Dans Eyes Wide Shut, la fête est un venin difficile à extraire. Une idée qui vampirise l’esprit quitte à faire basculer hors de la réalité. Un monde où l’onirisme et la frayeur ne font qu’un.
La bourgeoisie au cinéma
La bourgeoisie au cinéma
Cinéaste témoin de l'avilissement de la société occidentale, Michael Haneke n'a cessé d'écrire et de filmer la bourgeoisie sous un prisme familial. Au cœur de ses obsessions, il en scrute les moindres travers pour mieux nous exposer sa vision pessimiste de l'humain.
Ça s’embourgeoise sérieusement du côté des comédies françaises des années 2010, Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu (2014) en étant le point d’orgue. On campe sur ses positions fermement, c’est le grand repli sur soi, ses petites valeurs, mais il y aurait apparemment au-delà des Apparences (2020), un Grand partage (2015) possible ? Rien n’est moins sûr.
En 2013, Baz Luhrmann sortait en salles Gatsby le Magnifique. Film retentissant, le long-métrage de Luhrmann portait à l’écran l’un des plus grands romans de F. Scott Fitzgerald. Dissimulé derrière la figure flamboyante du mystérieux Gatsby, dit le Magnifique, le sujet du film éponyme est en fait les rapports entre classes, notamment la volonté désespérée d’être acceptée par la haute-bourgeoisie new-yorkaise.
Théorème est peut-être l’œuvre de Pier Paolo Pasolini abordant le plus frontalement la question de la bourgeoisie. Cible récurrente de ses saillies politiques, la bourgeoisie trouve ici, au même titre que la religion, un traitement social, anthropologique et poétique, par le moyen d’une grande parabole philosophique.
Chez James Cameron, ces bourgeois là ne font que se pavaner, sourire et chanter, sans jamais penser aux autres, même pas à eux : seulement à leur image. Dans un sens, la bourgeoisie est le seul groupe du film littéralement cinégénique, se mettant en scène dans un cadavre exquis dont elle ne peut pas avoir conscience.
The Servant est l’un des chefs-d’œuvre du cinéaste américain. Porté par un Dirk Bogarde au sommet de son art, le film est une charge sans pitié dirigée contre le système de classes britannique, un domestique pervers et sournois y vampirisant progressivement son maître emmuré dans des conceptions sociales obsolètes. Ce sujet brûlant pour l’époque, abordé à la manière d’un thriller subtil, associé à la mise en scène baroque et au noir et blanc sublime, font de The Servant un très grand film… qui n’a pas pris une ride.
Avec sa description féroce de la haute bourgeoisie française des années 50, ses dialogues signés Audiard et son casting quatre étoiles, Les Grandes familles, réalisé par Denys de la Patellière d'après le roman de Maurice Druon, trouve naturellement sa place dans un cycle consacré à la bourgeoisie.
Haute Pègre est tout à la fois : une prouesse technique, un récit à tiroirs, une vision satirique de la bourgeoisie, l'anti-héroïsme au frontispice.