Mes Premières Fois (Never have I ever) ou comment donner un nouveau souffle au genre coming-of-age

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La production cinématographique qui utilise le lycée comme sujet principal est coutume, depuis au moins cinquante ans, pour aborder le passage à l’âge adulte. Carrie, Elle est trop bien, Clueless, Riverdale, Sabrina, Les Frères Scott, G.L.E.E, Gilmore Girls ou Buffy ont marqué plusieurs générations. Elles abordent en effet le passage à l’âge adulte et en révèlent la complexité par le rapport au corps, à l’avenir envisagé et à la place de l’amour.

Never Have I ever ou Mes premières fois est une série de trois saisons (peut-être bientôt quatre) produite par Mindy Kalin. Elle est de la même trempe que ses prédécesseurs, à la différence près que l’histoire se concentre sur une adolescence pas comme les autres.

Synopsis : Devi est une adolescente américano-indienne. Elle nait et grandit en Californie. La mort de son père l’impacte au point qu’elle en perd la capacité de marcher. Sa mère et elle n’entretiennent pas de rapports simples et le deuil reste à faire, en plus de la rentrée au collège. Devi ne rêve que d’une chose, être en couple avec un certain Paxton Hall-Yoshida.

Vu sous cet angle, l’histoire a tout de suite l’air plus intéressante. Ce ne sera pas l’histoire de simples déceptions, de simples histoires d’amour, de simples réussites, mais celle d’aborder ces thématiques dans une famille d’origine indienne vivant aux États-Unis, ce qui est un marqueur de différence notable. En effet, de là peuvent découler les questions identitaires, mais aussi culturelles qui ne rendront pas le rapport à ces victoires et à ces difficultés semblable.

En trois saisons, la série a, comme Sex Education, donné du relief à un personnage qui pouvait sembler être en une fois découvert. Mais tout comme celle-ci, il y a eu des « premières fois » et des dialogues profonds qui ont exhumé les racines de leurs blocages et de leurs insécurités.

Une famille Indienne sortant des préjugés

Le statut de veuve de Nalini, de fille unique de Devi, la vie sexuelle active de Kamala, la cousine venue d’Inde qui est étudiante en sciences, révèlent en effet une famille différente de la portraiture commune de la communauté indienne vivant dans les pays anglophones. Devi est fille d’une mère médecin, elle a du mal avec ses traditions indiennes et sa culture qu’elle ne connaît que très peu malgré le fait d’y avoir grandi, et contre toute attente, la vie sentimentale rocambolesque de Kamala montre une certaine modernité et un détachement de traditions auxquelles elle ne s’identifie pas. Cela lui prendra du temps de l’accepter, mais elle ne souhaite pas de mariage arrangé par exemple, alors qu’en Inde, c’est la norme de se rencontrer et de se marier de cette manière.

Le deuil

Devi cache un profond mal-être. Elle ne se livre pas facilement et préfère se terrer sous des occupations dites « superficielles » pour ne pas confronter le profond sentiment de tristesse qui entoure la perte de son père, de qui elle était la plus complice. La relation avec sa mère est en effet tendue. Les deux sont difficiles concernant l’expression de leurs émotions. Cette perte les a toutes les deux affectées et c’est progressivement qu’elles se lient par cette douleur commune. Les deux ont perdu l’ami, plus que le père ou le mari. Elles ont perdu quelqu’un qui validait leur différence et ce qui les faisait briller.

Vivre l’Amour différemment

Ce n’est peut-être pas autour de Devi que ce sujet est le plus intéressant, mais autour de Fabiola et Anissa. Les deux jeunes filles découvrent petit à petit des préférences qu’elles ne s’attendaient pas à avoir et s’engage autour d’elles un angle de normalisation et d’expérimentation qui n’est pas là pour qu’elles sortent du lot comme un produit marketing, mais comme l’infinité de possibilité dans la façon d’aimer.

Pour Devi, il sera en effet une histoire de plusieurs premières fois, segmentées entre une attirance réelle, la réalisation d’un rêve, ou même le challenge de la séduction. Les trois saisons de la série la montrent devenir une femme qui comprendra que le bonheur viendra d’elle-même, de l’intérieur, et non pas de ce qu’elle pourrait montrer aux autres de ses « réussites ».

Conclusion

Ainsi, si nous pouvions vous conseiller de regarder Mes premières fois, ce serait pour redécouvrir le genre « coming of age » et d’essayer d’aller plus loin que ce que le personnage de Devi présente à première vue. Contrairement à ses prédécesseurs du même genre, Mes premières fois aborde les mêmes thèmes universels dans une sphère culturelle inexplorée.

Fiche Technique:

Saisons: 3 (en cours)
Épisodes: 30 de 22 à 31 minutes
Producteurs: Mindy Kalin, Howard Klein, Lang Fisher
Scénario: Lang Fisher, Mindy Kalin, Ben Steiner, Amina Munir, Akshara Sekar, Erica Oyama, Sonia Kharkar, Asmita Paranjape
Réalisateurs: Kabir Akhtar, Kim Nguyen, Lang Fisher, Tristram Shapiro, Anu Valia, Lena Khan, Linda Mendoza, Claire Scanlon
Musique: Joseph Stephens
Casting: Maitreyi Ramakrishnan (Devi Vishwakumar), Poorna Jagannathan (Nalini Vishwakumar), Richa Moorjani (Kamala), Darren Barnett (Paxton Hall-Yoshida), Jaren Lewison (Ben Gross), Lee Rodriguez (Fabiola), Ramona Young (Eleanor Wong), Megan Suri (Anissa)

Sources: imdb, wikipedia

Crédit image: imdb