Ici pas de rois, pas de reines, juste des bouts de Dickens qui ne comprendront jamais comment chaque cuvée de cinéma social a réussi à prouver qu'on a passé un demi-siècle à se faire bien plus de mal que de bien, pour par exemple ces tâches aussi vitales que de livrer à l'heure, le plus vite possible, des tas de conneries achetées sur Amazon.
La Part des anges sort en 2012 et repart avec un prix cannois, quatre ans avant la Palme d’Or pour Moi, Daniel Blake, beaucoup plus noir que ce petit bijou à la fois social et comique qui réunit des personnages déjantés, décalés. Un petit apéro tourbé dans la carrière du réalisateur britannique.
Nous continuons notre rétrospective Ken Loach avec Le Vent se lève, peut-être son œuvre la plus populaire, mais non moins difficile et dure à encaisser. Une déchirante ode à la liberté au prix de la fraternité.
Par ce retour à la sauvagerie la plus primitive, le propos annonce la couleur sans chercher à tergiverser. La scène d'exposition passée, les deux chasseurs deviennent des paumés, pathétiques et attendrissants, qui galèrent à tuer, découper et vendre une viande de mouton qu'ils bradent dans les bars et sur les parkings. On regarde la date. 1993. C'est ça, l'Angleterre ? Le grand marché, l'Europe, le ruissellement ?
Seize ans avant d'obtenir sa première Palme d'Or avec Le Vent se lève, Ken Loach nous livrait déjà sa vision du conflit en Ulster. Secret Défense (Hidden Agenda) est un thriller politique mais Loach reste fidèle à ses méthodes habituelles, insistant sur les conséquences humaines des décisions politiques. Un très bon film, avec Frances McDormand, Brian Cox et Brad Dourif.
Avec Bread and Roses, Ken Loach dépeint en transparence la situation précaire des ouvriers americains (manque d'assurance maladie, esclavage moderne, harcèlements... ) du point de vue d'une émmigrée mexicaine.
Ken Loach est l'un des plus éminents ambassadeurs du cinéma social britannique. Il remet en question les structures de pouvoir qui étouffent et avilissent les individus. Son œuvre s'appréhende avant tout comme un appel à la dignité de tous ceux, précaires et vulnérables, qui subissent la loi du marché, ou celle du plus fort.
Ken Loach est au milieu de son chemin lorsqu’il réalisa The Navigators. Le film bénéficie alors de son expérience passée, autant que d’une vigueur de vue qu’il semble avoir quelque peu perdue au soir de sa carrière. The Navigators est un film engagé, sans être révolutionnaire, qui donne à regarder et à voir les ravages du libéralisme économique au travers de la privatisation de British Rail.
Dans ses premiers films, Ken Loach s'intéresse plus particulièrement à la jeunesse britannique, souvent marginalisée au sein d'une société conservatrice. C'est ce conflit, cette pression de la "normalité", qui pèse sur Family Life, son 4ème film pour le cinéma, un de ses films les plus durs, avec une Sandy Ratcliff absolument exceptionnelle.
Avec Kes, son deuxième film pour le grand écran, Ken Loach oppose le vieux système éducatif britannique, insultant, brutal, stigmatisant, enfermant les élèves dans une catégorie sociale sans aucune chance d'en sortir, et une approche plus moderne, plus humaine.