial World et Demon of the Lute plongent le spectateur dans des cosmos où le Kung-fu et le Wu xia pian (film de sabreur chinois) s’épanouissent à travers des récits menés par l’escalade guerriero-magique. En effet, dans les deux longs métrages, des vilains cherchent à obtenir des objets magiques qui leur permettront de régner sur le monde des arts martiaux. Mais c’est sans compter sur nos héros réunis par le sort afin de se battre pour la justice.
Avec Holy Flame of the Martial World, son réalisateur Tony Liu propose, par rapport à ses Bastard Swordsman, un aménagement plus juste des scènes de combat dans le fil narratif. Certes, le spectateur n’aura pas le temps de franchement souffler. L’aventure, même dans ses moments de calme ou d’émotion, compte chaque seconde. Toutefois, le récit n’apparaît pas ici comme un prétexte. Au contraire, Holy Flame of the Martial World est une invitation, à la manière de Zu Warriors from the Magic Mountain (Tsui Hark, 1983), à vivre un récit de légende à la fois inspiré, intriguant et percutant.
Si les combats répondent au rendez-vous, on noterait presque que Tony Liu ne s’y est pas autant intéressé que sur ses Bastard Swordsman. On remarque, lors d’aériens déplacements tourbillonnants, des coupes trop franches, disruptives en termes de spatialisation. On comprend bien que ces plans permettent des transitions d’une situation à une autre, mais l’évidence de leur fonction pourra en perturber certains.
Bande-annonce – HOLY FLAME OF THE MARTIAL WORLD (Tony Liu, 1983)
Demon of the Lute propose aussi son lot de séquences de combat efficaces, tout en se concentrant davantage sur la construction par l’image de son univers pour un jeune public. Le réalisateur et par ailleurs chorégraphe, Tang Tak-cheung, a particulièrement œuvré à mettre en scène un conte moderne pour les enfants : un générique avec des bandes-dessinées et de la musique pop suivi d’un spectacle de marionnette ; un grand méchant badass face à une troupe de héros atypiques mais sympathiques rappelant nos rebelles de Star Wars ; des décors fantasmagoriques sentant bon l’esprit du conte, entre autres.
Ainsi, Demon of the Lute semble conscient, plus qu’Holy Flame of the Martial World et les Bastard Swordsman, de travailler dans le courant – trop souvent associé à Zu Warriors from the Magic Mountain – de films hong kongais fantaisistes post-Star Wars. Cette conscience a sans doute permis à l’équipe du film d’œuvrer à concevoir une aventure classique mais inspirée, qui résonne comme un appel spectatoriel à s’enivrer dans un récit manichéiste mêlant la légende chinoise, le mythe héroïque et la culture pop contemporaine.
Holy Flame of the Martial World & Demon of the Lute en Blu-ray
Holy Flame of the Martial World et Demon of the Lute sont à (re)découvrir dans une édition Blu-ray signée Spectrum Films, chacun étant pressé sur un disque dédié.
Le rendu visuel des films est hétérogène. Le premier semble avoir été éprouvé par des outils de dégrainage qui n’arrangent en rien l’aspect évanescent du film. La photographie vaporeuse du film alliée à l’utilisation de ces outils digitaux et à l’âge du master certainement ancien amèneront le spectateur à regarder des images floues, desquelles toute définition semble absente. Quant à Demon of the Lute, celui-ci s’en sort mieux avec un rendu HD ici perceptible, comprenant tout de même l’utilisation d’outils numériques pour renforcer les contours, mais qui ne devrait pas gâcher l’expérience. Les deux longs métrages sont convaincants en termes d’équilibre colorimétrique ainsi que de propreté et de stabilité, mais sont, comme souvent chez Spectrum Films, mal encodés en 1080i (format entrelacé) à la mauvaise cadence de 25 images par seconde.
Quant aux bandes sonores, elles sont plutôt efficaces malgré quelques dialogues qui semblent saturés ainsi que des musiques de génériques au rendu criard.
L’expérience des films est complétée par de multiples bonus. Toutefois, plusieurs d’entre eux peuvent aussi être découverts dans l’édition consacrée à Bastard Swordsman et sa suite (voir liste plus bas). Parmi les compléments pleinement dédiés à cette édition, on trouve notamment une présentation de chaque film par le formidable Arnaud Lanuque. L’habitué des galettes Spectrum Films contextualise les deux films et évoque la carrière des réalisateurs. Les spectateurs possédant l’édition des Bastard Swordsman (réalisés par Tony Liu, rappelons-le) auront quelques redites lors de la présentation d’Holy Flame of the Martial World. On trouve par ailleurs une interview inédite avec Candy Wen menée par Arnaud Lanuque ainsi qu’un ancien entretien avec l’acteur Chin Sio-ho géré par Frédéric Ambroisine, autre grand passeur des éditions de films hongkongais et plus largement asiatiques. La première, présente dans Holy Flame of the Martial dans un rôle tertiaire, revient sur le tournage sympathique avec Tony Liu, ses années à la Shaw Brothers et sa riche carrière télévisuelle. Le second, qui joue le jeune forgeron de Demon of the Lute, évoque ses premières années en tant, justement, que jeune premier ainsi que ses collaborations reconnues avec Jet Li.
Notons enfin la couverture réversible permettant d’alterner entre les jaquettes originales de chaque film, de la même façon que sur l’édition de Bastard Swordsman et Return of the Bastard Swordsman.
Bande-annonce – DEMON OF THE LUTE (Tang Tak-cheung, 1983)
CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES Blu-ray
2 BD-50 – 1080i – 25 fps – 2.35 – 16/9 – Cantonais DTS-HD Master Audio 2.0 – Sous-titres français optionnels – Hong Kong – 1983 – Durées : 85 mn & 101 mn
COMPLÉMENTS
Holy Flame of the Martial World
Présentation du film par Arnaud Lanuque (15 mn – 1080p HD)
Le déclin de la Shaw Brothers par Arnaud Lanuque – Partie 1 (10 min – 1080p HD) *
Nouvelle interview de Candy Wen par Arnaud Lanuque (19 min – 1080i)
Bande annonce 2021 du film (1m30 – 1080i upscalé)
Demon of the Lute
Présentation du film par Arnaud Lanuque (14 mn – 1080p HD)
Le déclin de la Shaw Brothers par Arnaud Lanuque – Partie 2 (15 mn – 1080p HD) *
Portrait de Mona Fong par Zoe Baxter (28 mn – 1080p HD) *
Entretien avec Cin Sio-ho par Frédéric Ambroisine (2003 – 20 mn – 1080i upscalé)
Bande annonce inédite d’époque du film (4 mn 40 – 1080p – sans sous-titres)
Bande annonce 2021 du film (1 min 20 – 1080i upscalé)
Sortie le 1er octobre 2021 – prix public indicatif : 30,00 €