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Mon père et moi - Robert De Niro |Copyright Leonine

Mon père et moi : Voir De Niro se fourvoyer pour payer ses impôts…

Non ce n’est malheureusement pas une blague. Le grand Robert de Niro persévère dans sa dernière partie de carrière à officier dans les comédies douteuses de seconde zone, comme cette pitrerie datée et ce n’est pas joli à voir tant c’est raté, rarement drôle et à la limite du gênant.

Depuis Mafia Blues il y a vingt-cinq ans et surtout Mon beau-père et moi, tous deux excellents, le comédien tourne dans des films prestigieux pour ensuite se vautrer régulièrement dans des comédies interchangeables beaucoup moins pertinentes dont l’humour lourd et l’aspect daté nous font nous interroger sur la pertinence de ses choix. Une ou deux tâches du genre dans une filmographie cela passe mais là on peut dire que ça commence à faire beaucoup. Et ce Mon père et moi n’est ni pire ni meilleur que les autres : il est juste mauvais, raté, périmé et à oublier.

A noter quand même que, grâce à la folle inventivité (rires) des distributeurs, la traduction des titres français et leur côté purement mercantile vaut son pesant de cacahuètes. On a eu droit à Mon beau-père et moi donc puis Mon beau-père, mes parents et moi et Mon beau-père et nous, ses suites de moins en moins engageantes. Viennent ensuite les navets Mon grand-père et moi et ce Mon père et moi auxquels on peut rajouter l’immonde Dirty Papy. Quelle originalité ! Comme après le succès de Sexe intentions en 1999 (traduction opportuniste de Cruel Intentions), on ne comptait plus les films avec le mot « sexe » dans le titre, le succès de la première incursion de De Niro dans ce type de comédies potaches tendance familiale a donc fait des émules et le comédien en est le principal représentant.

Passons sur ces considérations marketing pour dire qu’il n’y justement pas grand-chose à dire de ce nouvel ersatz qui sera aussi vite oublié qu’il a été vu. C’est paresseux au possible, ce côté choc des cultures et des classes sociales en mode comique a déjà été vu et revu dans des dizaines d’autres films. Mais en bien mieux ! Les situations comiques le sont rarement, la faute à un tempo humoristique proche du néant et les acteurs sont tous en total excès de jeu. On a l’impression de regarder un film tourné il y a vingt ans tant humour et quiproquos sont dépassés.

Notons également que la mise en scène de l’inconnue Laura Terruso est totalement absente. Il n’y a aucun effort, ne serait-ce que celui d’offrir l’embryon d’au moins un plan un peu recherché ou tentant de sortir du purement illustratif. Les plans fixes et les champs contrechamps s’enchaînent mécaniquement et sans aucune espèce d’envie de cinéma. On se croirait devant un vieil épisode de sitcom télé des années 90.

Le comble c’est donc que Mon père et moi se positionne comme une comédie mais qu’il n’est jamais drôle. Si on rit une fois et sourit trois fois c’est beau. On voit venir les gags à des kilomètres, les dialogues sont pour la plupart vides et sans intérêt et l’humour est parfois tellement lourd et dépassé (le gag du paon, celui de la partie de tennis, …) que cela en devient gênant. On hésite entre ennui poli et l’agacement de voir que l’on peut encore produire une telle chose de nos jours. C’est l’exemple même de la mauvaise comédie américaine lambda qui prend le public pour des idiots et comme acquis.

Il n’y a qu’à voir l’écriture des personnages. Hormis un prologue plutôt sympathique retraçant les origines italiennes du protagoniste principal avec un humour bien senti (peut-être le meilleur moment du film !), la manière dont sont caractérisés tous les personnages est affolante de bêtise et de je-m’en-foutisme. Des clichés sur pattes réduits à deux ou trois traits de caractère dessinés à très gros traits. Et comme ils sont mal dirigés ils jouent tous mal ou en font des tonnes, appuyant de manière tout aussi gênante sur ces quelques grossières indications d’un scénario qui ne devait pas être bien épais. Il n’y a qu’à voir les beaux-frères, ridicules à tous niveaux, pour se rendre compte de la pauvreté des rôles.

La bonne nouvelle est que Mon père et moi a le mérite (la présence d’esprit ?) d’être court. Au contraire de pas mal de comédies américaines qui se ratent en abusant sur la durée et les longueurs. Le supplice ou l’ennui en sont donc réduits à leur strict minimum même si on a hâte qu’elle se termine, atterré par la bêtise ambiante de cette mauvaise plaisanterie. Quant à l’acteur principal, issu du stand-up et voulant faire un hommage aux immigrants italiens, il aurait dû rester sur scène et laisser le septième art de côté. Car ici on est vraiment dans du cinéma bas de gamme qu’on croirait tout droit ressuscité du siècle précédent.

Bande-annonce : Mon père et moi

Fiche technique : Mon père et moi

Titre original : About My Father
Réalisatrice : Laura Terruso.
Casting : Sebastian Maniscalco, Robert De Niro, Kim Catrall
Scénaristes : Sebastian Maniscalco et Austin Earl.
Production : Lionsgate.
Distribution France : Metropolitan Filmexport.
En salle le 31 mai 2023 / 1h 36min / Comédie

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1.5