L’année dernière, sortie de nulle part, une comédie musicale extravagante était apparue sur nos écrans. Galavant était cette série étrange qui mélangeait récits de chevalerie, humour potache et numéros musicaux divers et variés.
Synopsis : Suite (et fin ?) des aventures du chevalier Galavant et du Roi Richard, parcourant les cinq royaumes dans le but de retrouver sa bien aimée pour le premier, sa couronne pour le second.
L’humour c’est plus marrant…En chantant !
Le genre de curiosité télévisuelle tellement rare que l’on se demande quels producteurs ont été assez fous pour croire en ce projet, aussi chouette soit-il. Contre toutes attentes, Galavant se payait même le luxe d’être réussie, franchement drôle, bien interprétée et d’une qualité musicale tout-à-fait honorable, avec des chansons souvent sympathiques, parfois formidables, servies par des textes hilarants. Le seul couac dans tout cela ? Le public n’a pas vraiment suivit le délire… Et on ne peut pas lui en vouloir. Difficile de cerner l’objet quand celui-ci ne semble jamais se fixer de but précis. Pas vraiment une série d’aventure, clairement pas un conte de fée, pas totalement parodique mais légèrement méta, des péripéties qui s’enchaînent mais un fil conducteur assez mince… A force de chercher l’originalité, la série a perdu son public qui aime bien savoir où il met les pieds. Pour remettre en perspective, les audiences étaient mauvaises pour ABC (un des grands network US affilié à Disney), si Galavant s’était retrouvée sur le câble ( par exemple la CW ou HBO), elles auraient été relativement correctes. Mais une étrangeté en amenant une autre, les pontes de la chaîne semblaient s’être pris d’affection pour cet objet télévisuel non identifié et, à la surprise générale, ont commandé une saison 2. Et c’est tant mieux, parce que la première nous laissait en suspens avec de multiples situations à résoudre et une envie d’en entendre plus. Nous retrouvons donc Galavant et le vil Richard en fuite, après la prise de pouvoirs de Madalena et Gareth. Sid l’écuyer est retenu en otage par ces derniers tandis que la princesse Isabella et le reste de la bande (le bouffon, les cuistots et les parents) se cachent dans le château du cousin Harry, âgé de 10 ans, et bien décidé à épouser sa cousine comme l’ordonne la tradition familiale.
Manifestement conscients de son annulation probable au terme de cette saison, les auteurs ont eu la bonne idée de ne pas se brider, ne se refusant aucun délire dans une tentative de sauvetage artistique de la dernière chance, quitte à frapper fort d’entrée de jeu. Dès le premier épisode, l’esprit est à la franche déconnade, la chanson phare de la première saison est traînée dans la boue (« C’est une chanson entraînante mais avez vous remarqué que trois pirates ont déjà sauté du bateau ? »), et les premières péripéties de nos héros annoncent la couleur : une forêt enchantée dont aucun homme ne revient est en fait un bar gay dirigé par une Kylie Minogue plutôt en forme, les devins font des prédictions à la cocotte en papier, les méchants se disputent sur la déco de la salle du trône, Richard s’est littéralement fait voler son château (en tout cas il n’est plus là) etc. C’est absurde, souvent drôle, toujours très bien interprété, truffé d’idées géniales (« la forêt des coïncidences » pour faire avancer l’intrigue, le « D’Dew », Tad Cooper) avec toutefois un seul bémol : Les chansons, autrefois très entraînantes, paraissent anecdotiques, moins surprenantes là où celles de la première saison restaient en têtes pendant des semaines. Si les références aux grands succès du musical sont évidentes (West Side Story, Mary Poppins, Grease, Dirty Dancing…), on regrette parfois le manque d’originalité mélodique de ces numéros chantés.
Mais malgré cet accroc, difficile de ne pas rêver que la série ait mieux cernée son public car, au delà de sa forme atypique, Galavant rattrape ses lourdeurs méta (les références « obligatoires » à Games of Thrones un peu faciles) par l’écriture subtile de ses personnages principaux. Héros ou félons, on s’attache à tout le monde, jusqu’à souhaiter un happy end général. Thimothy Odmusson, révélation de la première saison, se taille ici la part du lion avec son interprétation de Richard au caractère fantasque et efféminé (il ne ferait pas tâche dans un film des Monty Python, lui et son « dragon » Tad Cooper), mais on prend également un plaisir fou à suivre l’évolution de la relation amour/haine entre Gareth et Madalena, l’émancipation d’Isabella ou encore la prise de pouvoirs progressive de Wormwood le nouvel antagoniste, adepte de la magie noire et organisateur méticuleux de mariage à ses heures perdues. Dommage que la série s’obstine à multiplier les invités de luxe sous employés pour attirer une audience qui semble déjà partie ailleurs (Kylie Minogue bien sur, mais aussi Nick Frost, Hugh Bonneville, Eddie Marsan…) au lieu de développer véritablement une intrigue solide. Galavant reste néanmoins une curiosité rafraîchissante que l’on ne reverra probablement pas sur ABC, les fameux producteurs de la chaîne défendant bec et ongles l’originalité des programmes ayant été récemment poussés vers la sortie. Reste un final qui ne manque certainement pas de panache !
Galavant: Fiche Technique
Titre original : Galavant
Genre : Comédie, Musical, Fantasy
Créateur(s): Dan Fogelman
Production : Dan Fogelman, Alan Menken, Glenn Slater, Chris Koch
Pays d’origine : États-Unis
Date : 2015
Chaîne d’origine : ABC
Épisodes : 18 (2 saisons)
Durée : 30 minutes
Statu : en cours (?)
Avec : Joshua Sasse, Mallory Jansen, Karen David, Timothy Omundson, Vinnie Jones…