Critique Doctor Who Saison 8 – Flatline
Synopsis : Clara se retrouve séparée du Docteur et découvre une menace venant d’une autre dimension. Mais que faire quand même les murs n’offrent aucune protection ?
Un nouveau regard…
Tout commence avec une chouette anamorphose, un petit jeu de perspective sympa, une image qui apparaît au regard en fonction de l’endroit (ou la manière) dont on la regarde. Dans ce cas précis, c’est un homme terrorisé par une force invisible qui disparaît, laissant une marque étrange sur le mur. Un subtil mouvement de caméra dans un angle inhabituel, nous révélera alors que cette trace est en fait son corps enfermé, au visage déformé par une expression de terreur pure. Les enjeux sont rapidement posés, il s’agira de faire un peu peur et de jouer avec les dimensions. Et c’est tant mieux parce que ça nous manquait les intrigues alambiquées et irrationnelles (A part Listen quelque temps avant).
Nous retrouvons donc le docteur et Clara après leur courte brouille de la semaine dernière. Elle a finalement décidé de rester avec son super copain pour vivre de nouvelles aventures, youpi ! Mais voilà le TARDIS plante sévère et ses dimensions extérieures se réduisent. Clara sort pour enquêter, tandis que le docteur reste coincé à l’intérieur, ne pouvant plus que passer sa main au travers de la porte. Devenant ainsi un docteur de poche. Une idée lumineuse propice à nombre de situations comiques et décalées. Clara devra alors agir à sa place, tandis qu’il tentera de comprendre ce qu’il se passe. Devenue alors Docteur par intérim (équipée du papier psychique et du tournevis), elle découvre avec l’aide d’un jeune tagueur, que la ville de Bristol est marquée par de nombreuse disparitions inexpliquées et l’apparition de mystérieuses fresques sur les murs.
La réduction de la taille du TARDIS était déjà une bonne idée, celle d’un antagoniste n’évoluant que sur deux dimensions est carrément brillante. Créant une tension soutenue de bout en bout et un suspense par anamorphose (fallait y penser). Prouvant également qu’il n’est pas forcément nécessaire d’en mettre plein la vue avec des effets spéciaux tape à l’œil pour impressionner et qu’un subtil mouvement de caméra sera toujours plus efficace que n’importe quel effet de sursaut artificiel. On pourrait même pousser l’analyse plus loin : des entités inconnues qui cherchent le secret de la troisième dimension pour conquérir le monde. Pourquoi ne pas faire l’analogie avec le cinéma américain (et peut être bientôt la télévision), qui dépense des millions dans ces nouvelles technologies de l’image en relief afin de faire monter le prix du ticket. Doctor Who est un pur produit de la télévision, et la 3D commerciale au détriment de l’intégrité et de l’identité des auteurs (les assaillants sont des corps sans âmes), il n’en veut pas chez lui. Dans le même ordre d’idée, le seigneur du temps ne n’apprécie pas vraiment d’être trimbalé dans un sac, pour être observé dans un format qui ne lui sied guère, comme on sortirait son portable pour regarder une série dans le métro. Peut être est-ce de la sur-interprétation, mais pourquoi pas après tout…
On en attendait pas autant de la part de Jamie Matheson qui avait signé le dispensable Mummy on the Orient Express de la semaine précédente. On reprochera tout de même quelques errance avec le retour de la formule du survival, encore et toujours un groupe de survivant qui se feront bouffer un à un, et la présence d’un personnage cynique détestable et obtus, pas forcément utile pour l’intrigue, juste là pour nous faire dire que quand même dans la vie, il y a des gens pas très sympas, incarné par Christopher Fairbank (Alien 3, Les gardiens de la galaxie), plutôt en forme pour le coup.
Clara endossant le costume du docteur (métaphoriquement) donne également de l’intérêt à cet épisode, on pourra alors regretter que son ami reste toujours présent grâce à une oreillette. Encore une occasion manquée de laisser un autre personnage exprimer tout son potentiel. Cela apparaît toutefois comme une manière déguisée d’adresser un message aux fans les plus retors : oui le docteur pourrait être une femme. Certains espèrent encore à chaque régénération un changement de sexe… Peut être, est-ce une façon de mettre l’idée en avant un instant pour la laisser germer dans notre cerveau et rendre la chose plus acceptable dans le futur, car il faut bien admettre que chez les seigneurs du temps, la parité n’est pas vraiment à l’ordre du jour. Romana date quand même du quatrième docteur et River Song n’avait que quelques caractéristiques de cette race alien… On attend toujours des nouvelles de la fille du Dixième d’ailleurs… Ou peut être pas. En tout cas, l’idée d’un docteur au féminin est assez plaisante, en espérant qu’elle fera son chemin dans les temps à venir.
En revanche chez les méchants, la présence féminine semble s’être démocratisée. Cette année c’est la mystérieuse Missy qui endosse le rôle. Une sorte de Mary Poppins version dark, qui suit avec attentions les aventures de nos deux héros. Nous la retrouvons à la fin de cet épisode, armée d’un…Ipad. Il est assez inquiétant de retrouver ce genre d’artefact entre les mains d’un personnage qui devrait se trouver dans une autre dimension (manifestement l’au delà). Pourquoi ? Parce que cela signifierait que les auteurs/réalisateurs/accessoiristes n’ont plus d’idée pour impressionner visuellement le chaland. Où est passé l’époque des machines merveilleuses, des inventions impossibles qui donnait justement à la science fiction son cachet si particulier ? La technologie aurait-elle dépassée la fiction ? Au point que toute les œuvres à venir se transforment en pub géante pour Apple ? Il y aurait eu des milliards de façons de signifier qu’elle suit à la trace Clara et le docteur. C’est soit par flemme, soit par manque d’inspiration, mais il est difficile de croire que l’un des conseiller artistique de la série ait décrété que ce serait une idée originale. Ou alors, Missy est une fan qui regarde les épisodes de la série sur son Ipad (on en revient au refus du Docteur d’être utilisé comme un portable de luxe) et intervient occasionnellement dessus; l’au delà serait en fait l’extérieur de la série et on fonce tout droit vers une fin complètement méta… mais non, ça doit juste être une maladresse.
Allez assez de questions bizarres pour aujourd’hui, l’épisode est bon, c’est l’essentiel. Et la semaine prochaine, le pull magique fait son retour…
Fiche Technique : Doctor Who
Titre original : Doctor Who
Genre : Aventure, Science fiction
Créateur(s):Steven Moffat (depuis 2008)
Pays d’origine : Royaume-unis
Date : 2005
Chaîne d’origine : BBC
Épisodes : Beaucoup…
Durée : 50 minutes
Statu : en cours
Avec : Peter Capaldi, Jenna Louise Coleman…