Jimmy’s Hall, un film de Ken Loach : Critique

Jimmys-Hall-ken-loach-film-critique

Jimmy’s Hall : Un portrait historique d’un engagement politique

Ken Loach, reprend ici un thème qui lui est cher, celui de l’Irlande et son indépendance. Après le magnifique chef d’œuvre Le Vent se lève (Palme d’or 2006), c’est avec une vision plus légère et frivole, grâce au côté musical, que Jimmy’s Hall dépeint le combat de ces Irlandais pour la liberté.

Le combat pour la liberté sur fond de musique irlandaise

De manière documentaire, Jimmy’s Hall installe son décor dans la campagne irlandaise, verdoyante et brumeuse ; une image belle et lisse de plaines et paysages typiques. Cet arrière-plan brumeux est représentatif d’un pays en post-guerre civile, encore divisé et meurtri. Premier biopic sur la vie de ce militant peu connu, Jimmy Gralton, personnage remis en lumière, de manière touchante et romancé.

Barry Ward, gueule d’ange au petit accent de Dublin, est irréprochable et porte aussi bien le personnage que la parole révolutionnaire. Un caractère chaleureux et jovial. Loin de représenter le stéréotype de l’engagé morne, il fait du personnage ce passionné politique prêt à tous les sacrifices pour affirmer ses libertés, permettant au film de ne pas s’appesantir dans le drame, de garder ce côté léger sans faire de l’ombre au sérieux du discours.

Un discours politique contre l’oppression catholique

Très engagé, le fond du film dévoile cette guerre cachée entre deux générations, d’un côté les mœurs de l’Eglise catholique oppressive et de l’autre, les opinions progressistes et communistes apportés par Jimmy. Le discours gagne en intérêt politique dans les moments de débats sur la liberté entre Jimmy et ces jeunes.

C’est une vision d’une réalité sociale et d’une lutte pour la liberté, certes profonde en émotions mais qui malheureusement perd le spectateur dans ses moments de flashbacks répétitifs. Nous expliquant le tragique de son départ en pleine guerre, ces scènes coupent et perturbent le récit. Le rythme déjà assez linéaire est aussi ralenti par des scènes de romances, visant à trop nous attendrir.

La musique apporte la nouveauté et l’espoir

Tout au long, nos oreilles sont bercées par les chants et danses irlandaises réunissant la communauté lors des soirées dansantes. Le cabaret, devient le théâtre de partage et de convivialité, comme exutoire et espoir que le changement est possible. De même, le ton et les couleurs du film s’adoucissent aux premières apparitions du Jazz ; cette musique sensuelle et peu orthodoxe est un divertissement salvateur qui apaise le sentiment de rébellion qui sommeille en chacun. Au centre de l’image, le spectateur contemple cette nouvelle génération qui n’a pas connu la guerre et qui a avant tout soif de vie et de liberté.

Annonçant lors du dernier festival de Cannes, que Jimmy’s Hall était peut être son dernier long métrage, Ken Loach ne brode pas ici de nouveau portrait avec ce film certes intéressant, mais pas réellement passionnant, ne faisant que réaffirmer son engagement dans sa remise en question du passé, pour contribuer à un avenir meilleur.

Synopsis : 1932, dix ans après la guerre civile qui a dévasté l’Irlande, Jimmy Gralton, communiste Irlandais, revient sur sa terre patrie après avoir exilé aux Etats Unis. Les jeunes du village le sollicitent à rouvrir une salle de fête. Mais ce lieu, où ils peuvent librement débattre, danser et s’amuser, est vu d’un mauvais œil par la communauté bourgeoise et religieuse du patelin. 

Jimmy’s Hall : Bande-annonce

Jimmy’s Hall : Fiche Technique

Réalisateur : Ken Loach
Scénaristes : Paul Laverty, Donal O’Connel
Interprétation : Barry Ward (James Gralton), Simone Kirby (OOnagh), Andrew Scott (Père Seamus), Jim Norton (Père Sheridan), Aisling Franciosi (Marie), Brian O’Byrne (O’Keefe), Francis Magee (Mossy)
Montage : Jonathan Morris
Musique : George Fenton
Producteurs : Rebecca O’Brien
Genre : Biopic, Drame
Durée : 109 minutes
Date de sortie : 2 juillet 2014

Grande-Bretagne – 2014