Dans cette retrospective de Ken Loach, on se replonge dans les films moins connus du réalisateur. Loin d’etre son meilleur film , Bread and Roses s’affirme tout de même comme un témoignage féroce de la condition ouvrière précaire aux Etats Unis. On quitte le décor habituel du réalisateur british pour mieux se frotter à l’American Dream.
Utopie moderne d’une rêveuse
Maya (Pilar Padilla), jeune mexicaine, entre illégalement en territoire américain, dans l’espoir d’une vie meilleure. Sur place, le rêve se transforme vite en désillusion. Son passeur tente d’abuser d’elle mais elle parvient à s’enfuir pour rejoindre sa sœur, Rosa, vivant a Los Angeles. Grace a elle, Maya obtient un emploi de femme de ménage dans une grande firme. Elle y rencontre Sam, un jeune syndicaliste qui lutte pour les droits des employés de ménage, dont elle tombe amoureuse.
Sorti en 2000, son sujet reste pourtant d’actualité. Ce drame aborde de l’intérieur, les conditions de travail difficiles d’employés de ménage, pour la majorité des émigrés. Maya et ses collègues travaillent d’arrache-pied pour un salaire de misère, sans assurance maladies, et sous la pression dictatoriale d’un manager pervers de surcroît. Le personnage de Maya, débrouillarde et qui n’a pas froid aux yeux, refuse rapidement d’être traitée comme une esclave. C’est l’arrivée dans sa vie de Sam et sa soif de justice, qu’elle rejoindra activement la cause syndicaliste.
L’American Dream et sa désillusion
Comme souvent, Ken Loach dépeint en Maya ce personnage de héros/héroïne sacrificiel(le) qui se bat pour ses valeurs de justice au risque de perdre beaucoup – son innocence, un proche ou même la vie. Maya, elle semble n’avoir rien à perdre. Ce qui n’est pas le cas de sa sœur Rosa. Pour elle, il est plus difficile de se battre et trop douloureux de renoncer aux miettes dont elle se contente.
L’arrivée du personnage de Sam, tel un messie, ajoute la perspective à la fois naïve mais encourageante, que les choses peuvent changer. Ce rêveur anarchiste use du syndicalisme et croit fermement en la force ouvrière. Bread and Roses ne serait pas un véritable Ken Loach sans morale syndicaliste et mouvement social. Mais dans ses films, il n’est pas question non plus de happy end. Et pour réellement nous faire prendre conscience de la réalité, c’est un autre rêve américain qui s’achève après l’arrestation de Maya. Ayant cédé à la tentation criminelle pour obtenir de l’argent, elle est malheureusement renvoyée au Mexique.
Même si le film n’est pas à la hauteur de ses précédents chefs-d’œuvre, Bread and Roses reste un autre film de Ken Loach qui sait tirer parti du pire de la condition humaine pour devenir a la fois juste et provocateur.
Bread and Roses– Bande annonce
Bread and Roses – Fiche technique
Titre original : Bread and Roses
Réalisateur : Ken Loach
Scénario : Paul Laverty
Interprétation : Pilar Padilla (Maya), Adrien Brody (Sam Shapiro), Elpidia Carrillo (Rosa), Jack McGee (Bert), Monica Rivas (Simona)
Photographie : Barry Ackroyd
Montage : Jonathan Morris
Musique : George Fenton
Producteur : Rebecca O’Brien
Maisons de production : Parallax Pictures, ARTE, Alta Films
Distribution (France) : Mars Distribution
Durée : 1h50min
Genre : Drame
Date de sortie : 25 October 2000
Royaume-Uni | Etats-Unis | Espagne