Porté par la beauté solaire de Cécile de France et la fougue du jeune Félix Lefebvre, La Passagère, premier long-métrage de la réalisatrice Héloïse Pelloquet, raconte avec tendresse la naissance du désir entre Chiara, une femme mariée et Maxence, son jeune apprenti, dans un paysage marin dont la délicate sensualité est propice à la romance.
Pour ce premier long-métrage à la fois romanesque et naturaliste, Héloïse Pelloquet (Comme une grande, L’Âge des sirènes, Côté Cœur) offre à Cécile de France le rôle de Chiara, héroïne moderne et libre, femme d’une quarantaine d’années et épouse d’un travailleur de la mer, qui revendique son droit au plaisir en succombant au charme d’un jeune apprenti interprété par Félix Lefebvre (remarqué dans L’Heure de la sortie de Sébastien Marnier, puis Été 85 de François Ozon).
Réflexion sensible et plurielle sur l’adultère, l’obstacle au désir, la fusion de deux corps antinomiques, le bonheur.., La Passagère prend pour décor le petit port d’une île fictive près de Noirmoutier, sensuel reflet de l’état d’esprit de ses personnages bruts et authentiques, en quête d’un équilibre dans leur existence quelque peu désorientée.
Telle une étrangère, Chiara, femme belge à la fois bourrue et chaleureuse, rude mais épanouie, à laquelle Cécile de France prête sa beauté toujours solaire, est constamment confrontée au regard des autres, en particulier celui de la communauté de marins qui l’a accueillie à son arrivée en France. Anticonformiste, elle choisit en effet de bousculer sa destinée en tombant dans les bras de Maxence, jeune garçon plutôt réservé dont l’étonnante maturité va brusquement la fasciner. Lui, talentueux flûtiste pourtant sans grand avenir professionnel, est immédiatement troublé par son sourire éclatant, séduit par son regard brûlant de désir. Très vite — et c’est là sans doute la réussite du film –, l’apprentissage de la pêche se change en un véritable coup de foudre ; la délicatesse, la pureté et la musicalité de l’idylle naissante entrent en contrepoint avec la rudesse du métier alors que chaque geste, chaque moment d’intimité, chaque vibration, résonne comme le doux clapotis d’une vague intérieure.
Citant notamment l’émouvant Marie-Jo et ses deux amours de Robert Guédiguian, la réalisatrice saisit ici toute la beauté du climat sentimental qui irrigue la trame. Elle chorégraphie avec précision les prémices de l’élan amoureux ainsi que la gracieuse animalité qui se dégage de cette union passagère, de cette machine tanguant quelque part entre douceur, maladresse et brutalité, tout en magnifiant les visages et corps des acteurs.
Avec pour seuls effets le gros plan et la radieuse lumière de la Vendée capturée par le chef-opérateur Augustin Barbaroux (L’Ordre des médecins, Teddy) La Passagère laisse également la part belle à la mise en scène intime d’une sexualité féminine intense, renforçant d’une certaine manière la qualité presque documentaire du film. Un mélo incarné avec passion et humilité par Cécile de France.
Sévan Lesaffre
Rencontre avec l’équipe du film La Passagère d’Héloïse Pelloquet
Bande-annonce
Synopsis : Chiara vit sur une île de la côte atlantique, là où son mari Antoine a grandi. Ils forment un couple heureux et amoureux. Elle a appris le métier d’Antoine, la pêche, et travaille à ses côtés depuis vingt ans. L’arrivée de Maxence, un nouvel apprenti, va bousculer leur équilibre et les certitudes de Chiara…
La Passagère – Fiche technique
Réalisation : Héloïse Pelloquet
Scénario : Rémi Brachet
Avec : Cécile de France, Grégoire Monsaingeon, Félix Lefebvre, Jean-Pierre Couton, Imane Laurence…
Production : Mélissa Malinbaum
Photographie : Augustin Barbaroux
Montage : Clémence Diard
Décors : Anne-Sophie Delseries
Costumes : Caroline Spieth
Musique : Maxence Dussère
Distributeur : Bac Films
Durée : 1h35
Genre : Drame, Romance
Sortie : 14 décembre 2022