Si l’Italie est une terre riche en culture et en diversité, force est de reconnaître que, lorsque l’on pense à nos voisins transalpins, on pense souvent à trois choses : les pâtes, la pizza (et donc la pâte à pizza) et la mafia. Si les films centrés sur les spécialités culinaires ritales se font rares, ce que l’on ne peut que regretter, ceux ayant pour objet la Cosa Nostra et ses diverses branches sont multiples. Les Âmes Noires fait partie de cette branche, basant son histoire sur la région de la Calabre, tristement célèbre pour son passé criminel.
Une région à la beauté sauvage, superbement mise en images par le directeur de la photographie Vladan Radovic. Les décors hostiles ont une place à part dans l’intrigue du film, comme un témoin silencieux de cette famille qui se déchire dans ses luttes pour conserver le pouvoir. Les ruines d’Africo, le village Calabrais au centre de toutes les attentions, sont un pan de l’Italie rarement montré sur grand écran, une erreur rattrapée ici de la plus belle des manières. D’autant que, si les extérieurs ont bien sûr leur importance, l’intégralité du film pourrait se vivre comme un huis-clos dans la demeure familiale, dont chaque pièce et chaque couloir possède sa propre atmosphère et finit par devenir familier au spectateur.
Car, contrairement à d’autres films du genre, la grande Histoire de la mafia se vit ici de l’intérieur, à travers la vie d’une famille, associée de longue date au contrôle de la région. Ce sera donc à travers les membres de cette fratrie, et dans leur relation aux autres, que l’on verra se dérouler ce conflit qui aura des répercussions sur chacun d’entre eux. Sans être d’une folle originalité, le scénario est très bien écrit, dosant parfaitement chacun de ses personnages et montrant leurs travers et leurs forces en quelques scènes. Tout le passé de la famille est condensé dans ces cent minutes, et on sent le poids des responsabilités peser sur les épaules de l’aîné de la fratrie. Une belle prouesse que l’on doit à un casting impeccable, en particulier Fabrizio Ferracane, dont c’est le premier rôle au cinéma.
Ce drame familial, dont les ramifications dépassent de loin le cadre du clan, se déguste comme une tragédie grecque à l’ancienne. Tous les éléments sont réunis, dans un théâtre grandiose qui ajoute à la majesté du scénario. Loin de l’image glamour du Parrain, plus proche d’un Soprano sans aller aussi loin dans la névrose, Les Âmes Noires donne à voir une autre image de la mafia. Indispensable pour tous les amateurs de polars nerveux et bien écrits.
Les Âmes Noires : Bande-annonce
Synopsis : Luigi et Rocco, fils d’un berger proche de la ’Ndrangheta, la mafia calabraise, sont dans le trafic international de drogue. Luciano, le troisième frère, est berger comme son défunt père assassiné par une famille rivale. Il s’occupe des terres familiales et a décidé de rester à l’écart des activités de ses frères. Malgré ses efforts pour protéger ses proches de cet héritage de violences et de rancoeurs, son fils Léo est attiré par ce monde où la loi du sang et le sentiment de vengeance sont maîtres.
Fiche Technique Les Âmes Noires
Italie, France-2014
Drame
Réalisateur : Francesco Munzi
Scénariste : Francesco Munzi, Fabrizio Ruggirello, Maurizio Braucci, d’après le roman de Gioacchino Criaco
Distribution : Marco Leonardi (Luigi), Peppino Mazzotta (Rocco), Fabrizio Ferracane (Luciano), Giuseppe Fumo (Leo), Barbora Bobulova (Valeria), Anna Ferruzzo (Antonia)
Producteurs : Luigi Musini, Olivia Musini
Directeur de la photographie : Vladan Radovic
Compositeur : Giuliano Taviani
Monteur : Cristiano Travaglioli
Production : Cinemaundici, Babe Films
Distributeur : Bellissima Films
Auteur : Mikael Yung